Une solution contre les impayés ?

Par Marie Servagnat

Le phénomène est tellement inquiétant que même Le Point s’en fait l’écho. Le nombre de fraudes à la carte bancaire sur Internet explose depuis quelques mois, et notamment en ce mois d’août. Evidemment je n’ai pas été épargnée sur le site, et j’ai eu quelques impayés et j’ai même dû fermé les livraisons à l’étranger. Le système d’assurance FIA-Net devrait être mis en place d’ici la fin de la semaine et devrait limiter la casse. Mais le fond du problème est l’attitude complètement désinvolte des banques. En effet pour chaque paiement, elles valident la transaction et informent le commerçant que c’est OK, suite à quoi le commerçant envoie la marchandise. Jusque-là tout va bien. Sauf que plusieurs semaines après la vente, le paiement peut-être annulé si la carte bancaire a été utilisée frauduleusement, en clair si le numéro de CB a été volé et utilisé par une autre personne que le porteur de la carte. Et dans ce cas, il ne reste au commerçant que ses yeux pour pleurer, puisque l’argent repart illico du compte bancaire. Alors évidemment, il est toujours possible de porter plainte, mais si l’arnaque vient de l’étranger il ne faut pas espérer grand chose et même en France, il est bien rare que la police s’intéresse de très près à votre réclamation. Dans l’histoire la banque nie toute responsabilité bien que ce soit elle qui est donné le feu vert pour la transaction au commerçant et qui, bien entendu, a prélevé au passage une petite commission. Je sais que certains sites comme Pixmania ou Alapage demande systématiquement une copie de la carte d’identité pour se protéger, mais le système a ses limites puisqu’il est contraignant pour les clients, et ne garantie finalement pas grand-chose puisque j’ai moi-même utilisé ce système et on m’a envoyé des scans de carte d’identité falsifiée et pourtant plus vraie que nature.

Si il semble qu’il existe des solutions à l’étranger, voir le blog d’Olivier, pour le moment en France, rien de valable. Et dans le genre PayPal, ne fait pas mieux que les autres, au contraire. Le cœur du problème tient au fait que dans une transaction sur Internet le client ne tape pas son code personnel, ce qui permettrait de l’identifier et de s’assurer qu’il est bien l’auteur de l’achat, comme dans une boutique classique. Pourtant il existerait une solution qui permettrait de valider sans souci les achats avec CB : le téléphone portable. Il suffirait que lorsque l’on souscrit à sa carte bancaire auprès de son banquier, celui prenne votre numéro de téléphone portable et l’associe à la CB. Lors d’une commande sur Internet, le client entrerait les mêmes informations que d’habitude (numéro de carte, date de validité et les 3 chiffres au dos de la carte). Le serveur sécurisé de la banque irait comme avant vérifier que la carte n’est pas volée, que le compte est approvisionné, mais demanderait aussi l’envoie d’un SMS vers le numéro de téléphone lié à la carte. Le client recevrait donc un petit message lui indiquant qu’il vient de faire un achat de tel montant dans tel boutique, et l’inviterai à confirmer ou non cette commande en répondant au SMS (éventuellement pas l’envoi d’un code personnel). Ainsi le porteur de la carte est identifié et la transaction ne peut être annulée. Question sécurité cette solution semble fiable puisqu’on utilise deux canaux de communication différents (Internet et le téléphone mobile) pour faire passer les infos.

- Et si on change de numéro de portable allez-vous me dire. Et bien il suffit d’en informer sa banque.

- Et si j’ai pas de portable ? et bien les deux systèmes, l’actuel et ce “nouveau” système peuvent cohabiter non ?

- Et si je me fait voler mon portable et ma CB ? le code personnel est là pour ça.

- Oui mais si je me fais braquer et qu’on me demande de faire mon code ? Déjà c’est pas de bol, et le mieux c’est d’obtempérer, pas d’héroïsme inutile.

J’ai parlé de cette idée à quelques spécialiste, dont Roland Moreno (l’inventeur de la carte à puce), qui m’ont clairement découragé pour une seule et unique raison : les banques sont trop frileuses et sauf à y passer sa vie, je n’arriverai jamais à me faire entendre. Ce que je veux bien croire, mais qui est tout de même affligeant, puisque moi, clairement en tant que commerçant, je suis prête à payer une commission plus importante à ma banque si elle me garantit le paiement. Pas vous ?