I Love You, Alice B. Toklas! de Hy Averback

Par Mespetitesvues

I Love You, Alice B. Toklas!. Sous ce titre intriguant - qui fait référence à l'écrivaine Alice B. Toklas, dont le livre de cuisine paru en 1954 contenait une recette de brownies au cannabis - se cache une attachante comédie romantique se moquant avec tendresse des hippies et de la contreculture américaine de la fin des années 1960. On y retrouve un Peter Sellers au mieux de sa forme, ici dans un rôle très proche à celui qu'il incarne dans The Party.

Sellers est Harold Fine, est avocat à Los Angeles. Il a 35 ans, et jouit d'une situation plus que privilégiée. Mais, sous ses allures proprettes, c'est un type en marge, un peu gauche, qui ne se reconnaît pas dans le monde dans lequel il évolue. Il va très prochainement épouser sa gentille et réservée secrétaire ( Joyce Van Patten), à la grande satisfaction de ses parents ( Jo Van Fleet et Herb Edelman). Tout bascule lorsqu'il fait la connaissance de la Flower-Power-Queen Nancy (incarnée par la ravissante Leigh Taylor-Young, elle aussi à ses débuts en cinéma). Généreux, il offre à la jolie sans abri de venir coucher dans son salon. Le lendemain matin, pour le remercier, elle lui prépare une belle fournée de brownies au pot avant de quitter l'appartement. Le soir venu, Harold sert ces succulents petits carrés de chocolat à ses parents et à sa fiancée. L'effet est abrupt et immédiat. Harold décide de tout quitter pour vivre avec Nancy. Il renonce à son mariage, se retire de la société et s'installe à l'arrière de sa voiture avec sa dulcinée.

Produit par la Warner en 1967, sorti à l'automne de l'année suivante, et réalisé par Hy Averback, I Love You, Alice B. Toklas! n'a pas eu que des bonnes critiques à sa sortie et reste encore généralement peu prisé par les cinéphiles. Je crois néanmoins qu'il mérite le détour et qu'il restera quand même dans l'histoire, ne serait-ce que pour son illustration d'une époque charnière révolue ; plusieurs scènes ayant été tournées dans les communautés hippies de Los Angeles. Certes, la représentation est plutôt stéréotypée, mais l'esprit de liberté qui animait la jeunesse américaine est bien palpable. Se ficher de la rectitude, éviter de perdre son âme dans la morosité et la normalité, essayer de donner un vrai sens à sa vie, ou, à tout le moins, ne jamais cesser de chercher, sont les motivations de cet trentenaire de bonne famille qui sent bien qu'il y a " quelque chose de merveilleux quelque part ". Aussi modeste soit-il, le film est donc un témoin de son temps qui incite, encore aujourd'hui, à se questionner sur sa place dans le monde.

I Love You, Alice B. Toklas! (très joliment intitulé Le baiser papillon en version française) restera également dans les annales comme l'une des belles prestations de Sellers, qui, selon plusieurs, fut absolument insupportable pendant le tournage, se comportant comme une diva excentrique et bourrée de caprices.

On retiendra enfin que ce film marque les débuts au cinéma de Paul Mazursky, producteur exécutif et coscénariste avec son comparse Larry Tucker. L'année suivante, ils donneront naissance au plus connu Bob & Carol & Ted & Alice, autre critique virulente de la rectitude et du conformisme.

Disponible sur de nombreuses plateformes, dont Google Play, Apple TV, Amazon Prime Video, iTunes.