Je n’avais pas lu La Théorie des nuages.
On en a beaucoup parlé, de façon unanimement élogieuse. On a bien fait.
Ce livre est incroyable. L’érudition y fait alliance avec l’imagination, pour que les histoires croisent l’Histoire et la bâtissent, sans jamais s’y perdre, c’est magistral. Magistral, passionnant, étonnant. Tout y est sobrement décrit, pourtant. Pas d’effet de style, pas d’accumulation de détails, aucun atermoiement sur aucun état d’âme. Une construction implacable, en revanche, doublée d’un merveilleux talent de conteur, et sans aucun doute d’une conviction têtue à dire ce qui est dit là. La dictature des sciences, lentement détournées à des fins destructrices, la simplicité infinie des corps qui désirent, la puissance des éléments qui continuent à prolonger le monde, l’héréditaire capacité à ne sauver qu’un nom, l’idiotie boursouflée de quelques apparences sociales, la densité vertigineuse d’une lettre écrite en confiance.
Il ne faut rien dévoiler, je ne dévoilerai rien ; mais lisez-le, offrez-le, vous verrez !
Stéphane Audeguy est professeur d’histoire du cinéma et des arts, il vit à paris, La Théorie des nuages était son premier roman. Il a depuis publié Fils unique, toujours chez Gallimard, en 2006.