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La Sonate oubliée

Publié le 10 septembre 2024 par Adtraviata
Sonate oubliée

Quatrième de couverture :

À 17 ans, Lionella, d’origine italienne, ne vit que pour le violoncelle, ce qui la distingue des autres adolescents de Seraing, la ville où elle habite en Belgique. Elle peine toutefois à trouver le morceau qui la démarquerait au prochain grand concours Arpèges. Jusqu’au jour où son meilleur ami lui apporte un coffret en métal, déniché dans une brocante. Lionella y découvre un journal intime, une médaille coupée et… une partition pour violoncelle qui ressemble étrangement à une sonate de Vivaldi. Elle plonge alors dans le destin d’Ada, jeune orpheline du XVIIIe siècle, pensionnaire de l’Ospedale della Pietà, à Venise, dans lequel « le prêtre roux », Antonio Vivaldi, enseignait la musique à des âmes dévouées.

Une petite escapade musicale à la fin des vacances m’a amenée à lire ce titre qui traînait depuis longtemps dans ma PAL.

On suit donc le destin de deux jeunes filles, l’une, Lionella, d’origine italienne, qui vit à Seraing, une ville de sidérurgie qui veut redonner vie à des quartiers ouvriers délabrés et l’autre, Ada, une jeune fille orpheline, abandonnée par sa mère à la naissance, qui vit à l’Ospedale della Pietà à Venise et trouve une certaine joie de vivre dans la musique (elle joue du violoncelle) et l’enseignement du maestro Antonio Vivaldi, le « prêtre roux ». C’est un coffret trouvé aux puces et offert à Lionella par son ami Kevin qui fait le lien entre les deux jeunes filles : la boîte contient en effet un journal intime et une partition qui pourrait bien une oeuvre de Vivaldi. A Venise au 18è siècle, les hospices qui recueillaient les orphelines étaient des lieux d’éducation musicale, généralement de haut niveau – du moins pour les filles douées – et permettaient à celles-ci de s’épanouir dans la pratique du chant ou d’un instrument. Elles étaient cependant recluses dans ces couvents et ne pouvaient les quitter que si elles trouvaient à se marier ou à l’âge de quarante ans, âge où on considérait qu’elles avaient remboursé leur dette à l’institution charitable.

Lionella, qui doit participer à un concours important, décide de jouer la mystérieuse sonate et découvre l’histoire d’Ada, jeune fille trop naïve qui n’a jamais pu se frotter à la vraie vie, en dehors de murs de l’Ospedale. Une connexion se noue par delà les siècles entre les deux jeunes filles. Au fil du roman, on comprend aussi le lien entre la Sérénissime et la Principauté de Liège.

Ce « truc » narratif n’est pas nouveau mais ça se laisse lire gentiment. Si on connaît un peu Venise, la balade est d’autant plus agréable. J’ai surtout été intéressée par la vie de ces jeunes orphelines, par l’évocation de Vivaldi et par le suspense autour de la découverte d’une oeuvre inédite. Bon, c’est à la fois léger et appliqué (on sent la volonté de l’autrice de donner le maximum d’informations sur la musique, sur Vivaldi, sur Venise…) mais ça passe.

« Jamais auparavant on n’avait songé à faire de la musique comme on peint un tableau, en suggérant un frémissement de volupté, d’envoûtement et d’épicurisme. On y retrouve une sensualité illustrée par des effleurements, des ivresses et des égarements vers les délices de la virtuosité. Les Saisons sont un livre du temps plein d’émois, une peinture des sentiments. En les interprétant, je sentais confusément qu’elles étaient l’oeuvre d’un libertin plutôt que d’un prêtre. »

« L’époque du carnaval ouvrait la saison des opéras et des comédies, et tout Venise attendait les nouveautés avec impatience. L’abbé Antonio Vivaldi était moins disponible pour nous durant ces périodes car il était chargé des opéras. Occupé à diriger les meilleurs interprètes qui se produisaient devant un public exigeant, il courait sans cesse du theâtre Sant’Angelo à la Pietà. Il nous parlait parfois du jeune Carlo Farinelli, réputé pour l’étendue prodigieuse de sa voix, allant du registre d’alto à celui de soprano, ainsi que pour sa technique virtuose, servie par un souffle exceptionnel. Il rivalisait déjà avec le grand castrat Antonio Bernacchi. »

Christiana MOREAU, La Sonate oubliée, Préludes, Librairie générale française, 2017


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