Ce journaliste des plus sympathiques de Mauritanie marque une étape (pas sans son thé bien sûr) au cours de ses nombreux voyages pour écrire sur un sujet qui en vaut la peine. Pour ceux qui n’ont pas eu la possibilité de le lire dans son journal Eveil Hebdo, c’est l’occasion.
Éditorial
Après les élections transparentes qui se sont déroulées en mars 2007dans notre pays, la Mauritanie était devenue une référence citée dans le monde Arabe et en Afrique. Depuis le 6 Août, les militaires ont renversé le Président démocratiquement élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi et son gouvernement. Ce coup de force sans effusion de sang et inattendu est la pire des atteintes à la démocratie. Et la communauté internationale a vite pris ses distances, en condamnant et brandissant à la volée, des menaces contre un pays qui avait déjà commencé, il est vrai, au bout de trois mois d’une crise politique profonde, à basculer dans l’instabilité.
Instabilité, c’est dans ce terme qu’il faudra peut-être comprendre une certaine maladresse qui ressemble plutôt à de la faiblesse ayant émaillé le pouvoir de SIDIOCA : trois PM en une année, dont deux à la tête d’un même gouvernement, celui de Yayha Ould Waghf, lequel a fini d’ailleurs beaucoup à faire oublier son prédécesseur ZZ et cristalliser tous les mécontentements ! Cependant, rien, absolument rien, ne justifie la résolution des désaccords politiques par une entrée en scène des militaires. Peut-on un seul instant imaginer que la crise que connaît la Belgique depuis deux ans soit résolue par l’intrusion des militaires ? Difficile à imaginer ! L’on peut juste rétorquer que cette nation est Européenne et a également une longue tradition démocratique derrière elle. Plus prés de nous, en Afrique, la nation Arc-en-ciel de Madiba est depuis plusieurs mois en pleine effervescence politique. Thabo M’Beki a été même battu à plate couture au sein de la direction de L’ANC. Pour qui connaît l’Afrique du Sud, il ne viendra jamais à l’idée des militaires de trancher les conflits politiques par un coup de force. La force ne prime pas sur le droit…
Ce coup d’État qui nous ramène vingt ans en arrière était simplement inutile. Le mal est fait certes, mais rien n’est encore perdu pour nos généraux pour sauver la démocratie. Il suffira seulement de troquer leurs intérêts personnels contre la légalité constitutionnelle et le respect des choix du peuple mauritanien. C’est à ce geste d’abnégation fort qu’un climat serein pourrait enfin s’instaurer dans notre pays et favoriser en retour les conditions pour une large concertation entre toutes les forces vives politiques du pays en vue de la préservation des acquis fondamentaux de cette démocratie arrachée, il y a trois ans de cela, à un régime dictatorial. Car cette préservation est le seul gage de consolidation de l’unité nationale en marche et de l’intégrité de la fonction présidentielle !
Mamoudou sy EVEIL HEBDO