Paris, Cité des Arts, février 2008
Journaliste, poétesse, critique littéraire, traductrice et romancière argentine, Alicia Dujovne Ortiz a aussi publié des documents, des portraits de villes et des livres pour enfants. La question de l'insaisissable être-Argentin est encore une fois posée avec autant de destins inachevés que d'histoires : c'est là le propre de cet homme Argentin, d'être ainsi, dit-elle, un cousin du Juif errant.
Alicia Dujovne Ortiz
envoyé par Alexandre de Nunez
Alicia Dujovne Ortiz
envoyé par Alexandre de Nunez
De Kichinev à Buenos Aires, en passant par Moscou, Santiago ou La Paz, l'écrivaine Alicia Dujovne Ortiz nous convie à un formidable voyage de la Vieille Europe au continent latino-américain, mais aussi dans l'histoire du communisme. Elle retrace ici la biographie de son père, Carlos Dujovne, membre fondateur du Parti communiste argentin en 1918, puis agent du Komintern en Amérique latine. Souhaitant confronter aux lieux et aux faits le récit familial fondateur, Alicia Dujovne est partie sur les traces du « camarade Carlos » à travers une enquête qui l'a conduite du village ukrainien de ses grands-parents, décimé par les nazis, aux archives secrètes de Moscou puis en Uruguay et en Argentine.
Né en Argentine en 1903 de parents juifs bessara-biens ayant fui les pogroms, Carlos part étudier à Moscou, vivant en direct le dilemme de la succession de Lénine. Envoyé par le Komintern à Montevideo pour y diriger le Bureau sud-américain de l'Internationale syndicale rouge, il participe à l'organisation des nouveaux partis communistes du Pérou, de la Bolivie et du Chili. Incarcéré de 1943 à 1945 dans un bagne de Patagonie, il peut pleinement réfléchir aux crimes du stalinisme, à l'antisémitisme soviétique et aux erreurs du PC argentin. À sa sortie, il renonce au Parti et s'enferme dans la solitude.
En reconstituant la vie passionnante de Carlos, Alicia Dujovne Ortiz apporte un regard neuf sur une face méconnue et essentielle de l'histoire du communisme international. Le voyage de la narratrice, souvent plein d'humour pour en atténuer l'émotion, est aussi la tentative d'une fille pour dépasser le mutisme de son père et saisir sa propre identité.
Garibaldi vit en Amérique du Sud depuis qu'il a été condamné à mort en Italie pour avoir participé à la révolution de Mazzini. Au Brésil, il s'engage dans une autre révolution. Et rencontre Anita... Elle risquera sa vie pour lui et pour la cause. Ce roman épique raconte l'amour et l'aventure, à travers le regard aimant d'une métisse porté sur un Européen courageux et rêveur.
« Bien qu'elle ne sache pas de quelle terre est issu Garibaldi, elle connaît la mer et cela lui suffit : les yeux viennent de là. »
« Un roman qui sent le cuir, la sueur, l'odeur de la poudre, où l'on respire le vent de la pampa, l'étrangeté des passions amoureuses et la ferveur des idéaux inaccessibles. » Le Nouvel Observateur
Dora Maar, Henriette Théodora Markovitch de son vrai nom, est née à Paris en 1907 d'un père croate, architecte, et d'une mère française, catholique fervente. Après une enfance austère passée à Buenos Aires, elle revient à vingt ans dans sa ville natale et s'y impose comme photographe surréaliste. Muse de Man Ray, compagne du cinéaste Louis Chavance puis de Georges Bataille, elle ne tarde pas à faire sien un cercle esthétique qui révolutionne le monde de l'art de l'entre-deux-guerres. Intellectuelle torturée, artiste à la conscience politique extrême, elle deviendra « la femme qui pleure », amante de Picasso livrée aux exigences du génie, que leur rupture rendra folle, cloîtrée dans un mysticisme solitaire jusqu'à sa mort, en 1997. Ses portraits peints par Picasso seront alors vendus aux enchères, et son héritage âprement disputé puisque Dora choisit de tout léguer à l'Église.
De Cocteau à Lacan, c'est toute une époque que dépeint Alicia Dujovne Ortiz. Au détour d'une enquête psychologique passionnante, elle fait défiler dans ces pages une pléiade d'artistes d'avant-garde et de grands esprits, et dresse le portrait d'une femme-image toujours mystérieuse, à laquelle la critique contemporaine attribue enfin le rôle qui lui revient.
« Johnny était assis dans un train minable. Un train bondé de gens minables avec des chariots de supermarché pleins à craquer d'objets minables : une roue de vélo rouillée, un oreiller où tous les chats de la terre semblaient avoir pissé, des boîtes de conserve écrasées, et des cartons. Des cartons de toutes les tailles, de toutes les couleurs, de toutes les formes.
Johnny et ses amis étaient pliés de rire. Leur malheur leur semblait le comble de la plaisanterie... »
Enfant illégitime, comme ses sœurs et son frère, Eva Duarte est née en 1919, dans un village de la plaine argentine. A peine adolescente, aspirant au destin d'une héroïne glorieuse, elle part pour Buenos Aires dans l'espoir de s'imposer en tant qu'actrice. Mais, comédienne médiocre, tant au théâtre qu'au cinéma, il lui faudra plusieurs années de lutte pour devenir une vedette populaire de ces feuilletons radiophoniques si prisés, à l'époque, dans le pays.
C'est alors qu'elle rencontre Perón, et qu'elle décide de consacrer toutes ses forces à l'ascension politique du futur dictateur : au rêve des « sunlights » se substitue l'ambition de passer à l'Histoire comme la Providence incarnée pour ces millions de déshérités auxquels elle s'est vouée avec amour et qui seront inconsolables après sa mort.
Jusqu'à présent, la figure d'Eva Perón a hésité entre le mythe et la légende, entre la sainteté et le despotisme. Cette biographie, grâce aux révélations d'archives jusqu'alors secrètes, éclaire bien des zones d'ombre, parmi lesquelles les rapports entretenus par le péronisme avec le nazisme. Au-delà, c'est tout le personnage d'Evita qui nous est révélé dans toute sa complexité, sans concession aucune mais non plus sans parti pris, avec un rythme et une vitalité qui sont ceux du roman sud-américain.