Nancy : La guerre aux bières fortes, nouvelle frontière de l’ordre public ?
Une mesure pour redessiner le quotidien.
À Nancy, la bataille pour l'ordre public prend un tournant singulier : l'interdiction de la vente des bières fortement dosées en alcool.
Le maire, Mathieu Klein, évoque une expérimentation sur « plusieurs mois » pour mesurer l'effet d'une telle restriction.
L’idée est simple, presque naïve : stopper la vente des canettes les plus abordables dans les supérettes du centre-ville, pour voir si cela calme les ardeurs alcoolisées qui troublent la tranquillité locale.
Un acte de foi dans une ville où la consommation d'alcool reste l'un des derniers refuges d'une certaine détresse sociale.
Vers un contrôle social masqué ?
Cette interdiction ne serait qu'une partie du plan. Elle viendrait avec une « prise en charge sanitaire et sociale » des personnes les plus touchées par ces addictions. On parle de « Haltes soins addictions », des lieux d'accueil dédiés à ceux que l'on ne sait plus où mettre, à ceux dont la présence dérange le regard aseptisé que l’on veut offrir de la ville.
Un local est déjà prêt à ouvrir, un espace de transition avant l’ouverture de ce qu’on pourrait presque appeler une « salle de shoot », mais pour les buveurs de bière bon marché.
Ni interdiction de mendicité, ni répit pour la précarité
Le maire se défend de toute intention d’instaurer un arrêté anti-mendicité. Ce n’est pas ici que la lutte se jouera. Plutôt que de chasser les corps errants, Nancy veut les encadrer, les canaliser.
Une équipe de médiation est en cours de formation, prête à s’élancer fin novembre pour aller vers cette population d’errants, de ceux que l'on croise sans jamais voir, que l'on fuit sans jamais entendre.
Une intervention douce, presque bienveillante, mais au fond n'est-ce pas une nouvelle forme de contrôle social, une main de fer dans un gant de velours ?