A l’âge où l’on ne peut plus rester 24 heures enfermé dans une chambre avec une femme on s’intéresse aux activités de plein air. Ainsi, très tôt, j’ai commencé à randonner en montagne. Sans les fameux bâtons de marche puisque mon cerveau ne possédait pas assez de connexions pour coordonner bras et jambes. Parmi les pros je passais pour un dilettante. Bras ballants ou mains dans les poches, lège de bagages, je croisais ou dépassais des montagnard aguerris et haletants. Chapeaux à large bords, sacs à dos imposants et bâtons scandant impitoyablement les sols à des tempos militaires formaient le gros des troupes.
Impressionné, j’allais basculer grégairement vers ce côté mystérieux des vacances punitives quand un indigène de la table d’à côté pesta contre « ces béquillards venu massacrer les sols de Belle île en mer équipés comme pour un treck en Himalaya » In petto je formai l’image maintes fois aperçue aux jardins du Luxembourg des-pas-encore-arthritiques traînant derrière eux les fameux bâtons bien inutiles s’ils ne sont pas énergiquement et habilement manipulés.
Mon sac respectait la règle des 10% de mon poids et pour rester dans la limite des 6 kilos il m’avait fallu faire de grosses concessions au confort et à la bouffe.
Première rando: LE Vignemale dans les Pyrénées depuis Gavarnie « à l’âge où je ne passais plus 24 heures enfermé dans une chambre » avec la femme de ma vie, elle m’offrit pour mes cinquante piges un superbe sac à dos. Un tendre message, subliminal et laconique, pour dire: « Casse-toi! ».
On peut disserter à l’envie sur la tendresse antalgique et autres pensées poétiques.
On peut! Mais on perdrait du temps.
Dés que tu bandes de travers, c’est le début des emmerdes: la soupe n’est plus servie à l’heure et les chemises ne sont plus repassées.
Si la baraque est encore en chantier et plus enchantée, il est temps d’aller marcher.
Un heure au début ne suffiront pas pour comprendre le sens de la vie. CompostElle, GR 34, 340, GR 70, GR 20 plusieurs jours et plusieurs années plus tard, de Wrong Way en illusions perdues, de déviation en Works in progress, d’impasses où s’empilent les questions en murs infranchissables tagués de réponses mystérieuses, j’ te la fais courte:
De sens, il n’y a pas!
Bien sûr, il y a des leurres: sens obligatoires; sens interdits; sens uniques; sens giratoires, on se fourvoie, on tourne en rond, on se cogne et on se blesse.
Autant d’eshes à mordre à pleine bouche dans les torrents de la colère, les lacs du repos, les eaux stagnantes de la paresse, la houle iodée de la réussite avec ses creux et ses crêtes, j’ai mordu à tous les hameçons.
De pechs en combes, de serres en valats «The answer, my friend, is blowing in the wind! » Robert Zimmerman
J’en parlai avec un arbre l’autre jour, un bouleau un peuplier alors que d’habitude ils sont bien droits. La forêt humait le champignon, perdu, épuisé, affamé, halluciné, l’arbre m’a dit à l’instant de la cueillette sous une fougère « Tous les champignons sont comestibles, certains un seule fois» Coluche
Alors…
… avec la sagesse de Bob Dylan et l’humour de Coluche…
… je suis rentré à Paris
![Randonnées autres agitations domestiques milieu hostile](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_QAKSksstkuSY_nJzSzQQT5yJBcmaO-Cx5RsfaLLmaJg9Ox65GgdQZCBwjRg9O9D2uEJF8XphbI2xeMAHyUxPdtJTHsUGh45h8OO0CFqAYn6YtxcJvbRhnat0KNnbj_exbKK6G4ktqhysatmfMkKjJHhjUh9zikC49HpByOqERWhgK9scPfnQrYw1pxEc/w400-h180/20240904_090654.jpg)