À Bénifontaine, l’augmentation de la taxe foncière : une autre illusion de la modernité
Une hausse vertigineuse et brutale.
Bénifontaine, un petit village paisible du Pas-de-Calais, vit ces jours-ci un moment de stupéfaction collective. À l’arrivée des avis de taxe foncière, les habitants, déjà engourdis par la routine d’une existence en déclin, se réveillent avec la sensation d’une claque.
Plus de 50 % d’augmentation. Pour Béatrice qui témoigne sur Francebleu, la page est encore ouverte sur son écran d'ordinateur : "Somme à payer, 1 515 euros." Trois ans plus tôt, elle avait payé 900 euros.
Aujourd'hui, elle découvre que son monde, déjà bien réduit, est devenu encore plus étriqué.
Un village en colère
Les visages sont fermés, les sourires s’effacent. À la salle communale, là où les anciens tuent le temps en alignant des parties de belote, on parle de cette taxe comme d’un coup de poignard. "C'était beaucoup moins cher sur Bénifontaine qu'ailleurs," murmure Jacqueline, comme si elle venait de perdre une bataille qu’elle n’a jamais voulu mener.
Marie, les cartes en main, fait ses comptes : "On payait 300 euros, maintenant c’est 450. On va se faire mensualiser, parce que ça fait beaucoup." Il y a dans ces mots une résignation presque douloureuse, une acceptation forcée des rouages absurdes d’un système.
Le poids des choix politiques
La mairie a bien tenté de prévenir en juin : la hausse est inévitable pour compenser la suppression d'une dotation de la communauté d'agglomération.
Gérard, lui, en a pour 200 euros de plus cette année. "C'est la surprise du chef !" dit-il avec une ironie amère. Même les taxes sur les ordures ménagères grimpent, alors que les services, eux, diminuent : "On ne ramasse plus les encombrants, ni les déchets verts."
Mais qui, à part Gérard et ses voisins, s'en inquiète vraiment ?
L’érosion d’une vie déjà précaire
Dans ces petites vies de province, l’augmentation de la taxe foncière n’est pas seulement une ligne de plus sur un avis d’imposition. C’est le symbole d’une société qui, incapable de maîtriser ses propres contradictions, impose son fardeau sur les épaules des derniers oubliés.
À Bénifontaine, le temps passe lentement, mais chaque année, les coûts montent. On se serre la ceinture, on apprend à vivre avec moins, et on finit par se demander si tout cela a encore un sens.
Sources : Francebleu