Certains se souviennent sûrement du titre électro-lounge "London in the rain", reprise de chanteuse Blossom Dearie. Variety Lab revient après cinq ans d'absenceavec Team up!, aux collaborations des plus variées, du vieux routier du rock aux jeunes aspirants, en passant par une nouvelle égérie de la chanson française. Thierry Bellia apprécie toujours le molletonné des canapés Costes, mais montre qu'il ne se refuse pas à l'exercice avec ce deuxième opus vitaminé. A lire avec un grand verre de jus d'orange.
Comment fonctionne Variety Lab ? Quelle est son histoire ?
Variety lab à commencé à exister début 2000, je me suis acheté un ordinateur et un sampler. À l'époque j'étais jaloux et agacé par les interviews d'artistes qui racontaient que leur principale influence était la soul, le jazz, le reggae roots (ou des styles encore plus coolos) car leurs parents ou leurs frères écoutaient ça à la maison quand ils étaient plus petits. Moi, mes parents écoutaient RTL grandes ondes et mes frères écoutaient les Cure. Je me suis donc dis que – comme eux – j'allais faire appel aux sons que j'avais entendus plus jeune. Et manque de bol, Rinôçérose(que j'adore), avaient déjà samplé des chansons de Seventeen Seconds. J'ai donc samplé du Nicoletta et des trucs de variété française des années 70. Je dois dire que, du coup, j'ai passé pas mal de temps à écouter des merdes en pensant que c'était mieux lorsque j'étais petit. Rapidement, j'ai tourné en rond à boucler des samples de trois secondes de Michel Fugain (période Big Bazar, je précise) et à mettre un kick derrière. C'est là que mes amis de toujours, Jérôme Didelot (Orwell) et Alexandre Longo (Cascadeur) mon aidé. Ce sont d'excellents musiciens, ils ont apporté le temps et leur talent au projet. Et puis un jour, Alex Mélis, un autre ami qui a aussi un blog pas piqué des hannetons m'a envoyé une compilation. Il y avait dessus l'original de "London in the rain" et des autres titres. J'ai un peu tout mélangé, Alex Longo a joué du wurlitzer et Jérôme de la basse. Un vendeur de la Fnac Nancy nous a conseillé de l'envoyer au label qui s'occupe des compilations Hôtel Costes. Nous l'avons fait et ils ont mis ce titre sur Hôtel Costes 4. Du coup, on a fait Providence dans la foulée. Là, j'ai pas mal frimé, vu que le morceau passait parfois dans les magasins de bricolage et les bars pourpro-lounge de Nancy et même de Metz.
Depuis la sortie du premier album à Team Up !, il s'est écoulé cinq ans. Que s'est-il passé entre temps ?
La sortie de notre premier album a créé une véritable onde de choc dans toute la scène éléctro de mon quartier. Ailleurs ce fut plus discret. J'ai démissionné de mon travail, nous sommes partis en tournée aux Etats-Unis avec Orwell et j'ai retiré la moquette grise de mon appartement au profit d'un parquet flottant « merisier ». Je me souviens avoir aussi beaucoup joué avec Alex et Jérôme. Nous avons enregistré les uns avec les autres et nous avons travaillé sur « la nuit des balançoires » un disque de Hugo. Avec Jérôme, nous sommes fans de ses chansons (depuis la formule et particulièrement la nacelle). Cela nous à pris pas mal de temps. J'ai failli faire une dépression à cause d'un morceau de Hugo qui s'appelle "je vais au Brésil". J'ai enregistré toutes les prises de piano chez Alex pendant une semaine, et le disque dur à crashé avant que je fasse des sauvetages. Malgré nos efforts, nous n'avons pas réussi à refaire les mêmes prises sur cette chanson. Et les reprises sont dans un disque qui s'est grillé lui-même, jeté dans une poubelle de chez grosbill informatique. J'ai aussi filmé des dames qui faisaient des recettes de cuisine pour gagner ma vie. Et voilà cinq ans.
Puis tout doucement je me suis remis à faire des démos
Providence, était à dominante electro-lounge, Team up ! sonne pop-rock, comment expliquer ce virage ? Tu en avais assez de trouver ton titre "London in the rain" sur toutes les compilations lounge ?
Non je n'en ai pas assez. C'est flatteur d'avoir un morceau repris. Mais il y avait aussi quelque chose de frustrant : ce morceau nous a coincé dans un style particulier sans que nous puissions vraiment en profiter. En général « les gens » pensent que c'est Stéphane Pompougnac qui joue. Il y en a d'autres qui doivent penser que c'est une serveuse de l'hôtel Costes qui fait le solo de piano. Bref après toutes ces mésaventures j'ai décidé de repartir dans une autre direction. Et en fait je suis parti dans plusieurs directions différentes. Car je ne savais pas trop ce que je voulais. J'ai donc fait des démos chez moi. J'ai acheté plein d'instruments « bizarres » : un stylophone, un omnichord, un ukulélé et un vieil orgue inventé par Mattel dans les années 70. Ces instruments m'ont bien amusé. J'ai envoyé les démos à Alex, Jerôme et David Bartholomé et tous les trois ont commencé à mettre leur grain de sel la dedans. C'est devenu le principe du groupe. Je faisais des démos et on ne gardait que celles qui enthousiasmaient tout le monde. David me proposait régulièrement des lignes de chants et il m'a beaucoup encouragé, engueulé, remué - un jour, il m'a écrit : « ton texte pue le vieux cul », j'ai encore le mail.
Il m'a forcé à aller au bout des choses. C'était, là aussi, très flatteur car je suis fan de son groupe (Sharko). Il a chanté sur beaucoup de maquettes et c'est lui qui m'a incité à chercher d'autres voix.
J'ai donc contacté pas mal de gens via leur MySpace ou cherché à droite à gauche.
Donovan, David Bartholomé (Sharko), Vincent Mougel (Kidsaredead) et Yael Naim, comment s'est opéré le choix des invités ? Comment as-tu préparé cet album ?
Pour David, nous l'avions rencontré à quelques reprises lors de concerts et c'est le premier à m'avoir dit oui. Il a beaucoup participé à l'écriture des chansons. Puis il m'a incité à contacter d'autres personnes pour l'interprétation. Et pour tous c'est un cas différent. Pour Yael Naim par exemple, j'avais ses démos chez moi depuis longtemps. Elle et David Donatien avaient en effet envoyé leur maquette à Ici d'ailleurs, notre label. Et Stéphane le boss du label me fait toujours écouter les démos qu'il adore. Là, il m'a dit : « elle est super cette fille vous devriez collaborer ». J'ai donc envoyé ma démo, elle a aimé le titre (qui figure dans une autre version sur l'album se Sharko d'ailleurs !) .Elle a accepté de chanter et puis elle est devenue très connue. La phrase précedente peut prêter à confusion, ne vous méprenez pas. Pour Vincent Mougel c'est un hasard. Jérôme m'a envoyé la page MySpace de kidsaredead (son projet super bien) et on s'est rendu compte qu'on habitait tous à quelques mètres de distance. Et là aussi ce fût une rencontre déterminante. (C'est pour ça que j'utilise un passé simple). Car Vincent est vraiment doué et il s'est impliqué à fond dans les morceaux. Il a apporté beaucoup de pêche au projet car il est arrivé quand je commençais à en avoir un peu marre. Mais il est tout le temps à fond.
De quelle façon composes-tu, avec quelles machines ? Qui s'occupe de la production ?
Je m'occupe de la production musicale. Sauf le mixage qui a été fait par Yann Arnaud. Sinon je fais tout sur un ordinateur dell avec une carte son Layla 24, une version de logic audio 5.1 et des jacks multicolores qui traînent dans mon appartement. J'avais vraiment envie pour ce disque de mélanger les sons électroniques aux instruments cités au-dessus. J'aime beaucoup Pascal Comelade et au début mon fantasme musical c'était de faire une espèce de Pascal Comelade électro chanté. Bon, c'est loupé, mais au moins tu sais tout !
On retrouve dans les titres de l'album toutes sortes de textures funk, pop, rock, disco, dans tes compositions, quelles sont tes influences ?
Oui j'aime tout ça, mais pas tout dedans. Ca dépend vraiment ou je suis, avec qui etc. J'aime beaucoup le principe du Grand mix de Radio Nova. Un coup tu entends un truc electro-bizarre puis un classique de soul et hop un truc chanté en Français. Ils devraient juste passer un France Gall de 1977 de temps en temps.
Comment expliques-tu le petit côté Kitsch, sucré, ensoleillé de tes productions ?
Alors Kitsch je ne sais pas et ça m'ennuie un peu parce que je ne voulais vraiment pas ça. Pour le coté ensoleillé et sucré sans doute grâce à tous les gens qui ont participé à ce projet.
Une tournée de prévue ?
Rien pour le moment, mais on y travaille !
Ta playlist du moment ?
Tahiti 80 : all around
Fabio viscogliosi : Il Nostro Caro Angelo
Milton Nascimento : O trem azul
Kenna : Say Goodbye to love
The Stranglers : walk on by
Propos recueillis par Antoine
Le MySpace et le site.
Découvrez !
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