Intelligence artificielle, une rupture épistémologique est encore possible ?

Publié le 05 septembre 2024 par Angrymum @VeryAngryMum

Si vous vous interrogez sur l'avenir de l'intelligence artificielle et les possibles chemins qu'elle pourrait emprunter, alors cet article d'Evgeny Morozov dans Le Monde diplomatique est une lecture incontournable ! Avec un regard critique et plein d'espoir, Morozov explore des visions alternatives, où l'IA ne servirait plus seulement les intérêts des grandes entreprises ou des États, mais favoriserait l'autonomie et l'émancipation humaine. C'est une véritable invitation à réfléchir autrement à la technologie, à son potentiel pour créer un monde meilleur. Un débat fascinant et enrichissant vous attend !

Voici ma tentative de synthèse mais franchement, courez lire l'article original : https://www.monde-diplomatique.fr/2024/08/MOROZOV/67302

ans son article "Une autre intelligence artificielle est possible" publié dans Le Monde diplomatique d'août 2024, Evgeny Morozov, intellectuel et chercheur spécialisé dans les impacts sociaux et politiques de la technologie, invite à repenser l'avenir de l'intelligence artificielle (IA). Morozov, connu pour ses critiques de la Silicon Valley, se penche ici sur la manière dont l'IA est façonnée par des intérêts économiques et militaires, et il appelle à une IA qui servirait le bien commun, plutôt que le capitalisme ou la domination étatique.

Le texte s'ouvre sur les inquiétudes soulevées par des figures de premier plan comme Daron Acemoğlu, économiste au MIT, et Marc Andreessen, capital-risqueur, qui redoutent que la Chine développe une IA communiste. Ce spectre numérique, selon Morozov, incarne une nouvelle forme de lutte idéologique, avec d'un côté, l'IA dominée par le capital privé et de l'autre, une IA potentiellement contrôlée par l'État, mais plus sociale. Vivek Ramaswamy, un homme politique républicain, est également cité, dénonçant une IA pro-communiste comme un danger comparable à la pandémie de Covid-19.

L'auteur critique l'empressement avec lequel les grandes entreprises technologiques développent des IA génératives, au détriment de la qualité et de la sécurité. Il rappelle, par exemple, un incident en mai 2024 où l'outil AI Overviews de Google a faussement recommandé de mettre de la colle dans une pizza. Pour Morozov, cette course effrénée nécessite une régulation plus rigoureuse, qui passerait par un financement public et un encadrement strict des données utilisées pour entraîner les IA.

Morozov se réfère ensuite à des projets historiques comme CyberSyn, un projet pionnier de gestion économique via IA, lancé par Salvador Allende au Chili dans les années 1970. Piloté par le cybernéticien britannique Stafford Beer, ce projet visait à centraliser les données de production pour améliorer la gestion des entreprises nationalisées, tout en impliquant les travailleurs dans le processus décisionnel. Ce modèle, basé sur l'intelligence humaine amplifiée par la technologie, contrastait avec les approches autoritaires de l'URSS.

La figure de Warren Brodey est également explorée. Psychiatre devenu cybernéticien, Brodey s'oppose aux conceptions dominantes de l'IA. Contrairement à ses collègues du MIT, tels que Marvin Minsky et Seymour Papert, qui cherchaient à modéliser l'intelligence humaine en ensembles de règles abstraites, Brodey proposait une "intelligence écologique", née des interactions avec l'environnement. Il imaginait des technologies réactives et interactives, qui ne se contenteraient pas de servir les utilisateurs, mais qui enrichiraient leur rapport au monde.

Morozov souligne également l'influence de la cybernétique sur la pensée technologique contemporaine. Alors que les premiers cybernéticiens comme Norbert Wiener cherchaient à comprendre les processus humains en s'inspirant des machines, l'IA moderne, selon Morozov, a pris une voie régressive, en cherchant à recréer une intelligence artificielle pour des objectifs militaires. Cette dérive, alimentée par la Guerre froide et les intérêts militaires, a façonné l'IA moderne, en la détournant de ses objectifs initiaux de compréhension des systèmes complexes.

L'article plaide en faveur d'une nouvelle IA, qui ne serait pas simplement un outil d'augmentation humaine destiné à accroître la productivité, mais une technologie visant à l'amélioration de l'humain. À travers l'exemple de Evald Ilyenkov, un philosophe soviétique, Morozov propose une IA qui libérerait les capacités humaines et améliorerait nos compétences, au lieu de les remplacer ou de les standardiser. En guise de conclusion, il rappelle la nécessité d'une politique technologique post-IA, axée sur l'autonomie créatrice et l'épanouissement humain, plutôt que sur l'efficacité et la consommation.

L'article de Morozov ne se contente pas de critiquer l'IA telle qu'elle est conçue aujourd'hui, mais appelle à un débat large sur son avenir, suggérant que l'IA pourrait être un outil de transformation sociale profonde, si elle est orientée vers des objectifs humanistes. Le texte, bien documenté et réfléchi, se positionne à contre-courant des discours technophiles dominants et ouvre la voie à un débat stimulant sur les modèles alternatifs possibles pour l'intelligence artificielle dans un monde en quête de justice sociale.

La conclusion de ce débat fascinant autour de l'intelligence artificielle oppose deux visions radicalement différentes. D'un côté, les machines intelligentes conçues pour nous rendre plus intelligents, en enrichissant nos interactions avec le monde. De l'autre, des machines qui nous automatisent, réduisant notre rôle à celui de simples exécutants. Comme le souligne Evgeny Morozov : "L'augmentation nous retire des capacités au nom de l'efficacité, tandis que l'amélioration nous en fait acquérir de nouvelles." Une véritable réflexion sur notre avenir technologique se joue ici.

Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News