J'ai créé il y a quelques années un site web intitulé La dormeuse. Je l'ai d'abord codé en html, puis recodé en php. J'ai peiné à cette occasion, car je suis autodidacte en informatique. Autour de moi, des experts compatissants s'étonnaient que je n'aie pas opté pour le blog. "Voilà", disaient-ils, "qui te changerait la vie !". Mais, comme je suis têtue, ou un peu bornée, j'ai longtemps boudé le blog. Celui-ci avait à l'époque une image plutôt cheap.
Je me suis donc contentée, plusieurs années durant, de publier de longs articles sur La dormeuse. Je fournissais sur le site, et je fournis encore, le moyen de me contacter, mais je ne recherchais pas systématiquement le contact. J'écris d'abord pour moi, pour fixer la mémoire de ce que je vois, de ce que je lis, et parce que tout simplement j'aime écrire.
J'écris, d'une certaine façon, ce que j'aimerais lire. Je parle de philosophie, de littérature, d'art, et, de façon plus générale, je m'applique à faire connaître l'oeuvre des autres. J'aime aussi beaucoup les images. Je ne conçois pas la publication sur le web sans une illustration abondante. Je prends à cette fin énormément de photos. Bref, je consacre à la publication sur le web, depuis longtemps déjà, un temps important.
"Pourquoi pas un blog sous WordPress ? WP, en matière de blog, c'est un must !", me susurraient les amis. Puis la voix de Lise s'est ajoutée à celle des amis : "J'ai créé un blog sous WordPress. Tu n'as pas envie de t'y mettre aussi ?"
Il y a un an, j'ai déménagé, changé de vie. J'ai eu envie de consacrer à Mirepoix et au pays des Pyrénées Cathares, le pays que je me suis choisi, une série d'articles spécifiques. A la faveur d'une telle série, je tente, façon Perec, l'impossible aventure qui est celle de la "description exhaustive d'un lieu". Cible visée : les amoureux de Mirepoix.
Mirepoix est une petite ville pittoresque, dotée d'un patrimoine médiéval et renaissant qui suscite la ferveur du cercle d'histoire locale et la curiosité des touristes. La documentation demeure éparse. J'ai songé à la rassembler. Je souhaitais, à cette fin, disposer d'un programme qui me dispense (pensais-je) de "mettre les mains dans le cambouis" et me permette ainsi de publier plus vite et plus souvent que je ne le faisais sur La dormeuse.
De façon plus personnelle, j'avais besoin alors de nouer de nouveaux contacts, et, probablement aussi, de fixer des moments de l'aventure un peu forte que constitue le démarrage d'une nouvelle vie. J'ai misé sur le blog. J'avais raison.
Sans renoncer pour autant à mon site web, j'ai choisi, sur le conseil de Lise, de créer un blog sous WordPress. Je l'ai intitulé La dormeuse blogue.
Je voyais ce blog comme un prolongement du site initial. J'ai donc associé La dormeuse blogue à La dormeuse par un lien installé dans la barre de Menu de La dormeuse. Je pensais que les lecteurs du site cliqueraient sur ce lien et qu'alors, de fil en aiguille, ils étendraient la lecture du site à celle du blog. Sur ce point, je me suis trompée.
A ce jour, en effet, l'association site + blog ne fonctionne pas de manière satisfaisante. Les lecteurs du site, dans l'ensemble, n'ont pas suivi. Le blog vise une cible spécifique, à laquelle les lecteurs du site ne s'identifient pas. "Mirepoix, l'Ariège, qu'es-aco ?". Quant aux lecteurs du blog, qui ont généralement trouvé l'adresse sur Google, ils vont directement au blog sans se soucier de savoir ce que je peux bien raconter sur La dormeuse. Il est vrai que je n'ai pas multiplié sur le blog les liens qui reconduiraient au site. Je mentionne seulement La dormeuse dans l'onglet "A propos" de La dormeuse blogue, et, à l'occasion, dans le texte de quelques rares posts.
J'avais par ailleurs surestimé mes forces. Très vite, j'ai dû constater que je n'arrivais pas à fournir en même temps sur le site et sur le blog. Tandis que je m'évertuais à publier deux ou trois articles par semaine sur le blog, je manquais de temps et d'inspiration pour continuer à alimenter le site. Bref, La dormeuse blogue tend aujourd'hui à éclipser La dormeuse. Je cherche le moyen de rétablir la balance. Je ne le trouve pas.
Le blog en effet exerce sur son auteur une pression impérieuse. Il suscite des commentaires, par là des contacts. Il m'a permis ainsi de rencontrer des gens, de sortir, de trouver de nouveaux amis. Mais il a fait de moi, dans le même temps, une blogueuse repérée, dont on attend qu'elle publie, sans faiblir, deux ou trois articles par semaine. Cette attente est gratifiante, mais aussi contraignante.
Je comptais sur WordPress pour me faciliter la tâche. Je rêvais d'un système d'édition et de publication ready-made. WordPress, en réalité, ce n'est pas un programme ready-made. Après une année d'utilisation, je constate que WordPress est un programme passionnant, mais j'observe aussi qu'il ne rend pas le travail du blogueur miraculeusement plus facile que celui du webmaster de naguère
Au-delà de l'usage basique, la maîtrise d'un blog sous WordPress nécessite de la curiosité, du soin, de l'astuce, une longue patience... et souvent l'aide de la communauté.Ecrit par Christine - Site