Les politiciens n'auraient-ils pas perdu la parole ? Ils parlent, ils s'époumonent, ils brouhahassent mais leurs mots n'ont plus de sens. La contradiction systématique, pivot de leur réthorique, les a lentement décollé de la pensée de l'autre et de leur pensée propre.
Ils ne parlent plus pour dire mais pour contredire, quoi qu'il en soit.
Les mots perdent ainsi progressivement leur fond, cet infondé perd de son sens, et sans mots sensés plus de pensée.
Mais il y a une très bonne nouvelle, passée sous les radars, c'est que... nous ne les écoutons plus.
Nous ne les croyons plus, ne les considérons plus. C'est à peine exprimé... Car ne serait-pas trop risqué de ne plus avoir de guides suprêmes à qui se fier ?
Nous les élisons, nous les intronisons, nous leur laissons une place omniprésente au banquet, mais au final ne serait-ce pas sous la table, dans le silence de nos quotidiens solides, que nous communions ? Ne serait-ce pas en soubassement, dans l'obscurité confuse de nos racines, que nous trouvons de l'espace pour déployer nos branches et soutenir le monde de nos frêles bruissements de feuillages ?
Copyright Photo autoportrait brodé Séléna Gomez