Dans une Delitsdopinion exclusive réalisée par Radouan Kourak, le célèbre écrivain algérien Boualem Sansal nous plonge dans son univers intellectuel. Connu pour ses œuvres marquantes comme " 2084 ", il révèle son dernier roman intitulé " Vivre, le compte à rebours ". Publié chez Gallimard, ce livre convoque une exploration audacieuse de l'humanité et de ses infinies possibilités.
Un univers entre deux mondes
À la question de savoir si son récit est davantage inspiré par sa vie en Algérie ou par ses observations de la société française, Sansal répond sans détour : " On rêve d'atteindre l'universel, mais notre environnement immédiat nous façonne. Pour moi, c'est entre l'Algérie et la France. Parfois ça suffit, mais pour les grandes questions, il faut élargir son horizon. "
La science-fiction comme outil de réflexion
L'intrigue de " Vivre, le compte à rebours " questionne notre foi en l'humanité : " Écrire un roman où des extraterrestres sauvent une partie de l'humanité, c'est donner une dimension infinie à cette dernière. L'humanité dépasse la Terre. Un jour, nous formerons des communautés galactiques. Voyager loin et vite est un défi technique, mais réalisable. "
Concernant l'intelligence artificielle, Sansal se montre optimiste : " L'homme a toujours craint les nouvelles technologies. Pourtant, il s'adapte. Bientôt, des puces intelligentes amélioreront nos capacités. L'IA offre une opportunité extraordinaire d'évoluer, conquérant une intelligence illimitée et l'espace infini. "
Un regard critique sur le wokisme et l'islamisme
Pour Sansal, le wokisme et l'islamisme, bien que différents, partagent une approche manichéenne : " Les wokistes affirment détenir la vérité, plongeant ainsi les gens dans le désarroi. Les islamistes font de même en imposant leurs croyances. Cette alliance étrange en France est dangereuse. "
Il se montre également critique envers les systèmes politiques en Algérie : " On vit mal en Algérie. Personne n'aime la dictature, la misère, la bureaucratie. Pourtant, le pays possède des ressources extraordinaires. Les révoltes de 1988 et 2019 ont presque réussi à renverser la dictature. La troisième révolte sera peut-être la bonne. "
L'impact de la littérature en période de crise
Sansal conclut en soulignant l'importance des jeunes générations et de la littérature : " Les intellectuels pèsent peu dans les dictatures. Les jeunes ont le pouvoir de tout changer. Le Hirak de 2019-2020 a été une belle réussite, interrompue seulement par la Covid. "
Il espère que " Vivre " aura un impact durable : " Une fois publié, le roman suit son propre chemin. Certains ont un long parcours, d'autres non. L'actualité détermine souvent le succès d'un livre. J'espère que ' Vivre ' trouvera son public. "
Propos recueillis par Radouan Kourak