Du transat voisin monte un ronflement saccadé que le ressac recouvre avec régularité.
Le ronfleur émet toute une série de bruits mouillés. Il renifle. Grogne. Part en apnée et ce silence éteint le bruit des vagues venues s’écraser sur la plage.
Le temps s’arrête.
J’attends.
Je compte. Cinq, six, sept secondes.
À dix, je me lève. À onze, je vais le réanimer.
À neuf il envoie roulement de grosse caisse.
Je le regarde à la dérobée, corps à l’abandon sur cette chaise longue trop courte pour ses jambes. Recroquevillé sur le côté. Un modelé de bébé malgré sa barbe et son crâne rasé. À ses pieds, deux grands gobelets en plastique, vides, et leurs pailles échouées comme lui dans les replis du sable et de l’alcool bon marché.