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Ilaria ou la conquête de la désobéissance, de Gabriella Zalapì

Publié le 27 août 2024 par Francisrichard @francisrichard
Ilaria ou la conquête de la désobéissance, de Gabriella Zalapì

Ilaria est une petite fille de huit ans. Ses parents sont séparés. Maman habite Genève, Papa, Turin. Si Maman travaille, Papa est sans emploi.

Un mercredi de mai 1980, Papa, à la faveur d'une ruse, emmène Ilaria en Italie, pour le week-end: elle ne manquera l'école que quelques jours.

Il prétend qu'ils devaient se retrouver tous quatre, Papa, Maman, Ilaria et sa soeur Ana, Chez Léon, de l'autre côté de la frontière franco-suisse. 

En chemin, il téléphone. Maman aurait changé d'avis. Ils ne se retrouveront pas Chez Léon. Mais Papa et Ilaria partiront ensemble pour Turin.

À Turin Papa lui achète un nounours. Ils vont l'appeler Birillo1 et Papa lui pince la joue entre son index et son majeur avec un regard tout mou:

Ce geste est sur ma joue comme sa signature. Il le répétera deux ans durant et je finirai par le détester.

Fulvio, c'est-à-dire Papa, ne compte pas rester à Turin. Une fois partis dans sa BMW bleu marine, il dit à Ilaria, qu'il a en fait enlevée à Maman:

Je te fais visiter ton pays.

Route faisant, il téléphone, envoie des télégrammes, s'arrête dans de petits hôtels, dans des bars et les journées s'empilent. Ilaria ne regimbe pas:

À huit ans, je suis une enfant taciturne, docile, plutôt maigrichonne.

Fulvio ment avec naturel, très poliment, avec les yeux, si bien que tout le monde le croit. Mais il dit vrai quand il avoue que Maman les cherche...

Papa emmène Ilaria en voiture comme certains mènent les autres en bateau et met à profit ses talents de bonimenteur pour se faire de l'argent...

Quand il est au téléphone et qu'Ilaria veut parler à Maman, il trouve toujours un prétexte pour lui promettre qu'elle lui parlera la prochaine fois.

Dans une gare, le panneau d'affichage des trains a des trous noirs. Ilaria pense qu'il se rebelle, qu'il désobéit. C'est pour elle comme un déclic:

Désobéir. Ce mot tombe en moi comme un caillou. Il me traverse tout entière. Quelque chose s'effondre, me vivifie. Si je veux, je peux moi aussi inventer des mots, comme ce panneau.

Les jours, les mois passent. Noël 1980 arrive. Ilaria se demande ce que font Maman et Ana, serre les poings, se dit, pour tenir bon malgré tout:

Je ne dois pas pleurer. Je ne dois pas pleurer. Je me répète mille fois cette phrase.

Depuis l'entrée de Birillo dans sa vie, le lecteur sait que la cavale durera deux ans, devine qu'un jour, le sous-titre le suggère, elle désobéira à Papa...

Francis Richard

1 - Épingle en français

Ilaria ou la conquête de la désobéissance, Gabriella Zalapì, 176 pages, Zoé

Livres précédents:

Antonia, journal 1965-1966 (2019)

Willibald (2022)


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