Dans cette troisième saison d'Industry, il est clair que la série a pris un tournant radical. Le dernier épisode, centré sur un événement axé sur les critères ESG (environnement, social et de gouvernance), démontre un changement notable dans la manière dont l'histoire est racontée. L'aspect financier, autrefois au cœur de l'intrigue, semble désormais relégué au second plan, remplacé par une exploration plus profonde des psychés tourmentées des personnages. Cette évolution, bien que surprenante, n'est pas dénuée d'intérêt. Le commentaire d'un ami disant que la série "semble moins s'intéresser aux transactions financières pour se concentrer sur les pathologies de chaque personnage" reflète parfaitement ce que cet épisode met en avant. Depuis le début de la saison, l'ambiance a considérablement changé, tant sur le plan narratif que visuel. Les paillettes et le glamour des premières saisons ont laissé place à une atmosphère plus sombre et introspective, où chaque personnage semble être en pleine déroute personnelle.
Dans cet épisode, Harper, Yasmin, Robert et Eric sont tous présents à cette conférence ESG en Suisse. Cependant, ce n'est pas tant le cadre qui retient l'attention, mais plutôt la manière dont ces personnages continuent d'évoluer - ou de trébucher. Yasmin, l'héritière en disgrâce, se retrouve invitée à cet événement sans trop savoir pourquoi. L'invitation de Sir Muck semble davantage motivée par un intérêt romantique (ou du moins possessif) qu'autre chose. La dynamique entre Yasmin et Muck est particulièrement intrigante. La jeune femme, habituée à jouer de son charme et de son statut, se retrouve confrontée à un homme qui ne cherche pas seulement à la séduire, mais à la contrôler. La scène de la piscine, où Muck révèle une vulnérabilité inattendue, ajoute une couche de complexité à cette relation. Bien que la nudité de Muck puisse être interprétée comme un symbole de cette vulnérabilité, elle sert surtout à rappeler que, malgré son arrogance apparente, il est lui aussi pris au piège de ses propres insécurités.
La décision de Yasmin de coucher avec Muck sur le vol de retour à Londres, en pleine vue d'Eric et Robert, illustre à quel point elle est prête à compromettre sa dignité pour un semblant de pouvoir ou de contrôle. Ce choix soulève des questions sur son véritable objectif : cherche-t-elle vraiment à s'émanciper ou est-elle simplement en quête d'une validation désespérée ? La dynamique entre Robert et Eric apporte un certain soulagement comique dans cet épisode, bien que leur relation soit loin d'être simple. Robert, en tant qu'intermédiaire pour Lumi, se retrouve dans une position délicate. Son interaction avec Frank dans le sauna, suggérant une possible relation sexuelle pour influencer un rapport financier, laisse une impression d'inconfort et de confusion. Cette ambiguïté, bien que déconcertante, souligne l'idée que dans le monde de la finance, tout peut être sacrifié pour obtenir ce que l'on veut - même sa propre intégrité.
Eric, de son côté, est tiraillé entre son ambition insatiable et la peur d'être le bouc émissaire de Pierpoint. Son échec à convaincre Europa Gas de rester dans le giron de la banque, en raison du rapport publié par Frank, met en évidence les limites de sa manipulation et de son influence. La scène où il se réfugie dans les bras d'une prostituée, utilisant le nom de Robert, symbolise son désespoir croissant et son sentiment d'impuissance face aux événements. Harper, quant à elle, retrouve son rôle de prédatrice financière dans cet épisode. Sa décision de s'associer à Petra pour créer leur propre fonds de couverture montre son ambition dévorante. Le moment où elle humilie publiquement Eric lors de la conférence est un tournant décisif. Non seulement elle sabote le lancement de son fonds, mais elle le fait avec une telle férocité que cela en devient presque jouissif pour le spectateur. Le retournement de situation qui suit, avec l'arrivée d'Otto Mostyn prêt à financer leur projet, montre que dans l'univers impitoyable d' Industry, la brutalité et la trahison sont souvent récompensées.
La confrontation finale entre Harper et Eric, avec ce dernier incapable de soutenir le regard de son ancienne protégée, est particulièrement savoureuse. Eric, autrefois mentor tout-puissant, se retrouve à genoux devant celle qu'il a autrefois humiliée. Ce renversement de pouvoir est une parfaite illustration de la nature impitoyable de la finance, où les rôles peuvent s'inverser en un instant. Cet épisode d' Industry confirme que la série a évolué bien au-delà de ses origines axées sur les transactions financières. En se concentrant davantage sur les dynamiques personnelles et les psychoses de ses personnages, elle offre une vision plus sombre et plus complexe du monde de la finance. Les enjeux ne sont plus seulement financiers, mais aussi profondément humains, rendant l'intrigue plus captivante que jamais.
Note : 9/10. En bref, la mutation de la série fonctionne à merveille.