We Might Regret This (Saison 1, 6 épisodes) : un regard touchant et attachant sur le handicap

La série We Might Regret This, créée par Kyla Harris et Lee Getty, est un joyau caché dans le paysage télévisuel actuel. Cette comédie dramatique, diffusée sur la BBC, offre un regard frais et inédit sur la vie d'une personne en situation de handicap, tout en explorant les dynamiques complexes des relations humaines. Avec une distribution talentueuse et une écriture nuancée, la série parvient à capturer l'essence de la dépendance et de l'amitié, tout en traitant des sujets sociaux importants sans sombrer dans le mélodrame. Voici pourquoi cette première saison, composée de six épisodes, mérite toute notre attention. L'histoire de We Might Regret This tourne autour de Freya, une artiste canadienne quadriplégique interprétée par Kyla Harris, qui déménage à Londres pour vivre avec son petit ami plus âgé, Abe (Darren Boyd). Leur vie de couple, bien que confortable, est loin d'être simple, car Freya a besoin d'une assistance permanente.

Freya, tétraplégique canadienne, emménage dans la capitale anglaise pour vivre avec Abe.

C'est à ce moment que Jo, une ancienne amie de Freya jouée par Elena Saurel, entre en scène. Jo, sans domicile ni emploi, devient l'assistante personnelle de Freya, une situation qui brouille les frontières entre amitié et relation professionnelle. La force de la série réside dans sa capacité à aborder des sujets délicats avec authenticité et humour. Le handicap de Freya n'est pas un simple élément de décor, mais le moteur narratif de l'histoire. La série évite les clichés souvent associés aux personnages en situation de handicap, en présentant Freya comme une femme forte, indépendante, et souvent sarcastique. Les défis quotidiens qu'elle rencontre ne sont pas enjolivés, mais sont abordés avec un réalisme parfois brutal, offrant ainsi une représentation honnête de la vie avec un handicap. Les personnages de We Might Regret This sont profondément humains, chacun avec ses propres failles et contradictions. Freya, malgré sa condition, refuse d'être réduite à son handicap.

Son humour acerbe et son attitude combative la rendent immédiatement sympathique, tout en ajoutant une couche de complexité à son personnage. Jo, quant à elle, est un tourbillon d'énergie chaotique, une femme perdue cherchant à redonner un sens à sa vie en s'occupant de son amie. Leur relation, à la fois touchante et tendue, constitue le cœur émotionnel de la série. Abe, le petit ami d'âge mûr de Freya, apporte une dynamique intéressante à l'intrigue. Divorcé et père d'un fils en difficulté, Levi (Edward Bluemel), Abe est un homme en plein milieu d'une crise existentielle. Ses interactions avec Freya et Jo révèlent les tensions sous-jacentes de cette nouvelle configuration familiale. Jane, l'ex-femme d'Abe, interprétée avec brio par Sally Phillips, ajoute une touche de cynisme et d'humour noir à l'ensemble, en particulier dans ses réflexions sur la nouvelle compagne de son ex-mari.

L'un des aspects les plus captivants de We Might Regret This est la manière dont la série explore les dynamiques de pouvoir et de dépendance entre Freya et Jo. Engager une amie proche comme aide-soignante est une décision risquée, et la série ne manque pas de montrer les conséquences de ce choix. La frontière entre amitié et relation professionnelle est constamment remise en question, créant des situations aussi inconfortables que révélatrices. Les moments où Freya se retrouve vulnérable devant Jo, autrefois son égale, soulèvent des questions importantes sur la dignité, l'indépendance, et la complexité des relations humaines. L'une des scènes les plus marquantes de la série se déroule dans la salle de bain, où Jo aide Freya à gérer un problème intestinal. Ce moment, à la fois comique et profondément humain, illustre parfaitement la manière dont la série aborde les réalités du soin avec un mélange de légèreté et de gravité.

Cette scène est emblématique de la série, qui parvient à traiter des sujets difficiles avec un humour qui ne cherche jamais à minimiser la gravité de la situation. We Might Regret This réussit à maintenir un équilibre délicat entre comédie et drame. Les moments de tension sont souvent désamorcés par un humour pince-sans-rire, qui empêche la série de sombrer dans le pathos. Freya, avec son esprit mordant, et Levi, avec ses remarques sarcastiques, apportent une légèreté bienvenue à l'ensemble. Cependant, la série n'évite pas les moments de profonde introspection, notamment dans la manière dont elle aborde le deuil, la perte, et le besoin de trouver sa place dans un monde souvent inhospitalier. La comédie dans We Might Regret This ne repose pas sur des gags faciles, mais sur la complexité des situations et des relations. Les personnages secondaires, comme Ty (Aasiya Shah), l'ancienne assistante de Freya, et les deux Olivias, qui voient en Freya un modèle "divers", ajoutent des couches supplémentaires de comédie tout en enrichissant l'univers de la série.

Ce qui distingue véritablement We Might Regret This des autres séries, c'est sa représentation unique et honnête du handicap. Freya est un personnage central dont la vie est marquée par sa condition, mais elle n'est jamais définie uniquement par celle-ci. La série aborde les adaptations nécessaires, les soins requis, et l'unicité subtile de chaque personne en fonction de sa situation. Il est rare de voir une série qui embrasse l'exclusivité du handicap de manière aussi franche, sans pour autant en faire le sujet principal. C'est une histoire sur les relations humaines avant tout, où le handicap est un élément, mais pas la totalité. La série parvient également à traiter de l'industrie du soin, souvent négligée à l'écran, en montrant la réalité brutale des travailleurs et des travailleuses du secteur. Les défis quotidiens, le manque de soutien, et l'impact émotionnel du travail de soin sont abordés sans détour, ajoutant une dimension sociale importante à la série.

Avec sa première saison, We Might Regret This a su capturer mon attention et mon coeur. La série se distingue par son approche unique du handicap, sa représentation honnête des relations humaines, et son équilibre subtil entre humour et drame. Harris et Getty ont créé un univers riche, peuplé de personnages complexes et attachants, où chaque interaction révèle une nouvelle facette des thèmes explorés. En fin de compte, We Might Regret This est une série qui parle de la complexité de la dépendance et de l'amitié, tout en offrant une représentation rare et nécessaire du handicap à l'écran. Elle mérite d'être regardée, non seulement pour son originalité, mais aussi pour la manière dont elle nous pousse à réfléchir sur nos propres relations et les compromis que nous sommes prêts à faire pour ceux que nous aimons. La première saison est une réussite incontestable, et il est à espérer que la série continuera à évoluer avec la même sensibilité et intelligence dans les saisons à venir.

Note : 8/10. En bref, enfin une série réussie de la part de BBC qui offre un équilibre assez subtil entre comédie et drame tout en offrant un regard inédit sur le handicap.

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