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La Cité de Dieu : la lutte continue (Saison 1, épisode 1) : coincé entre passé et présent

Publié le 28 août 2024 par Delromainzika @cabreakingnews
Cité Dieu lutte continue (Saison épisode coincé entre passé présent

La Cité de Dieu : la lutte continue // Saison 1. Episode 1. #1.1.

Le retour tant attendu de l'univers de Cidade de Deus ( La Cité de Dieu en VF) avec la mini-série City of God: The Fight Rages On suscite une grande curiosité, mais également une certaine déception. Cette suite de l'emblématique film brésilien, acclamé aux Oscars, diffusée sur HBO, peine à capturer l'essence brute et l'énergie frénétique qui avaient fait la renommée du film original. Dès le premier épisode, il devient évident que malgré les efforts des scénaristes pour reconnecter les fans aux personnages originaux tout en introduisant de nouveaux visages, l'authenticité qui caractérisait Cidade de Deus s'est considérablement étiolée. L'une des premières impressions que laisse cette suite est le lien indéniable avec le film original, à la fois dans les personnages et les thématiques. City of God: The Fight Rages On réintroduit des figures familières comme Rocket (Buscapé), interprété par Alexandre Rodrigues, tout en cherchant à intégrer de nouveaux personnages pour attirer un public qui n'a peut-être pas vu le film de 2002.

Le quotidien d'un groupe d'adolescents vivant dans une favela de Rio de Janeiro, au début des années 2000. Toute la communauté est déchirée par les conflits entre trafiquants de drogue, policiers et miliciens mais adopte une position de résistance collective, à travers les yeux de ses habitants.

Malheureusement, cette tentative de réconciliation entre l'ancien et le nouveau crée une cacophonie narrative. Les spectateurs novices risquent de se perdre dans la complexité des relations entre les personnages, où les loyautés et les hiérarchies ne sont pas toujours claires. Ce manque de clarté est accentué par la nature même du cadre dans lequel évoluent les personnages. La favela, dominée par le commerce de la drogue, est un environnement où la criminalité est omniprésente, mais où les frontières entre le bien et le mal sont floues. Curió, un nouveau personnage central, incarne cette ambiguïté. Bien qu'il soit essentiellement un baron de la drogue, il est respecté par les habitants de la favela, y compris par Rocket, qui ne peut refuser de photographier la fête d'anniversaire de la fille de Curió malgré ses réticences morales. Ce genre de dilemme moral est au cœur de la série, mais il est abordé de manière moins incisive que dans le film original.

Rocket, désormais photographe reconnu pour un grand journal de la ville, est au centre de ce premier épisode. Cependant, son arc narratif peine à démarrer véritablement. Les flashbacks et la narration de Rocket, censés aider les nouveaux venus à comprendre les enjeux, ne suffisent pas à insuffler l'énergie nécessaire pour engager pleinement le spectateur. La photographie, qui autrefois symbolisait son rêve d'évasion de la violence, est maintenant devenue un fardeau. Ce contraste aurait pu être un ressort puissant pour le développement du personnage, mais il est à peine effleuré dans cet épisode d'introduction. La fête organisée par Curió pour sa fille, bien qu'elle serve de point de rencontre pour présenter les personnages, manque de la dynamique et de l'urgence qui caractérisaient les scènes du film original. Là où Cidade de Deus brillait par son montage nerveux et ses moments de tension palpable, cette scène de fête semble statique et dénuée de la moindre progression narrative significative.

Le retour de Bradock, un autre personnage clé, après sa sortie de prison, n'apporte guère plus de vitalité. La relation complexe entre Bradock et Curió, marquée par des non-dits et des tensions latentes, est introduite de manière trop superficielle pour captiver. Le véritable défi de City of God: The Fight Rages On semble être de justifier son existence. À mesure que le premier épisode se déroule, on ne peut s'empêcher de se demander si la série parviendra à capturer ce qui faisait la force du film original : son énergie viscérale, son authenticité poignante et sa capacité à plonger le spectateur dans la réalité crue de la favela. Alors que l'épisode se termine sur une note censée déclencher une guerre à venir, cet événement est traité comme un fait banal, presque quotidien dans cet univers. La violence, omniprésente, est dépeinte de manière routinière, ce qui atténue l'impact dramatique que ces événements auraient dû avoir. Là où Cidade de Deus était une explosion d'émotions et d'action, cette suite semble pour l'instant trop timorée, trop attachée à son prédécesseur pour véritablement se libérer et raconter sa propre histoire.

En somme, City of God: The Fight Rages On démarre sur une note mitigée. Le premier épisode offre quelques éléments prometteurs, notamment dans les conflits sous-jacents entre les personnages, mais il est miné par une narration hésitante et une incapacité à s'émanciper de l'ombre du film original. Pour que la série parvienne à marquer les esprits comme son prédécesseur, elle devra trouver un équilibre entre hommage et innovation, et surtout, redécouvrir l'énergie qui faisait vibrer Cidade de Deus. Le potentiel est là, mais il reste à voir si les épisodes suivants sauront le concrétiser.

Note : 5/10. En bref, prometteur mais engoncé entre son passé et ce que la série veut conter de neuf.


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