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En mer

Publié le 30 août 2024 par Adtraviata

Quatrième de couverture :

Las du quotidien de sa vie de bureau, Donald décide de partir naviguer seul pendant trois mois en mer du Nord. Maria, sa fille de sept ans, le rejoint pour la dernière étape qui doit les ramener du Danemark aux Pays-Bas, où ils retrouveront sa femme. Mer étale, complicité entre le père et la fille: la traversée s’annonce idyllique. Mais rapidement, les nuages noirs se profilent à l’horizon, et Donald semble de plus en plus tourmenté.
Jusqu’à cette nuit cauchemardesque où Maria disparaît du bateau alors que la tempête éclate…

C’est un petit roman aux chapitres courts mais très vite, on sent bien que quelque chose ne va pas sur ce petit voilier sur la route du retour vers la Hollande. Le narrateur, Donald (dont on ne découvre le prénom qu’à la fin), a pris un congé sabbatique de trois mois et s’est élancé dans un périple marin en solitaire. Il a donc réussi à convaincre sa femme de le laisser faire la dernière étape, depuis le Danemark, avec sa petite fille de sept ans, Maria, qui a l’air bien dégourdie pour son âge. On sent que Donald essaie sans cesse de se convaincre du bien-fondé de sa démarche, de son congé loin de ses collègues qu’il ne supporte plus, se convaincre qu’il est un bon père même s’il est parfois maladroit ou distrait. Et voilà donc que, alors qu’il a mis le voilier à l’arrêt pour ne pas être entraîné dans un orage, la petite disparaît en pleine nuit. Impossible de raconter cette histoire, il faut la lire pour se rendre compte à quel point l’auteur nous mène en bateau (haha oui, j’ai osé), nous roule et nous étrille dans les vagues qui assaillent le voilier. Donald, qui croyait maîtriser son voilier et la mer, se rend compte qu’il s’est trompé, le combat pour retrouver Maria est sans merci. Jusqu’au dénouement, où un narrateur externe reprend le dessus en quelque sorte.

Impossible de ne pas penser (un peu) à Sukkwan Island de David Vann. Toine Heijmans, lui (pas comme Donald), maîtrise bien son sujet, il sait faire monter la tension et l’angoisse de savoir ce qu’est devenue Maria, il conduit son roman avec sobriété, tout en décrivant la mer et les éléments déchaînés avec force et conviction. Une bonne manière de participer à nouveau au Book Trip en mer organisé par Fanja.

« Mon sort est entre les mains de la mer. Qu’est-ce que ça peut lui faire, à la mer, si j’échoue? Jusqu’à présent, je voyais dans la mer une compagne, une amie pour faire route ensemble. J’avais trois vrais amis: Hagar, Maria et la mer. Mais la mer ne peut pas être une amie. L’eau n’a ni sentiment ni histoire. Elle ne fait rien, elle est, c’est tout. Si elle t’assassine, si elle te noie, il n’y a là rien à rechercher que ta propre stupidité. La mer n’est ni une amie ni une ennemie.
C’est un fait: tu es là dans l’eau. Que tout ton avenir en dépende, le tien et celui des autres – l’eau n’y peut rien. L’eau s’en fiche complètement.
Le problème de l’homme, c’est qu’il anthropomorphise tout. L’homme pense que l’eau a un plan. L’homme veut se montrer plus fort que l’eau, alors qu’il ne s’agit que d’eau: de l’eau sans pensées, sans arrière-pensées. »
(p. 124-125)

Toine HEIJMANS, En mer, traduit du néerlandais par Danielle Losman, Christian Bourgois éditeur, 2013


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