Le capitalisme est à bout de souffle. La mondialisation n'a fait que creuser l'écart entre les pauvres et les riches, et l'humanité doit aujourd'hui affronter une crise alimentaire mondiale.
Changement climatique, consommation croissante de la Chine et de l'Inde, méfaits des agro-carburants, les origines de cette crise ne manquent pas selon l'industrie agro-alimentaire. Mais qu'en est-il des profits colossaux générés par cette crise ? Alors que la famine frappe plus fort chaque année les pays pauvres, Cargill, le plus grand commerçant de grains au monde, a vu ses bénéfices augmenter de 86% durant le premier trimestre 2008. Bunge, autre géant de l'alimentation, a augmenté ses bénéfices de 77%. ADM, le géant des céréales, a enregistré une hausse de 67% de ses bénéfices en 2007. Les grands distributeurs profitent aussi largement de la misère du monde. Tesco, Carrefour, Wal-Mart affirment que la vente d'aliments est le secteur le plus fructueux.
Rappelons donc à ces messieurs industriels que l'ONU a lancé un appel à l'aide internationale pour la Somalie qui est durement frappée par la crise. Et voilà l'os, cette politique agricole désastreuse n'a pas pour objectif basic d'alimenter le monde. Et même si certains veulent nous faire croire que les OGM sont la solution à la famine, la mondialisation ne porte pas secours, elle spécule, assure toute sorte de conflit et n'est profitable que pour une petite élite, gardienne des frontières. Cette dictature corrigée manipule le monde et pour que certains fassent fortune, d'autres doivent mourir.
La famine fait spéculer
«Tirez avantage de la hausse des prix des denrées alimentaires.» C’est avec ce slogan que la banque belge KBC a lancé un nouveau placement financier, indexé sur le cours de six matières premières agricoles (cacao, café, sucre, blé, maïs et soja). Pour attirer ses clients, la banque invite sans détour à saisir «l’opportunité» que représente «l’énorme accroissement de la population», «les changements climatiques», «la pénurie d’eau et de terres agricoles». Rendement estimé, mais pas garanti : 14 %.
Alors que la flambée des prix agricoles entraîne des émeutes de la faim dans de nombreux pays du Sud, est-il décent de proposer un tel produit financier ? Peut-on spéculer sur la famine mondiale ? Est-il moral de miser sur la pénurie d’eau ? L’information, sortie récemment dans la presse belge, suscite la polémique dans le pays. Indignés, les parlementaires socialistes belges ont annoncé leur intention de déposer une proposition de loi visant à «interdire l’offre et la diffusion de produits financiers dont le seul objectif est de spéculer sur la hausse des prix des denrées alimentaires et d’en tirer profit». Mercredi, les députés socialistes européens leur ont emboîté le pas, en demandant à l’Union européenne d’interdire ce type de placement.
«Je m’excuse auprès des gens qui ont été choqués par le slogan», a déclaré à Libération la porte-parole de la KBC, Viviane Huybrecht, qui avoue que le dépliant commercial était mal formulé. Mais, sur le fonds, la KBC estime n’avoir rien à se reprocher. «Ce n’est pas ce produit qui influence le cours des matières premières, assure la porte-parole. La hausse actuelle trouve son origine dans une série de facteurs comme l’augmentation continue de la population mondiale, l’impact négatif du réchauffement climatique sur les rendements agricoles, la demande croissante de biocarburants…» Elle précise que le produit s’adressait à un groupe restreint d’investisseurs sur une période de souscription de courte durée (du 1er au 29 février 2008) avec des mises de fonds très limitées.
En tout, quelques centaines d’investisseurs se sont manifestés. Mais la KBC est loin d’être la seule institution financière à proposer ce genre de placement. Selon la commissaire européenne chargée de l’Agriculture, Mariann Fischer Boël, 140 fonds indexés partiellement ou totalement sur les prix des matières premières agricoles ont été lancés en février dans l’Union européenne.
La famine : pénurie ou problème de répartition ?
Un récent rapport de la FAO, SIWI et IWMI dénonce l'énorme gaspillage de nourriture durant la fabrication, le transport, mais aussi dans les supermarchés et chez les consommateurs. Aux Etats-Unis comme en Europe, jusqu'à 30% de la nourriture est jetée chaque année. Selon l'étude, pour éviter des pénuries d'eau et de nourriture, il faudra réduire la surproduction et le gaspillage de moitié d'ici 2025.
"Les récentes émeutes de la faim l’ont montré : des millions d’hommes et de femmes ne mangent pas à leur faim. Pourtant, des tonnes de nourriture encore consommables sont jetées chaque année." Et si on généralisait le système des banques alimentaires?
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