Marie Vingtras – Les âmes féroces

Après un premier roman aussi réussi que « Blizzard », cette nouvelle parution de Marie Vingtras allait forcément être analysée à la loupe par des chroniqueurs féroces toujours prêts à déglinguer ce deuxième exercice réputé très délicat. Force est de constater qu’à l’instar de Gaël Faye elle place ce deuxième ouvrage parmi les incontournables de la rentrée littéraire, confirmant tous les espoirs des nombreux lecteurs qu’elle avait déjà conquis… voire même plus !

Démarrant par la découverte du cadavre d’une jeune adolescente dans une petite ville rurale des Etats-Unis sans histoire, « Les âmes féroces » s’ouvre comme un polar mais se transforme très vite en véritable analyse de l’âme humaine. Reproduisant le schéma narratif de « Blizzard », l’autrice donne tout à tour la parole à quatre personnages qui apportent chacun un éclairage différent à ce meurtre. Alternant les narrateurs au fil de quatre saisons, elle propose quatre chapitres, quatre monologues, qui nous plongent dans l’intimité des personnages, au cœur de leurs émotions.

C’est cette écriture à la première personne, qui nous place au plus près des personnages, qui fait tout le sel de ce roman et qui est indéniablement l’un des grands talents de Marie Vingtras. Passant d’une shérif lesbienne à un professeur de français au passé douteux, puis de la meilleure amie de la victime à son père, l’autrice, tel un caméléon, change d’identité et de style avec une aisance époustouflante, s’appropriant chacun de ses personnages avec grand brio, décortiquant leurs âmes avec férocité, dévoilant leurs faiblesses, leur humanité, rien n’est ni vraiment blanc, ni totalement noir, aucun n’est véritablement innocent…

Tout en leur donnant progressivement vie, elle distille également une ambiance et installe un décor, celui d’un bled perdu où tout le monde se connaît… du moins en apparence. C’est avec grande subtilité, en filigrane, qu’elle dévoile toutes les pièces de son puzzle au lecteur… une petite phrase par-ci, une confidence par-là, progressivement les zones d’ombres s’éclairent et toute la noirceur de l’âme humaine se dévoile. C’est maîtrisé, envoûtant et prenant… je l’ai dévoré !   

Un incontournable de cette rentrée littéraire et une autrice dont je suis dorénavant très grand fan !

Les âmes féroces, Marie Vingtras, Olivier, 272 p., 21,50€

Elles/ils en parlent également : Yvan, Aude, Julie, Fred

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