Après 16 jours de compétitions, le bilan Français de la XIXè Olympiade est bien de chez nous, c'est-à-dire pas tout blanc mais pas tout noir avec quarante médailles mais trois places de moins au tableau des médailles. La moitié des objectif est remplie.
Ce qui est compliqué avec un tableau de médailles c'est qu'il est à double lecture. Le classement officiel prend en compte le nombre de médailles d'or devant le total de la délégation dans les trois métaux. L'objectif ministériel (Roselyne Bachelot) était lui « de conserver notre 7è rang et d'avoir entre 35 et 40 médailles ». Bernard Laporte suggérait d'épouser Roselyne si la France y arrivait... bref. Des chiffres qui étaient basés sur la foi des résultats des deux dernières années de compétition dans tous les sports engagés lors de cette Olympiade.
C'est raté pour la conservation du septième rang obtenu à Athènes puisque la France termine 10è. En replaçant ce résultat dans la dynamique des derniers Jeux, on remarque que le recul existait déjà, mais que celui-ci s'accélère : 7è à Athènes avec 11 médailles d'or (2004), 6è à Sydney avec 13 médailles d'or (2000), 5è à Atlanta avec 15 médailles d'or (1996). Paradoxalement, l'équipe de France n'a jamais autant rapporté de médailles lors d'une Olympiade moderne (les 50 dont 21 en or de 1900 ça ne compte pas !). 37 en 1996, 38 en 2000, 33 en 2004 et donc 40 en cette année.
Quelles raisons ?
Ce n'est peut-être pas la raison la plus pertinente, mais l'on ne peut l'écarter. À chaque Olympiade l'on constate que le concert de nations s'élargit un peu plus. Ainsi 87 pays ont remporté au moins une médaille à Pékin alors qu'elles étaient 75 à Athènes, 80 à Sydney, 79 à Atlanta. L'on peut néanmoins relativiser (ou s'inquiéter davantage) ces chiffres avec l'apparition de nouvelles disciplines comme le BMX, le VTT ou le taekwondo qui ont apporté 11 médailles (4 en or, 3 en argent, 4 en bronze) à la France depuis leurs arrivées aux Jeux.
Le constat accablant est que dans les 4 grandes disciplines des Jeux Olympiques, celles qui distribuent le plus de médailles, la France en récolte 9 sur les 333 à prendre et un seul titre Olympique sur les 111: L'athlétisme distribuent 141 médailles, la France n'en récolte qu'une (29è nation). La natation distribue 102 médailles, la France n'en prend que 6 (9è nation). 45 médailles à prendre en haltérophilie (10è nation), la France n'en a qu'une. 45 médailles en tir : 1 médaille (14è et dernière nation).
Hormis à Sydney, les Français ont toujours récoltés davantage de médailles d'or que d'argent. La question est alors simple pour Pékin : Une fois en finale, Les Français ne se seraient-ils pas satisfaits d'avoir déjà une médaille, point barre ? On pourrait pointer tout particulièrement Lucie Decosse et Benjamin Darbelet au judo, Daouda Sow en boxe, Julien Bontemps en planche à voile et comment ne pas parler du relais 4x100 nage libre... Ouais, c'est dégueulasse mais c'est comme ça ! Mais se ranger derrière l'arbitrage n'est pas un argument, surtout pas sur une épreuve bisextile et aussi lourdement suspectée soit l'arbitrage de la boxe selon des critères un peu plus évolué que ceux de Christian Delcourt (contre qui je n'ai rien).
La faillite des stars :
L'ambition aura donc étouffés pas mal de nos champions à commencer par celle que l'on croyait comme déjà la plus grande : Laure Manaudou. La championne Olympique du 400 mètres nage libre d'Athènes (et triple médaillée même cette année) a explosé en vol comme la conclusion d'une pénible agonie mise en épingle, coupé 21x29,7 et vendus à plus de 2 000 000 d'exemplaires. En un an, Manaudou en est à 4 entraîneurs. En natation ou dans n'importe quel autre sport, ce qui compte c'est la stabilité. Les explications ont été avancées partout sur tous les tons, on ne va pas les ressortir. Juste constater qu'à 21 ans, la championne a désormais connu beaucoup de chose : la gloire, la honte (les photos), la lose et la comparaison peu flatteuse à la réussite d'Alain Bernard. L'on peut pointer également le faillites de ceux dont on attendait beaucoup comme Yohann Diniz ou Tony Estanguet. Les raisons sont diverses. Le double médaillé d'or du canoë n'avait pas grand chose à prouver en plus d'avoir la presse médiatique sur ces épaules de porte drapeau de la France, pays des droits de l'homme plus trop prononcés en Chine... Il pouvait juste entrer dans l'Histoire du sport Françai en triplant sa médaille d'or. Yohann Diniz pouvait être le premier Français médaillé d'or en athlétisme depuis 12 ans et avait accumulé des chances d'y croire depuis deux ans (champion d'Europe 2006, vice champion du monde 2007). Le rémois a vécu une défaillance sans nom malgré une préparation qui se voulait optimale allant jusqu'à sécher la cérémonie d'ouverture pour se préserver de la pollution pékinoise.
On donnera tout de même un bémol sur l'échec de Teddy Riner. Le champion du monde, d'Europe a désormais une belle carotte pour changer sa médaille de bronze en or. Il n'a que 19 ans...
L'avènement de nouvelles stars :
La faillite des élites (bien français ça encore) a bien été compensé par des espoirs, des bonnes surprises (Steeve Guenot, Maheidine Mekhissi-Benabbad ou Anthony Terras) et des stars qui ont tenus leur rang (car il y en a eu quand même) puisqu'il y a 40 médailles au bout du compte. Ainsi Alain Bernard était candidat à la médaille, voire à plusieurs médailles. Et si les cheveux arrachés lors de la finale du relais 4x100 nages lui donnait une bonne chance de finir aux côtés de Manaudou, le gendarme et allé se sortir plein de choses du ventre afin de décrocher une médaille d'or hystérique sur le 100 mètres. Une médaille de bronze sur 50 mètres et trois autres de plus (deux pour Duboscq et une pour Levaux) pour un bilan de 6 médailles pour la natation française. L'un des rares bons bilans Français de ces Jeux.
Le BMX et le VTT auront apporté deux médailles d'or et deux médailles d'argent. Anne-Caroline Chausson a remporté le titre Olympique alors qu'elle revenait d'une dizaine d'années de descente en VTT (et autant de titres mondiaux), ce qui en fait une athlète qui marquera le cyclisme Français (bon y a Jeannie, certes...). Julien Absalon a lui rejoint le club très fermé des Français doubles médaillés d'or d'une olympiade à la suivante, à titre individuel et dans la même catégorie. Ce qu'on appelle vulgairement à la télé « conserver son titre ». Ils ne sont que neuf même à l'avoir fait depuis 1896.
Que se passe-t-il dans l'athlétisme Français ?
Que la délégation Française ne rapporte qu'une seule médaille des Jeux de Pékin n'est pas une contre-performance en soit. C'était plutôt prévisible. Une bonne performance pour les plus pessimistes. La médaille d'argent de Maheidine Mekhissi-Benabbad sur le 3000 mètres steeple fut une heureuse surprise qui a, en plus, trouvé l'utilité d'éviter le zéro pointé.
Le linge sale va se laver en famille après les échecs plus ou moins retentissant des quatre relais (4x100 et 4x400 hommes et femmes) variant entre temps médiocres et chutes de témoins. Guy Ontanon, co-entraîneur des relayeurs, annonçait le 21 août sa démission et s'en prenait vivement à l'état d'esprit très individualiste des athlètes Français à l'entraînement : « Je démissionne, ils sont ingérables, je vais consacrer mes week-ends à ma femme », déclarait-il à RFI ! Dans le collimateur, Ronald Pognon qui a renoncé au relais des sprinteurs Français, la faute à une petite douleur. Problème une IRM passée « montrait » qu'il pouvait courir. Pour ne rien arranger ce forfait intervenait à quelques heures seulement de la course. Un point de vue sensiblement partagé par son homologue des filles, Laurence Bily : « Si elles ne comprennent pas qu'il faut un collectif soudé pour avoir des médailles... » On est à des années lumières des titres mondiaux du 4x100 de 2005 (messieurs) et de 2003 (femmes).
Le DTN, Franck Chevallier a surtout critiqué la forme de ces pets de cervelle : « Ce sont des choses qu'on doit régler en interne ». Mais sur le fond, l'Athlétisme Français va devoir sérieusement tout repenser en plus de couper quelques têtes puisque des athlètes ne seraient pas harmonie avec leurs entraîneurs. La fédération a annoncé revoir les règles de sélections pour les épreuves individuelles et réaffirmer l'importance des relais. Mais plus loin que ça, l'équipe de France d'Athlétisme a besoin de structures, de détection, de professionnalisme et de concurrence !