Il y a quelques jours, Lyf Pay, le fournisseur décalé de solutions de paiement mis sur pied par BNP Paribas, Crédit Mutuel et Auchan, vantait l'introduction d'un nouveau service de règlement automatique des frais de parking via l'immatriculation de la voiture… Une occasion de se remémorer le vieux rêve de porte-monnaie de l'automobile.
Le principe est ancien puisque Oney (justement filiale, en partie, d'Auchan) commençait à l'expérimenter en Espagne sous la marque Automatric aux alentours de 2013. Il s'agit d'associer un instrument de paiement au véhicule, de manière à régler de manière transparente, sans aucune interaction humaine, par l'intermédiaire de la capture de la plaque d'immatriculation, les frais du quotidien – carburant, péage, stationnement… Le dispositif est toujours actif, mais il semble n'avoir guère fait d'émules.
Jusqu'à l'arrivée de cette option dans l'application Lyf Pay, donc, bien qu'il faille souligner que sa portée reste extrêmement modeste (pour l'instant ?). En effet, il n'est question ici que d'un seul partenaire, Parcus, gérant d'une petite vingtaine de parkings de la région de Strasbourg. Comme dans le modèle de référence, l'utilisateur n'a qu'à enregistrer son immatriculation et la carte sur laquelle seront affectées ses dépenses pour ranger et sortir sa voiture sans jamais se préoccuper de ticket ou de passage en caisse.
Même si elle n'étaient pas exemptes de limitations, dont notamment l'impossibilité de gérer des conducteurs multiples, un véhicule étant associé à un unique moyen de paiement, les premières aventures dans le domaine laissaient entrevoir une progression possible vers un système universel susceptible de faciliter la vie des automobilistes, qui aurait éventuellement débouché sur une matérialisation du concept de voiture financièrement autonome développé pour l'ère de l'économie de services.
Apparemment, l'idée n'a pas pris et il est intéressant d'explorer les raisons de cet échec. J'en perçois deux. D'abord, la mise en place initiale requiert un investissement conséquent, surtout pour les commerces où la lecture des plaques minéralogiques n'est pas déjà installée. Ensuite, et c'est plus important, les frictions du paiement ont été largement gommées par les outils qui se sont généralisés au cours de la décennie passée, dont les transactions sans contact, réduisant l'attrait d'une autre approche.
Désormais, l'opportunité du porte-monnaie de l'automobile est derrière nous, tout du moins dans sa version basique actuelle, et son implémentation par Lyf Pay restera probablement dans le registre de l'anecdote. Comme toujours, il faudrait une vraie rupture d'expérience pour enclencher une adoption massive et celle qui était envisagée en 2015 s'est aujourd'hui éloignée en même temps que la promesse de la conduite autonome et des nouvelles habitudes de mobilité qu'elle devait susciter.