Critique : "Babylon A.D" de Mathieu Kassovitz

Par Alban Ravassard

Bonjour à tous !

Un petit retour critique spontané à la sortie du film (très attendu) « Babylon A.D » de Matthieu Kassovitz d’après le roman « Babylon Babies » de Maurice G. Dantec. Je possède bel et bien le livre mais je ne l’ai pas lu avant de voir le film (grossière erreur peut-être) donc je me garderais de toute critique ou commentaire sur l’adaptation du livre à l’écran, sujet qui pourtant m’est d’habitude très cher (pour comprendre pourquoi allez voir ici).


Petit résumé rapide pour ceux qui ne sauraient pas de quoi il en retourne, « Babylon Babies » ; renommé « Babylon A.D » à l’occasion de son passage sur pellicule ; conte le parcours de Toorop, un mercenaire qui a mené bien des combats et survécu aux guerres qui ont ravagé le monde depuis le début du XXIème siècle. Un jour, la mafia qui règne sur l'Europe de l'Est lui confie une mission délicate : convoyer de Russie jusqu'à New York une mystérieuse jeune fille prénommée Aurora pour la remettre aux mains d'un ordre religieux tout puissant...

On avait de quoi attendre avec une certaine impatience Babylon A.D surtout après le récit mouvementé des difficultés rencontrées lors de son tournage ou encore après la déclaration volontairement prétentieuse de Matthieu Kassovitz annonçant vouloir « inventer une nouvelle grammaire cinématographique » par l’intermédiaire du film. Autant le dire de suite, Kassovitz échoue dans cette voie et cela sans grande surprise ce qui ne signifie pas que son Babylon A.D est exempt de qualités.


Kassovitz livre un film sous influence, comprenez par là très référencé, (notamment par Blade Runner) qui se révèle dans l’ensemble relativement efficace, contenant quelques scènes d’actions impressionnantes (voir en particulier la séquence des jet-ski, ou du sous-marin). Mais c’est aussi principalement par là que le bât blesse : l’action manque clairement de visibilité et cela entrave la lecture des scènes en question qui en deviennent du coup vite fatigantes et éprouvantes. Dommage que cela nous fasse décrocher aussi facilement alors que nous devrions être pris dans l’action. Le problème vient-il des rushes filmés ou du montage ? Le résultat final laisse perplexe quand à cette question.

Côté casting on retrouvera non sans un certain plaisir Lambert Wilson, Charlotte Rampling et Gérard Depardieu dans des scènes aussi courtes qu’elles sont agréables du fait du talent des interprètes susnommés. Incarnant Toorop, nous retrouvons un Vin Diesel monolithique, qui ne semble capable d’afficher que deux expressions et qui laisse principalement de marbre. La vraie surprise du film et surtout son point de force principal qui le tire indubitablement vers le haut est Mélanie Thierry qui incarne Aurora.


L’actrice colle parfaitement autant physiquement que dans son jeu et s’avère être la seule à vraiment tirer son épingle du jeu, pour notre plus grand plaisir. A ce titre, le thème musical associé à Aurora est tout bonnement magnifique même s’il se trouve noyé sous des influences musicales diverses et parfois un peu déplacées (le rap bling-bling du début…).

Pour conclure, on ne boudera pas un certain plaisir à la vision de ce film traité de manière relativement efficace par son réalisateur, empêchant ainsi tout ennui inopportun. Même si l’ambiance apocalyptique y est bien retranscrite et le rapproche par bien des thèmes aux « Fils de l’homme » d’Alfonso Cuaron, on visionnera plutôt de nouveau ce dernier qui, lui, restera une référence. « Babylon A.D », malgré ses effets spéciaux impressionnants et sa mise en scène parfois inspirée, reste un des moins bons films de son auteur.