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Bavures policières* : après Sidi Ifni à qui le tour ?!

Publié le 25 août 2008 par Unemarocaine

Depuis plusieurs semaines, il se passe des choses à Sidi Ifni. Pour l'incident déclencheur voir l'édito de ARB. Pour un rappel des faits complet le billet de Spy Jones. Ibn Kafka, quant à lui, a consacré plusieurs billets aux événements qui secouent Sidi Ifni. Le dernier, à ce jour !, retrace les événements à la date du 20 août. A la fin de celui-ci, il fait un rappel de ces billets par ordre chronologique.

Je signale aussi que l'été dernier ayant fait un tour dans le sud marocain d'Agadir à Laayoune en passant par Tiznit, Aglou, Mirleft et Sidi Ifni, on m'a appris que des événements ont eu lieu entre une partie de la population et le "Caid", si ma mémoire est bonne, de la ville. Ce dernier n'est pas en odeur de sainteté auprès de la population. La topographie de la ville aidant, pour ceux qui ne connaissent pas la ville de Sidi Ifni je précise qu'elle est nichée entre des collines et l'Atlantique, la population, en s'installant dans les hauteurs de la ville, l'a emporté sur les forces de l'ordre. Ce qui nécessitait l'envoi de renforts d'Agadir. Je ne sais pas si la presse en avait fait l'écho.

C'est la première fois que j'en parle sur ce blog même si j'avais commenté ici et ses événements. Ce n'est pas par fainéantise mais comment dire, tiens ce billet le résume bien. Ces infos ne sont absolument pas réjouissantes et nous parviennent, ça fait du mal de le dire à intervalle régulier, du plusbeaupaysdumonde. D'où le titre "Après Sidi Ifni à qui le tour ?" D'ailleurs, j'aurai pu titrer ce billet "Les mêmes causes produisent les mêmes effets". Car il ne faut pas se leurrer et aussi insupportable que cela puisse être, des matraquages et des violations des droits de l'Homme il y en aura d'autres.

A ce titre, un questionnement d'Ibn Kafka mérite qu'on s'y arrête :

" [...] la faute à qui si ces saloperies se répètent indéfiniment, à Rabat, à Marrakech, à Sefrou, à Ifni, sans que des sanctions impitoyables soient prises contre les matraqueurs - la faute à ces de matraqueurs et à leurs donneurs d'ordre ou aux matraqués? "

1- je me rappelle d'un documentaire passé sur la deuxième chaine marocaine 2M, c'était en 1998. Il était intitulé les "racines du mal". Un prof universitaire a mené une expérience assez intéressante. Elle consistait à mettre une vingtaine d'étudiants dans une prison. La première douzaine jouant le rôle de prisonniers. L'autre moitié le rôle de gardiens. L'expérience devait durer 3 semaines. Elle a été arrêtée au bout d'une semaine car les étudiants devant jouer le rôle de gardiens se sont surpris à produire des comportements tellement violents et humiliants vis-à-vis de l'autre moitié d'étudiants censés être les prisonniers, qu'ils se sont fait peur et ont fait peur à l'équipe universitaire.

L'une des conclusions de cette expérience fut que le fait de porter un uniforme confère un certain statut qui à son tour influe sur les comportements.

En relatant le souvenir de ce documentaire, je ne cherche pas excuser le comportement brutal voire barbare de ceux qui ont tabassé des citoyens non armés et ne représentant aucun danger pour qui que ce soit. Mais, tout simplement de chercher à comprendre. Vous rajouter à cette conclusion, qui reste à être étayée par d'autres études, deux éléments 1-la nature des rapports dans les organisations de type militaire où le respect des ordres, élément constituant, ne laisse aucune place à la possibilité de les discuter. 2-l'état des corps "militaires" au Maroc (l'opulence des hauts gradés vs la misère de la base) et on se retrouve face à un état explosif.

2- l'Etat de droit. On en revient encore et tjrs. Les bavures policières existent partout. Mais dans les Etats de droit qui le sont par les faits et non la parole, quand de tels regrettables événements ont lieu, les personnes incriminées répondent de leurs actes devant les autorités compétentes. Observe-t-on cela dans le plusbeaupaysdumonde ? La réponse que chacun apportera à cette question l'informera du degré d'Etat de droit dans lequel nous vivons...

3- Au delà des considérations économiques qui dans le cas présent sont prépondérantes, il reste un élément qui, à mes yeux est le pivot de cette atteinte renouvelée (!) aux droits de l'Homme, c'est le fait que cette culture de respect des droits de l'Homme n'a pas encore intégré le corps de la société marocaine de manière suffisante. Je ne vais pas trop le détailler je l'ai déjà fait dans mes échanges avec Spy Jones. Certaines penseront que ce n'est pas le coeur du sujet. Pour ma part, je pense qu'au contraire on est en plein dans le sujet. Certains détails, à tort, qualifiés d'insignifiants sont au contraire très révélateurs de choses plus graves et plus flagrantes dont entre autres ce que nous avons constaté lors de ces malheureux événements de Sidi Ifni.

Optimiste que je suis, je continue de nourir le rêve que des nouvelles pareilles cesseront d'alimenter l'actualité du plusbeaupaysdumonde. A partir de ce moment, il le deviendra dans les faits.

(*) ne sachant pas quel(s) corps "militaire(s)" est/sont intervenu(s) dans ces regrettables événements, j'ai utilisé l'expression "bavures policières" dans le sens "usage de la force disproportionné et préjudiciable à ceux qui en sont l'objet".

Salama - Nass El Ghiwan (navrée la chanson s'interrompt brusquement. Dommage)

Bavures policières* : après Sidi Ifni à qui le tour ?!

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