Désormais, le handicap n'est plus un critère suffisant pour accéder à une bourse d'études. «Une aberration» dénoncée par les associations à la veille de la rentrée.
A la rentrée, certains étudiants handicapés devront se passer de leur bourse d’étude. Jusqu’ici la situation de handicap était prise en compte dans l’attribution des bourses sur critères sociaux.
Mais, au printemps dernier, le ministère de l’Enseignement supérieur a revu en profondeur les conditions d’attribution. Résultat: dans les nouveaux dossiers de demande de bourse, seuls trois critères sont pris en compte: le revenu des parents, l’éloignement géographique et le nombre d’enfants à charge. Exit donc l’appréciation particulière du fait d’un handicap.
Désormais, les dossiers des étudiants handicapés seront traités comme les autres, sans distinction. «Sauf qu’en pratique, un jeune handicapé aura plus de difficultés pour trouver un job d’étudiant» souligne, indignée, Claire Ledu, assistante sociale de l’association Handisup, basée à Nantes.
Informées depuis le mois de mai de cette réforme, les associations du secteur ne comprennent pas la démarche du gouvernement. «Franchement, c’est aberrant. Sans cette bourse, certains étudiants vont se retrouver dans une situation très difficile. Surtout ceux qui ne bénéficient pas de l’Allocation aux adultes handicapés (attribuée en cas de taux d’incapacité permanent au moins égal à 80%)».
1.200 étudiants handicapés lésés
Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, 1.200 étudiants handicapés sont affectés par la refonte du calcul des bourses. Et en moyenne, cela équivaut pour chacun à une perte de 1.000 euros par an. «L’objectif, ce n’est pas tant de faire des économies mais plutôt de gagner en cohérence dans l’attribution des aides, explique le ministère. Et d’éviter les doublons. Les étudiants handicapés bénéficient déjà d’une prestation de compensation de handicap pouvant atteindre 1.500 euros par mois.»
«C’est n’importe quoi, rétorque Claire Ledu de Handisup. Cette prestation sert à payer une aide humaine. Par exemple, une auxiliaire de vie chargée d’aider l’étudiant handicapé dans sa vie de tous les jours. Elle ne remplace en aucun cas la bourse d’étude, censée elle, aider l’étudiant à payer sa nourriture ou ses fournitures scolaires.»
Comme beaucoup d’associations, Handisup a commencé à lister les étudiants handicapés lésés par cette réforme. Une fois centralisé, ce registre sera présenté à la ministre Valérie Pécresse en espérant un revirement de sa part.
Et face à cela, Nicolas Sarkozy s’est engagé pendant sa campagne électorale à rendre gratuit les frais de scolarité des écoles et lycées français. Selon le Canard enchaîné, la mesure coûtera quelque 713 millions d’euros d’ici 10 ans et surtout "il y a des gens qui n'en avaient pas besoin", avait déploré le ministre des affaires étrangères B.Kouchner, lors d'une audition au Sénat, en référence aux parents d’élèves qui disposent de revenus annuels compris entre 500.000 et 2 millions d'euros...