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Le pouvoir a-t-il un sens ?

Publié le 25 août 2008 par Tanjaawi

Changer la pensée :
Je voudrais, tout d’abord, au moment de clore, au moins provisoirement, cette longue analyse, rappeler que je n’ai nulle prétention à me présenter comme un philosophe ou comme un penseur. Non, je ne suis qu’un homme parmi les autres. Mon seul objectif est de vous inviter, chacun à votre manière, selon votre culture, à changer votre pensée, à la faire évoluer en renversant les frontières des habitudes et du confort. Il faut tenter, toujours, si l’on veut avoir une façon de penser qui aille plus loin que les faits, que les apparences transmises par ces faits ou par les discours, de chercher le sens, de comprendre pourquoi les êtres agissent de telle ou telle manière. Il faut, et c’est vital, renverser les certitudes établies, qu’elles le soient par nous-mêmes ou par la société, l’éducation, la culture.

S’écarter de l’avoir qui fait la cupidité :
Pour que notre pensée soi effectivement tout autre, il faut chasser les réflexes de peur, de soumission aux pouvoirs, de haine et de violence. Rien d’important, aucun progrès, pour nous et l’humanité dans sa totalité, ne peut se faire sous l’emprise de ces réflexes, tous liés, sans doute, à nos origines dans la nuit des temps. Tant que nous demeurons dans le domaine des réflexes liés à notre animalité, nous attacherons de l’importance à l’avoir, au désir d’avoir, au désir de posséder les objets autant que les humains, pas plus considérés comme des objets. Nous continuons, en fait, à vivre à l’âge du nourrisson de l’humanité. Nous restons, dans ce cas, dans une impasse qui, aujourd’hui, s’aggrave au travers de l’esprit de consommation, et cette impasse, je n’en doute pas, est mortelle dans un délai désormais très bref...

Abandonner les conformismes :
Il nous faut quitter les conformismes. Que veulent dire, lorsqu’on y songe sérieusement, les normes établies au fil des siècles, dès lors qu’on réalise qu’elles ont été, pour l’essentiel, imaginées et voulues par les pouvoirs successifs ? Le respect des normes n’est pas synonyme de respect des humains ou de la vie ; c’est uniquement l’obéissance aveugle à des lois décidées par d’autres pour la survie de leur pouvoir. Ouvrez votre esprit et comprenez, par exemple, que la « mode » est une norme imposée par des entreprises pour l’unique intérêt de ces entreprises. Comprenez que si vous ne suivez pas la mode et qu’on vous traite de « ringard », c’est un chantage stupide sur votre manque de réflexion profonde, manque espéré par les marchands. Un esprit adulte n’a que faire de ces enfantillages...

Changez de valeur, classez-les autrement :
Je l’ai dit précédemment, mais je le répète car c’est important, la « valeur » argent, rejetez-la aux derniers rangs des nécessités. Mais remontez au tout premier rang, la valeur humaine, la relation avec vos proches, mais aussi avec tout être que vous avez la chance de rencontrer. Comprenez que l’argent n’est rien qu’une utilité alors que l’être humain est tout ce qui compte, tout ce qui doit polariser votre attention. Ainsi, remettez de l’ordre dans vos priorités, du moins par rapport aux priorités que les pouvoirs cherchent à vous inculquer. Voyez avec ce raisonnement comme l’obsession de la croissance, si présente dans les discours de nos gouvernants, devient pratiquement ridicule à côté de la valeur humaine. Si vous comprenez cela, c’est tout le système économique actuel que vous rejetterez. Vous comprendrez dans toute sa profondeur, l’affirmation suivante : « Ce n’est pas l’homme qui est au service de l’économie, mais l’économie qui doit être au service de l’homme ». Et vous comprendrez à quel point le système qui oppresse aujourd’hui le monde est pervers. Vous comprendrez également l’une des méthodes essentielles de l’idéologie, pratiquée par tous les pouvoirs politiques et économiques : l’inversion systématique de toutes les valeurs humaines ; la vérité devient mensonge et le mensonge est présenté comme la vérité.

Pourquoi est-il urgent de résister ?

Pourquoi ? C’est d’une simplicité quasi enfantine : Le monde est malade des pouvoirs ! Il est, nous sommes tous, comme l’enfant sous la pression d’un parent possessif, malade et ignorant de ce qu’est la liberté, ne comprenant même pas pourquoi nous sommes captifs...

Au point où en est arrivée ma réflexion personnelle, je ne trouve plus rien de bon à aucun pouvoir, même si certains de ces pouvoirs resteront encore nécessaires en attendant notre émancipation.
- Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs politiques !
- Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs économiques !
- Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs médiatiques !
- Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs scientifiques !
- Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs culturels !
- Notre monde, notre humanité est malade des pouvoirs religieux !

Et nous sommes atteints jusque dans nos familles, jusque dans nos couples où, trop souvent, l’un ou l’autre, voire les deux, cherchent le pouvoir ! Quel domaine est libre des pouvoirs ? Au bilan, nous sommes malades de ne pas avoir su ou pu nous libérer de nos instincts primaires, qui, j’en suis convaincu, commandent encore notre être. Vous avez parfaitement le droit de penser que je suis excessif, mais analysez-vous, regardez votre vie personnelle, familiale, professionnelle ; observez la façon d’agir des autres pouvoirs...

Que faire ?

Je ne possède pas plus la clef de cette solution que la vérité. Mais je crois tout de même que la priorité est de changer notre pensée, de la libérer comme je l’ai dit au début de cet article. Ainsi, nous pensons, généralement qu’il n’est pas possible de se passer des pouvoirs. Forcément, nous sommes placés depuis toujours dans une logique de dépendance. Mais pourquoi, pourquoi donc, l’esprit humain, si ingénieux pour concevoir les pires formes du pouvoir, ne pourrait-il pas enfin, au début de troisième millénaire, imaginer la vie adulte des peuples, sans la tyrannie des pouvoirs ? Sortons de la dépendance !

Un exemple parmi d’autres :
Le pouvoir patronal, allié au pouvoir politique, et les deux alliés aux pouvoirs financiers, nous tiennent de plus en plus à la gorge. Leur moyen ? Le salariat ! Je reste profondément frappé qu’en presque deux siècles, des hommes brillants comme Marx, Jaurès, tant d’autres encore, n’aient pas trouvé un moyen d’abattre le salariat et de le remplacer par une liberté nouvelle. Ils ont voulu combattre le capitalisme et ils avaient raison. Mais, au-delà, la nature humaine étant ce qu’elle est, ils pouvaient imaginer qu’aussi longtemps qu’existerait une anomalie comme le salariat, les capitalistes reviendraient à la charge pour transformer les salariés en esclaves, ce à quoi nous assistons de façon tragique désormais.

Tout salarié est « possédé » par son patron et, en France, au travers du « contrat nouvelles embauches », les derniers garde-fous viennent de sauter. (Disposition supprimée depuis l’époque de la première rédaction de ce texte.) La possession sera de plus en plus étouffante, qu’on ne s’illusionne pas. Mais parce que personne n’a réfléchi au remplacement du salariat par une autre forme de moyen de subsistance, ou, qu’en tout été de cause personne n’a trouvé, pour l’heure, d’alternative au salariat, les chaînes sont bien enroulées autour de nos poignets. Sans aucun doute, ce problème est des plus complexes ; la solution exigera nombre de renoncements en termes de confort, de sécurité, mais aussi en termes, pour les plus ambitieux, de conquête des pouvoirs, des plus modestes au plus grands en entreprise. Je suis pourtant convaincu qu’il n’existe pas de problème sans solution.

Il n’est pas de liberté conquise sans souffrances.

Qu’on ne s’y méprenne pas : Je ne fais pas l’apologie de la souffrance. Je constate, comme tant d’autres avant moi, que la souffrance fait partie intégrante du parcours nécessaire pour atteindre l’âge adulte. En outre, lorsque je parle de souffrance, je ne parle bien sûr pas des souffrances liées à des maladies, à des décès naturels, ces souffrances écrasantes dont l’homme n’est pas ou peu responsable. Ce que je veux dire, c’est qu’aucun espace de liberté ne s’est jamais conquis sans que ceux qui se battent n’aient, sous une forme ou une autre, à en souffrir. Mais c’est à partir du moment où ils ont accepté cette souffrance et qu’ils sont parvenus à la dépasser, que le progrès essentiel a pu s’accomplir.

Si je reprends l’exemple précédent, il est bien évident que si nous trouvons une solution alternative au salariat, ce ne sera pas sans souffrances, au début du moins. Ce sera une vie avec bien moins de sécurité (encore que parler de sécurité pour le type de salariat actuel, relève du fantasme), ce sera une vie forcément moins confortable, bien plus rude. Mais ce sera le début d’une liberté qui ne demandera plus qu’à grandir. Et c’est toujours la liberté qui fait grandir, pas l’asservissement.

Un tel chemin nous obligera, si nous avons le courage de l’entreprendre, le développement de la conscience collective, donc son corollaire, l’amenuisement progressif de l’individualisme. Mais qu’avons-nous à y perdre ? Rien ! Tout au contraire, nous avons tout à y gagner. La conscience collective est le moyen le plus sûr de retrouver à nouveau le chemin de la solidarité.

Conclusion

La condition du progrès humain nécessite la fin des « pouvoirs » tels que nous les avons connus jusqu’ici. On peut concevoir une sorte de « conseil des sages » pour guider les humains, mais certainement plus pour les gouverner. Les pouvoirs, tous sans exceptions, ont signé leur échec.

Tant que des hommes voudront le pouvoir, qu’ils feront tout pour l’acquérir et le conserver, tant que des peuples seront prêts à le leur confier, ces derniers ne deviendront pas adultes. Etre véritablement adulte, c’est-à-dire devenir un humain accompli, signifie de tout faire pour n’être sous les ordres de personne, et de ne commander personne. L’humain accompli, pour être pleinement humain, est celui qui se met au service de tous, sans le moindre calcul, sans la recherche du moindre bénéfice personnel.

Il y a un chemin qui me semble possible. C’est celui des inventions de pratiques de vie alternatives, comme je l’ai dit dans un précédent article. Ici ou là, des expériences sont menées. Elles ne concernent, en général qu’un petit nombre d’individus. Mais ce chemin me paraît excellent et essentiel, parce que, peu à peu, ces humains qui pratiquent ces alternatives apprennent à se passer des pouvoirs.

Inutile d’affronter les pouvoirs, rendons-les inutiles par une nouvelle pensée, de nouvelles attitudes personnelles et de nouvelles pratiques de vie. Ils tomberont enfin comme les fruits pourris qu’ils sont, et le souffle de vie, enfin, pourra rejaillir, libéré des chaînes millénaires...

par Jean Dornac publié dans :   Non-violence, politique et vie


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