La Martinique à la Biennale de Dakar

Publié le 13 mai 2024 par Aicasc @aica_sc

Des rumeurs circulaient de ci de là et puis la nouvelle du report de la Biennale de Dakar est tombée fin avril, à trois semaines de l’ouverture prévue, le 15 mai. La manifestation se tiendra finalement 7 novembre au 7 décembre 2024. La situation politique au Sénégal n’a pas permis la mise en place complète du financement. Un casse-tête pour tous ceux, artistes, curators, journalistes qui avaient déjà programmé leur voyage et convenu de rencontres professionnelles.

Dans toute biennale, comme vous le savez, il y a un programme IN et un programme OFF. Le programme OFF de Dakar qui ne dépend que de financements privés est maintenu du 15 mai au 15 Juin. Lors de l’édition 2022, quatre cent trois (403) évènements étaient inscrits dans la brochure OFF. Aujourd’hui, on ne parle plus de OFF mais de Parcours. Le programme complet n’est pas encore dévoilé mais ce qui est certain, c’est qu’il y a un Pavillon Martiniquais dans le Parcours du mois de mai à Dakar. C’est une initiative conjointe de La Fabrique décoloniale, de la Station culturelle et de Trois-quarts.

C’est la galerie B-Home qui avait accueilli lors de la dernière Biennale 2022, l’exposition personnelle de Valérie John, Indigo, le cabinet des curiosités qui abrite ce nouveau projet, le Pavillon martiniquais. Située dans le quartier des Almadies au cœur de Dakar, à proximité des ambassades, des grands hôtels et de lieux de prestige, la Galerie B HOME est un lieu d’exception de sept-cent-quatre-vingt -cinq (785) mètres carrés qui offre trois espaces d’exposition, un bar, un espace de restauration et un roof top avec vue sur la baie de Dakar.

B-Home

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D’emblée, le titre interpelle. Comment l’interpréter ? Ce titre, comme chaque mot du texte fondateur de cette exposition conçue par cinq commissaires, a été murement réfléchi, pesé, discuté.

Comme un pied de nez à l’histoire de l’art, il ramène au fameux Ceci n’est pas une pipe de René Magritte et induit immédiatement le questionnement Si ce n’est pas … qu’est – ce que c’est ?… En même temps il fait écho aux expressions si souvent répétées, si souvent entendues Pays Martinique…Péyi a cé ta nou. Faire peuple se révèle manifestement une question à l’ordre du jour. Le graphisme (la rature) se fait éloquent. Mais il s’agit ici, au-delà de toute glose erronée, de se demander comment un créateur se positionne par rapport à cette problématique du territoire et de l’histoire. Il s’agit de déplacer le curseur pour lui permettre trouver sa liberté dans un espace de création inscrit dans un contexte géographique et historique particulier mais ouvert au monde.

Le texte des commissaires du Pavillon de Martinique

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Dans le même temps le terme Pavillon renvoie à la tradition des représentations nationales des plus anciennes biennales et ce Pavillon martiniquais auquel s’est adossé au fil du temps de la préparation le sous-titre Black, Blue, Bless, a choisid’élargir les frontières de l’île en accueillant des artistes de Guadeloupe, Anaïs Cheleux, et de Guyane, Natypha Michel, du Cameroun, Tania Doumbe Fines.

L’ouverture à tous les arts est aussi inscrite dans la programmation autour du noyau des arts visuels : Valérie John, Julie Bessard, Chantal Charron, Tabita Rezaire, Gwladys Gambie, Jérémie Priam, Maroussia Pourpoint. En effet ce pavillon présente aussi de la performance avec Arthur Francietta, du cinéma, de la photographie avec Jordan Beal et Nicolas Derné, du design avec Jean- Marc Bullet, Ibiyane, Dach et Zephir en accord avec la ligne artistique du lieu d’accueil, B-Home, spécialisé dans le design.

Ce commissariat de groupe a sélectionné des œuvres qui répondent à la thématique de la biennale, The wake et à la question énoncée par la commissaire générale de la Biennale, Salimata Diop dans un article de Jeune Afrique de février 2024 : Comment va- t- on faire pour accepter notre histoire qui conduit à notre présent ? Comment va- t – on faire pour imaginer l’avenir et faire face aux transformations du monde ?

Elle y explique   sa vision et la réflexion qui a guidé ce choix :

Le titre de l’édition sera « The Wake ». C’est un titre en anglais, assumé car je considère que c’est une biennale internationale. Le terme « wake » comprend plusieurs sens. C’est le sillage d’un bateau, c’est l’éveil, c’est aussi la veillée funéraire. C’est un terme qui fait écho à l’œuvre de Christina Sharpe, In the Wake: On Blackness and Being (2016). C’est une de ces œuvres récentes qui ont marqué ma vision et ma compréhension du monde – et influencé mes perspectives. Dans cette édition de la biennale, je m’empare de ce terme littéralement, parce que je trouve que la notion de sillage est belle et poétique. J’ancre cette thématique dans l’eau, les rivières, cette presqu’île qu’est Dakar et cette ville de mon enfance qu’est Saint-Louis, dans le grand delta du fleuve Sénégal. Je réfléchis à ce que peut représenter la notion de sillage pour le temps présent – notre monde de l’après-pandémie, en pleine transformation. Je me demande comment on va faire pour imaginer l’avenir et faire face à ces transformations, notamment écologiques. Comment on va faire pour accepter notre histoire, aussi, qui conduit à notre présent. Je veux que ce questionnement concerne aussi les œuvres elles-mêmes, car pour moi, il y a un sillage de l’œuvre.

Comme l’explique Valérie John, un des commissaires du Pavillon, le report de la biennale renforce le côté expérimental du commissariat qui par la force des choses devient évolutif. Le Pavillon de Martinique sera présent à Dakar en mai et en novembre mais la programmation sera reconfigurée et enrichie.

Vernissage le 22 mai pour la première phase artistique du Pavillon de Martinique

DB