(image trouvée ici)
exemple typique ici : http://www.continentalnews.fr/actualite/sante,7/overdose-d-antidepresseurs-jusqu-ou-ira-t-on,2160.html :
"Les Français sont les premiers consommateurs des médicaments psychotropes, appelés aussi antidépresseurs. "
Pfff, même sans être médecins, des médicaments psychotropes, c'est pas des antidépresseurs. Il faudrait peut-être se renseigner avant de débiter n'importe quoi. Alors dans la classe très large des médicaments psychotropes il y a :
- des tas de médicaments pour traiter des maladies psychiatriques très lourdes sur lesquelles je ne m'étendrai pas ici (neuroleptiques, etc etc) pas concernés par l'article.
- des anxiolytiques/calmants prescrits depuis belle lurette de façon excessive pour permettre de dormir, à la moindre contrariété et pouvant provoquer une dépendance. Ils forment très probablement le gros du bataillon expliquant que les français sont des gros consommateurs de psychotropes
- les antidépresseurs pour soigner certains types de dépressions et mis en question aussi ici.
Il est fort possible que des antidépresseurs soient prescrits chez certaines personnes pas réellement dépressives. Il parait qu'il y a des boites pharmaceutiques derrière tout ça qui font le forcing pour faire du chiffre. Mais des racourcis pris par certains articles me semblent tout de même inquiétants. Doit-on culpabiliser les gens sous anti-dépresseurs en leur faisant croire qu'ils n'en auraient pas besoin?
- On ne peut nier qu'il y a en France des personnes déprimées, avec un tau de suicide non négligeable.
- Parmi ces personnes déprimées, 6 sur 10 ne consulteraient pas et ne seraient pas soignées (voir jdd).
Si, on commence à dire qu'on fait une over-dose d'antidépresseurs en France, j'ai bien peur qu'il y ait encore moins de personnes réellement déprimées qui aillent se faire soigner.
Bon, sinon, vous direz, mais comment ça marche ces médicaments.
Imaginez une personne qui a un gros stress, un travail monstre à faire en un minimum de temps. Son corps va réagir et sécréter de l'adrénaline, pour la faire agir et obtenir le résultat attendu. Si elle peut faire le boulot, elle va le faire, sera contente, se reposera et puis basta. Si son voisin de bureau vient lui casser les pieds pour autre chose mais qu'elle est polie, elle va ronger son frein, s'inquiéter, angoisser, aura peut-être du mal à dormir. Si elle va voir un toubib, il lui prescrira peut-être des anxiolitiques. Ca permet de calmer la situation pour une période courte. Si elle en prend trop longtemps, l'organisme s'habitue et il y aura dépendance, pas bon.
Si cette personne ne va pas voir de toubib, elle pourra calmer son angoisse en faisant du sport pour se défouler ou en piquant une grosse colère, pour repartir sur des bases plus saines. Mais si cette situation d'angoisse devient habituelle, l'organisme finit par s'épuiser en ordres contradictoires et il s'épuise. C'est là qu'apparait la dépression. La personne capitule et devient incapable de faire quoi que ce soit. C'est une véritable pile déchargée. Que faire ?
Une possibilité est de faire repartir la machine. C'est là qu'agissent les anti-dépresseurs. Seulement, en faisant repartir la machine, si la situation de la personne est toujours aussi pénible, la personne agit, mais pas dans le sens attendu et ça peut provoquer des tendances suicidaires. Et c'est là que les anti-dépresseurs sont très décriés, notamment pour les adolescents.
Un autre problème avec les anti-dépresseurs, c'est qu'on peut considérer que dans certains cas, la dépression est une sorte de protection, une mise au repos, face à une situation sans issue. Si on met sous anti-dépresseurs une personne toujours dans la même situation insoluble, elle va à nouveau s'épuiser, puis les antidépresseurs seront augmentés, sans résoudre aucun problème. Si on ne la soigne pas, les conséquences peuvent être également dramatiques . Et elle risque de mettre plus longtemps à se rétablir.
Pour conclure, avant de critiquer l'usage des antidépresseurs en France, il faudrait s'inquiéter des personnes souffrant d'un réel mal-être, comment on en est arrivés là, comment éviter que ça se reproduise. Et là, c'est un peu toute la société qui est responsable.