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Sur les bancs des écoles

Publié le 16 août 2024 par Raymondviger

L'auteur, un intervenant comptant plus de 30 ans d'expérience auprès des jeunes, prône les avantages des petites écoles de quartier par opposition aux méga-écoles. Les écoles doivent s'adapter aux élèves, et pas le contraire.

Des écoles de quartier

Pourquoi les écoles ne sont plus situées dans les quartiers? Pourquoi les avoir remplacé par des écoles de 2 500 élèves?

Avec des écoles de proximité les enfants vont à l'école à pied. Moins de transport en autobus scolaire. Moins d'obésité pour les jeunes. Le jeune arrive ainsi à l'école dans un meilleur état d'âme et mieux disposé à suivre ses cours. Après une heure en autobus, pas surprenant que le jeune ait besoin de bouger et de sauter partout. Va-t-on lui ajouter une prescription de Ritalin pour le calmer ?

Les administrations scolaires créent des mégas écoles parce qu'ils ne veulent pas offrir les services spécialisés pour accompagner les jeunes pour de petites écoles. Cette façon de faire les oblige à regrouper dans la même école des jeunes d'un plus grand secteur, forçant l'usage des autobus scolaires. Une petite école peut plus facilement être réaffectée dans d'autres fonctions si elle devient moins nécessaire pour un quartier donné.

Une communauté doit avoir la capacité d'intégrer ses jeunes, ses personnes âgées, ses personnes vivant avec un handicap physique ou mental... Toutes ces personnes qui sont différentes et qui ont des besoins différents. L'harmonie est un équilibre dans tous ces extrêmes. Une société ne peut vivre en paix si elle délaisse une partie de ses citoyens.

La vie de quartier et son appartenance intègrent mieux ses habitants qui ne sont plus des gens anonymes qui se limitent au métro-boulot-dodo.

Combattre la pauvreté

Une métropole ne peut fermer les yeux sur la pauvreté. Elle peut devenir un cancer qui ronge sa communauté. Un conflit entre deux mondes qui s'affrontent. Les riches qui veulent des services, une qualité de vie. Des pauvres qui ne demandent qu'à rester en vie.

On peut se limiter à embellir un quartier, à rénover les immeubles, en augmenter le nombre de logements et tasser la pauvreté toujours un peu plus loin. Mais comment vaincre la pauvreté?

J'ai connu un entrepreneur qui a fait beaucoup d'argent et qui vivait très bien. Comme instruction, il avait une 2e année. Habile de ses mains, il a construit des maisons toute sa vie. Il m'avouait que s'il était né une vingtaine d'années plus tard, il lui aurait été impossible de faire la carrière qu'il a faite. Parce qu'il lui aurait alors fallu toutes sortes de diplômes pour ensuite avoir des cartes et des permis pour planter un clou dans une planche de bois. Avec sa 2e année, il serait possiblement pauvre et itinérant. On exige minimalement un Secondaire 3 pour avoir accès à des cours sur les métiers de la construction. Certaines études exigent même le Secondaire 5.

Selon certains, l'école n'est pas adaptée pour accueillir des gens qui apprennent différemment. Ils y arrivent, marteau à la main, en observant et en suivant des gens plus expérimentés. Pour eux, c'est en se brisant les doigts d'un coup de marteau qu'on apprend à devenir ébéniste ! Qu'est-ce qui est le plus important ? Un diplôme ou une autonomie professionnelle ?

Est-ce qu'une des causes de la pauvreté est d'empêcher des gens qui apprennent différemment d'avoir accès à un métier plus rapidement ? Comment pourrions-nous pratiquer le plein emploi si certains jeunes n'y ont pas accès ? Ne serait-ce pas le rôle des institutions scolaires de s'adapter aux jeunes dont elles ont la responsabilité d'instruire et d'éduquer ?

Les institutions scolaires devraient-elles changer leurs visions de l'éducation et leur façon de faire? Les écoles devraient-elles prendre exemple sur les écoles alternatives? Un établissement de quartier avec moins d'élèves. Une plus grande autonomie pour créer et appliquer le programme en fonction des besoins de ses jeunes. Ainsi la communauté pourrait s'implique plus adéquatement dans les besoins de ses jeunes. Parce que ça prend un village pour éduquer un jeune.

Au primaire, les enseignants sont des adultes significatifs qui restent auprès des mêmes jeunes pendant plusieurs années. Une façon d'établir une relation solide entre enseignants et élèves.

Les limites de l'enseignement

L'enseignement nécessite une flamme sacrée, une passion. Il est primordial de soutenir ces adultes significatifs dans leur mission. Et lorsqu'un enseignant a atteint son point de saturation, ne devrait-on pas l'aider à se reclasser. Il faut éviter de les laisser demeurer dans l'enseignement afin de conserver sa sécurité d'emploi et toucher leur retraite. Un professeur déprimé ne peut plus être un adulte significatif pour un jeune. Il devient un grain de sable dans la grande roue de l'éducation. Il est possiblement préférable de le transférer vers un autre emploi où il pourra s'épanouir et demeurer significatif d'une autre façon.

Un pilote d'avion professionnel doit passer des examens de perfectionnement et des examens médicaux à tous les six mois pour conserver son poste de travail. Parce que lorsque nous avons la responsabilité de vies humaines, nous voulons que le pilote ait toutes ses facultés et compétences pour arriver à destination.

Pourquoi ne pas faire de même avec nos enseignants, nos infirmiers et tant d'autres corps de métiers qui prennent soin de la population?

L'objectif d'une société est d'encourager ses jeunes à être scolarisés et de leur offrir les outils nécessaires pour qu'ils le soient. La scolarisation peut se faire par l'observation, par des essais et erreurs. L'école doit s'adapter aux jeunes, dans toutes leurs différences.

Autant l'environnement doit être différent pour les jeunes qui ont des besoins particuliers, autant il doit l'être pour les premiers de classe. Ralentir un premier de classe dans son apprentissage équivaut aussi à un suicide scolaire. Un premier de classe ne veut pas fonctionner à 75%. Il veut aller à 120%... minimum. Le décrochage n'est pas juste le dernier de la classe qui ne réussit pas à suivre. C'est aussi le premier de classe qui ne réussit pas à attendre les autres.

Texte inspiré du livre Regard vers le futur du même auteur. http://editionstnt.com/produit/regard-vers-le-futur

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