Et alors, elle est comment Louise Bourgoin ? Très bien, très bien. Elle joue à merveille la fausse cagole jouant de sa plastique pour arriver à ses fins. Voilà une actrice prometteuse, à condition de ne pas être cantonnée à un seul type de rôle (souhaitons-lui de pouvoir jouer autre chose que des miss météo).
Ce point crucial évacué, parlons donc de La fille de Monaco, qui passerait presque au second plan derrière le tapage médiatique réalisé autour de la demoiselle depuis qu'elle a investi les plateaux de Michel Denisot et fait ses débuts sur grand écran. On reconnaîtrait entre mille le style de la fascinante Anne Fontaine, qui rate ses oeuvres plus souvent qu'elle ne les réussit mais parvient toujours à captiver jusqu'au bout, comme un funambule pouvant se casser la margoulette à chaque seconde. Comme plusieurs de ses oeuvres précédentes, elle livre un film dont la première heure ressemble à une gigantesque scène d'exposition, avant d'en expédier la conclusion, visiblement apeurée à l'idée de faire un film de plus d'une heure trente. On s'attache à ces personnages, on les comprend, on les désire (enfin, pas tous), et on les lâche juste quand ils commençaient à dévoiler tout leur potentiel. D'où une impression de frustration face à ce film ni mauvais ni détestable mais qui passe une fois encore à côté de son sujet.
Il y avait pourtant une vraie perversité dans la description de ce triangle "amoureux" où le grand avocat tombe sous le charme d'une donzelle que fréquenta jadis son chauffeur. Manipulation et jalousie sont au programme, mais ne sont jamais vraiment concrétisés (sauf à la fin, trop facile et surtout trop attendue car déjà vue plusieurs fois chez Fontaine). Restent les prestations de Luchini, ni dans la caricature ni dans le contre-emploi, et du toujours impec Roschdy Zem, grand acteur qui ne fait pas de bruit mais s'impose un peu plus à chaque apparition. Quant à mademoiselle Bourgoin, puisqu'on ne parle que d'elle, elle est le révélateur d'un film dont les dialogues sont bien troussés mais tournent rapidement en rond : tout spectateur bassement attiré par les femmes finira par se concentrer sur sa splendide paire de guiboles plutôt que sur ce qui se dit. On sort du film un peu émoustillé mais pas vraiment rassasié.
5/10