Comme chaque année, le 15 août, jour férié partagé par tous les Français, sonne le cœur de l'été. Pour célébrer ce jour de fête, certaines communes organisent souvent à cette date des festivités populaires : bals ou feux d'artifice.
Mais, savez-vous quel événement particulier est commémoré le 15 août et pourquoi cette date est particulièrement célébrée en France ?
Le 15 août est avant tout une fête chrétienne ( sauf chez les protestants) qui célèbre l' Assomption de la Vierge Marie, corps et âme, vers le paradis.
Cette fête ne doit pas être confondue avec l'Ascension qui rappelle la montée au ciel de Jésus-Christ, célébrée 40 jours après Pâques.
La différence sémantique s'explique par la racine latine de ces deux termes : ascension vient du verbe ascendere (monter, s'élever) qui indique donc une action volontaire, tandis que le mot assomption vient du verbe assumere (assumer, enlever), qui indique que cette élévation vers le ciel est une volonté divine.
L'Église et la fête de l'Assomption
Cette Assomption n'est pas mentionnée dans les textes des premiers temps de l'Église. Cependant, cette fête mariale trouve son origine dès les premiers siècles, dans les Églises orientales, où elle porte le nom de Dormition de la Vierge. Les orthodoxes croient ainsi que Marie s'est comme " endormie ", sans aucune peur, dans la mort.
D'abord célébrée mi-janvier, la montée au ciel de Marie est finalement commémorée le 15 août, selon le souhait de l 'empereur romain d'Orient, Maurice (582-602).
C'est le pape Théodore (642-649), originaire de Constantinople, qui importe, en Occident, cette fête en l'honneur de la mère du Christ. Elle est finalement imposée à tous les chrétiens par le concile de Mayence en 813.
Il faut cependant attendre 1950 pour que le pape Pie XII proclame le dogme de l'Assomption de la Vierge Marie. Il réaffirme ainsi que " Marie, l'Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste ".
Fêter l'Assomption durant le règne de
Louis XIII
Si pendant tout le Moyen Âge, l'Assomption est vue comme une fête religieuse banale parmi les nombreuses qui rythment le calendrier annuel du royaume, cela change sous le règne de Louis XIII.
En 1637, plus de vingt ans après son mariage avec Anne d'Autriche, le roi n'a toujours pas d'héritier. Il fait alors le vœu auprès de la Sainte Vierge de lui consacrer son royaume s'il obtient enfin un fils. La reine donne naissance à Louis-Dieudonné, futur Louis XIV, le 5 septembre 1638.
Pour remercier la Mère de Dieu de l'avoir exaucé, Louis XIII demande à tous ses sujets d'organiser, tous les 15 août, des processions en l'honneur de la Vierge. Le jour devient chômé pour faciliter l'organisation de ces célébrations. L'Assomption entre alors pleinement dans l'histoire de France.
Une fête nationale sous les Empires
Le calendrier républicain, instauré pendant la Révolution française, supprime de nombreuses fêtes catholiques comme l'Assomption.
Cela change avec Napoléon Bonaparte, Premier Consul, qui signe un concordat avec le pape en 1801. Cet accord autorise, notamment, le retour des grandes célébrations catholiques.
En 1806, Napoléon Ier, devenu empereur, réinstaure en France le calendrier grégorien. À cette occasion, il exhume un saint ayant vécu au IVe siècle, dont le nom Neapolis, serait l'antique forme de Napoléon.
Normalement fêté le 2 mai, l'empereur ordonne de le faire célébrer le 15 août, qui est également le jour de son anniversaire.
Cette date est ainsi érigée en fête religieuse, fête nationale et fête impériale.
Abandonnée pendant la Restauration et la Monarchie de Juillet, cette fête impériale redevient uniquement l'Assomption. Le 15 août est à nouveau adopté comme par Napoléon III et célébrée durant tout le Second Empire.
Gravure figurant la fête du 15 août 1867 sur le TrocadéroPourquoi le 15 août est-il un jour férié ?
Avec l'avènement de la République, qui reconnaît toujours la Vierge Marie comme sainte patronne principale de la France, le 15 août retrouve sa vocation uniquement religieuse. Il reste férié pour permettre aux catholiques de célébrer cette fête majeure.
Aujourd'hui, cette fête donne toujours lieu à de grands rassemblements pour les croyants de l'église catholique. C'est le cas notamment à Lourdes, où le pèlerinage national français rassemble chaque année près de 10 000 pèlerins.
Pour les Français n'appartenant pas au culte catholique, ce jour férié est l'occasion de prendre un peu de repos, de prolonger les vacances d'une journée ou de participer à l'une des nombreuses fêtes organisées partout dans le pays.
Lire et voir ici une autre façon de voir l'Assomption