- On fête les cents ans de la naissance de ce grand écrivain. James Baldwin est né pauvre en 1924 en Amérique. Noir et homosexuel il a été victime et du racisme et du conservatisme et son œuvre est , en partie, nourrie de sa lutte contre ces deux formes d'exclusion et il a abordé ces questions à la fois dans des romans et dans des essais.
- Comme certains noirs discriminés ( je pense à Joséphine Backer) il vient en France, à Paris, alors qu'il a la vingtaine, vivra dans cette ville et en Provence où il finira ses jours dans sa maison de St Paul de Vence.
- La chambre de Giovanni est un de ses chefs d'œuvre. Quand le roman débute celui qui raconte l'histoire, son histoire, est seul dans une maison du Sud de la France et à la veille de l'exécution de son ami Giovanni qui a été condamné à mort.
- Il repense alors à cette histoire et à sa part de responsabilité dans ce drame.
- Arrivée à Paris il est ami avec Héla, une jeune américaine comme lui et se destine à l'épouser. Hela veut réfléchir et part quelques temps en Espagne. Pendant ce temps le narrateur va fréquenter des bars du milieu homosexuel et faire la rencontre de Giovanni, un jeune italien barman dans un de ces bars.
- Il vivra , un moment, avec lui dans sa chambre de bonne prés de Nation mais il sera partagé, ne s'acceptant pas vraiment et continuant à espérer un mariage et une vie de famille "normale" avec Hela.
- Au retour d'Hela il se fiance , en effet, et quitte Giovanni au grand désespoir de celui-ci. Giovanni ,abandonné sera, par la suite maltraité" et humilier par son employeur et il finira par me tuer.
- Le roman est une fine et profonde analyse psychologique des incertitudes, des refus de s'accepter du narrateur et il m' a fait me souvenir du très beau roman de Marguerite Yourcenar : Alexis ou le traité du vain combat.
- Le roman se termine. Le narrateur quitte la maison de Provence et espère oublier. Le lecteur sait qu'il n'oubliera pas.
- "Enfin, je sors dans le petit matin et verrouille la porte derrière moi. Je traverse la route et dépose les clefs dans ma boîte aux lettes de la vieille femme.
- Et je regarde cette route où quelques hommes et quelques femmes attendent le car du matin. Ils paraissent, sous le ciel qui s'éveil ,pleins de vie et l'horizon qui s'enflamme, Le matin fait peser sur mes épaules un insoutenable espoir et , prenant, dans ma poche la lettre bleue que Jacques m'a envoyée, je la déchire lentement en mille morceaux que je regarde danser dans le vent, le vent qui les emporte au loin. Mais, tandis que je me retourne et m'avance vers le groupe qui attend, le vent m'en rapporte quelques morceaux."
- En déchirant cette lettre le narrateur veut oublier mais il n' y réussira pas, le vent lui ramène des bribes de cette lettre.