supra-conscient, ou conscience supérieure. Les pratiques méditatives (yoga,
zen, taï chi, etc.) permettent d'y atteindre, mais elle se vit aussi de manière
spontanée. C'est une extase mystique, ou conscience cosmique ; elle procure un
sentiment puissant d'unité (la conscience s'identifie au grand Tout, « devient »
le monde), et aussi : affranchissement de l'espace-temps, béatitude, amour
universel, sacralité, vie éternelle, perception de sons cosmiques.
« Il existe un monde de l'harmonie, un monde éternel d'où est sortie la
multiplicité infinie des formes, des couleurs, des sons, des parfums, et j'ai pénétré
dans ce monde. Il y a des années, le Ciel m'a donné de goûter à cette harmonie ;
j'ai été arraché à mon corps et j'ai entendu l'harmonie des sphères. […] Cela ne
peut se comparer à rien. C'est quelque chose d'indescriptible, presque impossible
à supporter, tellement on a la sensation de s'étendre, de se dilater dans l'espace.
Les pierres, les arbres, les montagnes, les mers, les étoiles, les soleils et toutes les
créatures chantaient dans une harmonie tellement grandiose, tellement sublime
[…] » (Omraam Mikhaël Aïvanhof, Harmonie et santé, Fréjus, Prosveta, 1987,
p. 37-38).
Un tel état de l'âme relève de la psychologie transpersonnelle. Il a été
décrit pour la première fois en 1901 par le psychiatre canadien Richard Maurice
Bucke (1837-1902), puis étudié par Pietro Ferruggi, Timothy Leary, Stanislav
Grof, Pierre Weil et Patrick Drouot. Grof et Leary ont recouru à des drogues
hallucinogènes, mais cet expédient n'est nullement indispensable.
Certains grands compositeurs auraient-ils vécu une pareille expérience, et
auraient-ils essayé de le traduire en musique dans leurs oeuvres ? Wagner et
Beethoven, peut-être ? Chez Wagner, l'Enchantement du Vendredi Saint de
Parsifal est une sublime vision d'universelle régénération ; le compositeur a
raconté en avoir eu l'inspiration en contemplant la nature ensoleillée au
printemps. Quant à Beethoven, l'isolement dû à la surdité aura pu contribuer à sa
singulière évolution vers le « troisième style », celui de la Neuvième symphonie,
de la Missa Solemnis, des dernières sonates et des derniers quatuors, dont la
signification quasi mystique semble évidente.
L'état de conscience cosmique révèle des dimensions insoupçonnées de
notre être et du monde : « …la réalité n'est pas ce que nous en percevons, les
choses ne sont pas ce que nous croyons qu'elles sont, et nous ne sommes pas ce
que nous croyons être. […] Une réalité bien plus vaste que celle que nous
connaissons nous attend au-delà de l'univers de nos cinq sens. C'est au sein de
cette réalité que l'Être, de facette, redeviendra diamant !.. » Le diamant de l'être
humain en harmonie, « Un, total, accompli, maître de toutes ses facultés » (Patrick
Drouot, Nous sommes tous immortels, p. 22-24).