Si vous êtes comme moi et que les citations vous inspirent, alors je suis ravie de vous retrouver pour cette 38ème édition de mes citations littéraires préférées (vous pouvez retrouver les précédentes ici).
Les auteur(e)s ont le don de poser de beaux mots sur nos maux et ressentis ; et que ce soit avec poésie, justesse ou humour, leur plume nous fait – bien souvent – de l’effet.
Personnellement, je trouve que les citations sont un bon moyen de rester un peu plus longtemps dans l’univers d’un roman et son auteur. J’aime donc m’y replonger de temps en temps et même si cela fait des mois, voire des années, que j’ai tourné la dernière page d’un livre, je retrouve immédiatement sa saveur et cela me remémore les raisons pour lesquelles j’ai aimé l’histoire qu’il raconte.
Je vous partage donc quelques-unes des citations qui m’ont le plus percutée au cours de mes dernières lectures : « Trois » de Valérie Perrin ; « Billie Pretty a disparu » de Sophie Astrabie et « Où vont les larmes quand elles sèchent » de Baptiste Beaulieu. En espérant qu’elles vous plaisent également.
Bonne lecture !
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« Il y a les souvenirs, le présent et nos vies d’avant qui changent de parfum. Quand on change de vie, on change de parfum. L’enfance a celui du goudron, d’une chambre à air et de la barbe à papa, du désinfectant des salles de classe, des feux de cheminée qu’exhale l’haleine des maisons les jours de froid, du chlore des piscines municipales, de la transpiration accrochée aux survêtements dans les rangs deux par deux en revenant de la gym, des Malabar roses dans la bouche, de la colle qui fait des fils sur les doigts, des Carambar coincés entre les dents, d’un sapin de Noël planté dans le cœur. L’adolescence a l’odeur d’une première taffe, d’un déodorant musqué, d’une tartine beurrée dans un bol de chocolat chaud, du whisky-Coca et des caves transformées en salles de bal, du corps qui désire, de l’Eau précieuse, du gel pour les cheveux, du shampoing aux œufs, du rouge à lèvres, des effluves de lessive sur un jean. Les vies d’après, celle de l’écharpe oubliée par son premier chagrin d’amour. Et puis il y a l’été. L’été appartient à tous les souvenirs. Il est intemporel. C’est son odeur qui est la plus tenace. Qui s’accroche aux vêtements. Que l’on cherche toute sa vie. Les fruits trop sucrés, le vent de la mer, les beignets, le café noir, l’Ambre solaire, la poudre Caron des grands-mères. L’été appartient à tous les âges. Il n’a ni enfance ni adolescence. L’été est un ange ».
Valérie Perrin – « Trois » (mon avis sur le livre ici)
« Il observe les bâtiments du collège aux multiples fenêtres. Des noms de poète sur chacun: Prévert, Baudelaire, Verlaine, Hugo. Il remarque qu’il n’y a pas de femmes. Est-ce parce que les femmes sont des poèmes qu’elles n’en écrivent pas ? »
Valérie Perrin – « Trois »
« Avant de décacheter les enveloppes, Nina les respire, ferme les yeux, tente de deviner leur secret après les avoir ouvertes, est souvent déçue. Décidément, les gens n’ont pas d’imagination ou manquent d’amour ».
Valérie Perrin – « Trois »
« Ce matin-là, Adrien réalise quelle conséquence a la liberté : une joie sans retenue, qui transforme les corps et les visages ».
Valérie Perrin – « Trois »
« On entrouvre les vitres. Au loin, une ligne bleue. La mer, c’est le ciel qui se serait assis par terre ».
Valérie Perrin – « Trois »
« Je voudrais être à demain. Depuis qu’Eric est parti, je voudrais toujours être à demain… Le présent m’encombre… Je ne sais pas quoi en faire ».
Valérie Perrin – « Trois »
« Nina avait oublié Adrien sur la piste, elle avait tout oublié. Elle était comme quelqu’un d’autre, une fille dont elle avait emprunté la vie le temps d’être heureuse ».
Valérie Perrin – « Trois »
« Adrien n’était pas beau, mais l’amour et la beauté n’ont rien à voir. On les met dans le même sac par facilité ».
Valérie Perrin – « Trois »
« Étienne fume une cigarette en observant les étoiles. «Elles sont à des années-lumière, disait Nina. Ce que l’on voit d’elles ici est tronqué. Les étoiles, c’est comme des mensonges ».
Valérie Perrin – « Trois »
« Il est 8 heures du matin en été, pourtant, il semble à Adrien qu’il est minuit au coeur de l’hiver ».
Valérie Perrin – « Trois »
« Tu as la petite mine des jolies nuits ».
Valérie Perrin – « Trois »
« Étienne ne fait pas confiance à la vérité. Il la trouve parfois sournoise. Elle contient plusieurs chemins, nuances, voies. Elle n’est pas aussi simple qu’il y paraît ».
Valérie Perrin – « Trois »
« Et là, alors qu’une partie du monde se fracassait, qu’il n’y avait que de la fumée sur l’écran de télé, Marie-Castille est tombée amoureuse. Tombée amoureuse le jour où des milliers d’innocents mouraient et allaient mourir, là-bas, ici et ailleurs. Cela aurait dû être interdit par une sorte de loi intérieure. Une déontologie du cœur. Un trop mauvais présage. Mauvais karma, mauvais débuts, mauvaise rencontre. Alors que son être aurait dû être fermé à toute forme d’intrusion, son amour est bel et bien né le jour des attentats du 11 Septembre ».
Valérie Perrin – « Trois »
« Il y a des livres que l’on rate, comme certaines rencontres, on passe à côté d’histoires et de gens qui auraient pu tout changer. À cause d’un malentendu, d’une couverture, ou d’un résumé passable, d’un a priori. Heureusement que parfois la vie insiste ».
Valérie Perrin – « Trois »
« Les romans, ça sert à écrire ce qu’on est incapable de faire dans la vraie vie ».
Valérie Perrin – « Trois »
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« Une vie répétitive, c’est une vie que l’on pourrait se contenter de raconter qu’une seule fois ».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu » (mon avis sur le livre ici)
« Le silence, c’est plus difficile à deux ».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu »
« Quelque chose vient de bondir dans ma poitrine. Je suis heureuse de le voir heureux, mais aucun mot n’existe pour le dire ».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu »
« Je le punissais mais comme dans toutes les punitions, il n’y a que le bourreau qui souffre vraiment ».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu »
« Peut-être que le courage sans la peur c’est de la bêtise. Mais la peur sans rien d’autre, c’est juste de la peur ».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu »
« Sous la rambarde, nos cuisses n’ont presque plus assez de place pour se glisser. La fin de l’enfance se mesure sans doute aussi là, à ces espaces dans lesquels on insiste encore un peu ».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu »
« Le petit garçon de l’escalier m’embrasse et sa bouche a le goût de nos étés. Elle a le goût du trop et du manque. De la joie et du chagrin. De l’ennui et des folies. Mon corps est parcouru par toutes les saisons. L’été mais aussi l’hiver, l’automne, le printemps et puis toutes celles qui se trouvent entre et qu’il aurait fallu prendre le temps d’inventer. Parce qu’en réalité, des saisons il y en a mille qui se cachent derrière un rayon de soleil perdu au milieu d’une pluie d’automne, une odeur qui ne parfume que les 3 septembre et la nuance du ciel qui n’apparaît qu’une fois par an. Il y a des mots qui n’existent pas mais il y a aussi des saisons qui n’existent que dans nos cœurs et quand Maxime m’embrasse, il y a cette saison qui ne se rencontre qu’une fois dans une vie. Celle du rayon de soleil qui transperce le plus noir des nuages. La saison du premier sentiment ».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu »
« Comme dans toutes les villes de France, d’Europe, du monde peut-être, c’est l’endroit où se retrouvent ceux qui n’ont nulle part où aller. Le voyage s’arrête là, aux portes du départ, dans l’impossibilité d’une destination ».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu »
« Faire ce que l’on nous autorise, ça c’est facile. C’est ce que fait tout le monde. En revanche, faire ce qui est interdit, c’est autre chose. Faire, alors que c’est interdit, insiste-t-elle, ça, ça dit quelque chose de nous ».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu »
« J’ai plongé en connaissance de cause, tu sais. Parfois, on n’a pas d’autre choix que d’en faire de mauvais».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu »
« Le ciel n’est plus si sombre, il y a ces couleurs qui n’existent qu’une seconde et qui nous confient chaque matin à quel point tout est éphémère ».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu »
« Je me suis dit que j’étais la seule du wagon à savoir avec certitude qu’il chaussait du 44 et je me suis sentie chanceuse, d’être dans l’intimité d’une pointure de chaussures avec cet homme. Sans doute est-ce cela, l’amour. Connaître les détails de l’autre et y voir un privilège ».
Sophie Astrabie – « Billie Pretty a disparu »
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« La question n’est pas: « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Non, la vraie question, c’est bien: « Pourquoi y a-t-il le mal plutôt que rien ? » Pourquoi faut-il que la vie soit si souvent douloureuse pour tant d’entre nous ici-bas ? »
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent » (mon avis sur le livre ici)
« Débarquer à Rome, en plein mois de décembre, en short et en tongs, n’est pas la meilleure idée pour guérir. Il fait froid, oui, mais ce n’est pas l’hiver, non. C’est autre chose. Le temps du chagrin, peut-être ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Dieu n’existe pas, pas plus que les vraies bonnes affaires! La vie ne fait pas de cadeaux, ou alors ils sont toujours un peu empoisonnés ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Un être humain devenu incapable de pleurer ne saurait prétendre à soigner les Hommes. C’est ainsi. Il se met, en quelque sorte, en dehors de l’humanité ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« C’est incroyable, le pouvoir d’un sourire, ça vous saisit le visage comme un baiser déposé directement sur le cœur ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Un visage, ça va toujours avec une histoire, et quand tu connais cette histoire tous les visages deviennent bouleversants. Je suis un homme à la tête farcie de visages ! »
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« N’empêche, maintenant que j’y pense… Qui va-t-elle voir, ma thérapeute ? Qui est la psychologue de la psychologue ? Et après ? Vers qui cette nouvelle intermédiaire se tourne-t-elle à son tour, s’attelant par là même à former un long collier de plaintes, un sautoir de larmes – des qui sortent ou des qui ne sortent pas. Elle remonte jusqu’où, cette chaîne ? Qui est la personne tout au bout ? Le président de la République ? Peut-être Dieu ? Peut-être pas ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Ce lieu est réel puisque leurs douleurs s’y perdent, non ? C’est peut-être ça qu’il y a, tout au bout du long collier de larmes. Des objets qui encaissent. Peut-être même que l’art sert à ça. Etre au bout du bout de toutes les plaintes. Tout accueillir par la sublimation ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Les larmes, c’est un truc inutile contre la mort, mais qu’on n’a jamais cessé d’essayer quand même ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Les histoires des autres sont un outil pour mieux lire la mienne, comme des pierres de Rosette qui nous traduiraient la manière dont le monde parle à travers nos êtres et nos destinées. Peut-être que je crie tout ça dans le vent. Est-ce que ce serait mal pour autant ? Des mots dans le vent, c’est mieux que rien ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Me reviennent en mémoire les mots de cette poétesse anglaise, Joan Anglund: « Un oiseau ne chante pas parce qu’il a une réponse, mais parce qu’il a une chanson ». Miran, c’était ça : un oiseau sans réponse, mais avec une chanson. Et plein de visages dedans ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« La première différence entre les riches et les pauvres, c’est d’avoir des pièces qui ne servent à rien. Les rêves en moins, ça vient juste après ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Quoi que je fasse, je rate tout, alors je rate du mieux possible ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« On met deux ans à apprendre à parler, mais faut toute une vie pour apprendre à se taire. Et là, précisément, faut se taire ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Peut-être que, parfois, le réel est tellement fort que la fiction paraît la solution ? »
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Ce jour-là, quelqu’un qui ne sait plus pleurer a fait sourire quelqu’un qui n’arrivait plus à rire. Il se passe, parfois, de grandes choses entre les petites gens ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Le malheur est une variation comme une autre des hasards naturels ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Le malheur, c’est la preuve que le monde ne nous ment pas, Jean. Ces mots me frappent tellement fort qu’ils me sortent de l’antichambre douillette qu’est la post-adolescence pour me jeter dans la grande et froide pièce de l’âge adulte ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Étrange métier. Étranges humains. Étrange soleil. Étrange planète. Étrange étrangeté, bien étouffante… Je ne veux pas que ces histoires soient perdues. Elles sont des munitions contre cette pente naturelle qui nous pousse au désespoir, au cynisme, au «à quoi bon?». Parce qu’on est toujours à deux doigts d’un moment de pure chaleur humaine, une rencontre : deux êtres humains comme deux trajectoires lancées depuis leur naissance dans le vide de l’espace qui, d’un seul coup, se croisent et s’étreignent au milieu d’une obscurité infinie. Parfois, il se passe quelque chose de beau ici-bas. Pas souvent, pas longtemps, mais ce n’est pas une raison pour ne pas en parler ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
« Oui, c’est con. Sans doute qu’on ne devrait jamais remettre à plus tard, parce qu’il est toujours plus tard qu’on ne le pense dans la vie ».
Baptiste Beaulieu – « Où vont les larmes quand elles sèchent »
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Certaines de ces citations vous inspirent ? Vous ont-elles donné envie de découvrir l’un ou plusieurs de ces livres ?
Crédit photo de couverture : L&T