My expat' is rich
Depuis l'an dernier et à la demande express de l'Elysée, l'Etat prend en charge l'intégralité des frais de scolarité des élèves français de terminale... quels que soient les revenus des parents. Plus besoin de bourse! A la rentrée de septembre, ce sera le tour des premières, puis des secondes l'an prochain, et ainsi de suite. "J'aurais pu commencer la gratuité par la maternelle, a expliqué Sarko, le 20 juin dernier, devant la communauté française d'Athènes. Mais j'ai voulu commencer par l'année la plus chère pour que vous puissiez constater la générosité des pouvoirs publics français."
Encore merci! Mais générosité pour qui? A Londres, l'une des familles concernées par ce généreux cadeau déclare plus de 2 millions d'euros de revenus annuels. Et deux autres gagnent plus d'un million.
"C'est scandaleux, commente Michèle Boch, élue de gauche à l'assemblée des français de l'étranger. Pour aider les familles, il suffisait d'élargir le système des bourses."
La gratuité entrainera forcément de nouvelles inscriptions. Certain établissements prestigieux refusent déjà du monde. Comment s'opérera la sélection ? Par le piston et les bonnes grâces du Quai d'Orsay ?
Jusqu'alors, une partie du financement était assurée par des grandes entreprises françaises désireuses d'attirer leurs cadres vers l'étranger. Ces boites, comme Darty ou Auchan, remisent déjà leur chéquier: pourquoi payer les frais de leurs expat' si l'Etat régale?
Un coût qui fait boum
Au Quai d'Orsay, l'Agence française de l'enseignement à l'étranger a simulé le coût de cette plaisanterie mais s'est bien gardé d'en publier le résultat. Lequel est tout de même tombé dans les palmes du "Canard". D'ici dix ans, appliquée du lycée jusqu'au CP ( sans parler de la maternelle), la gratuité coûterait à l'Etat la bagatelle de 713 millions d'euros par an! Intenable.
"C'est vraiment la fausse bonne idée, dit olivier Cadic, élu de droite à l'Assemblée des français de l'étranger. A Londres, il manque 500 places par an. La vraie priorité, c'est l'ouverture de nouveaux établissements, pas la gratuité. Je ne comprends pas pourquoi Nicolas Sarkozy s'est lancé la dedans." Peut-être parce qu'il se sent personnellement concerné par la question: après avoir été annoncé à New York puis à Londres, petit Louis est finalement inscrit au lycée français de Doha... Et il va falloir payer !
Auditionné par le Sénat à la fin juin, Bernard Kouchner n'a pas nié ces menus "inconvénients". Son cabinet songe d'ailleurs à couper la poire en deux: une gratuité partielle... mais toujours sans conditions de revenus. Sauf que, pour le moment, Sarko n'en veut pas. "Je tiens beaucoup à la gratuité", s'entête-t-il à chaque déclaration à l'étranger. Sans prendre le temps de préciser comment sera financée cette très généreuse gratuité.
http://www.canardenchaine.com/