Google Chrome passe enfin à Manifest V3, introduisant de nouvelles règles pour les bloqueurs de publicités

Les critiques affirment que la nouvelle plateforme vise à bénéficier aux annonceurs

La grande image: Google affirme que la nouvelle version de sa plateforme d'extension Chrome offrira aux utilisateurs une expérience de navigation plus sûre et plus efficace. Bien que certaines fonctionnalités de Manifest V3 facilitent cette démarche, les critiques affirment que les nouveaux contrôles sont plus utiles aux annonceurs. Cela a soulevé des questions sur les motivations de Google, étant donné qu'une part importante de ses revenus provient de la publicité.

Après six ans de développement, Google Chrome passe à Manifest V3, la nouvelle version de la plateforme d'extensions Chrome de Mountain View, qui deviendra obligatoire pour toutes les extensions. Initialement introduite en 2018, la dernière mise à jour concernant Manifest V3 a eu lieu il y a quelques mois, lorsque Google a indiqué que les extensions utilisant V2 commenceraient à être supprimées à partir de début juin sur les canaux Beta, Dev et Canary.

Google affirme que 85 % des extensions maintenues activement dans sa boutique disposent de versions Manifest V3 prêtes. Les utilisateurs d'extensions populaires comme uBlock Origin ont commencé à voir des avertissements indiquant qu'elles pourraient bientôt ne plus être prises en charge.

Les développeurs de telles extensions s'adaptent, uBlock Origin prévoyant une version « Lite » compatible avec Manifest V3. Ghostery, de son côté, a adapté son logiciel pour contourner les limitations imposées par Manifest V3.

Google affirme que Manifest V3 vise à améliorer la sécurité, la confidentialité, les performances et la fiabilité des extensions en introduisant des limites plus strictes sur ce qu'elles peuvent faire et sur la manière dont elles accèdent aux informations des utilisateurs. Cependant, cette affirmation est contestée par des organisations comme l'Electronic Frontier Foundation et Mozilla, qui continueront à soutenir Manifest V2. Les critiques, à savoir les créateurs d'extensions de blocage des publicités et des traqueurs, affirment que les restrictions de cette plateforme sont conçues pour aider les annonceurs, et non les utilisateurs.

Bien que Google affirme ne pas vouloir supprimer les bloqueurs de publicités mais les rendre plus sûrs, les nouvelles règles, comme l'interdiction du code hébergé à distance, compliquent la maintenance des listes de blocage de publicités. Par exemple, dans le cadre de Manifest V3, les extensions de blocage de publicités souhaitant modifier leurs listes de filtres devront soumettre leurs mises à jour via le système d'approbation du Chrome Web Store. Ce processus pourrait potentiellement ralentir la capacité des bloqueurs de publicités à répondre rapidement aux nouvelles techniques publicitaires ou aux mesures anti-blocage de publicités mises en œuvre par les sites Web.

Les autres fonctionnalités de Manifest V3 incluent Offscreen Document, qui fournit un accès DOM aux extensions à utiliser dans divers scénarios tels que la lecture audio ; User Scripts API, qui aide les extensions du gestionnaire de scripts utilisateur à exécuter des scripts de manière plus sûre ; et Side Panel API et Reading List API, qui ajoutent davantage de fonctionnalités pour les extensions, l'API Side Panel étant déjà disponible et l'API Reading List en version bêta.

Google a également amélioré la prise en charge du filtrage de contenu en augmentant les limites des ensembles de règles statiques et dynamiques, ce qui, selon lui, est particulièrement bénéfique pour les extensions de blocage des publicités.

L'un des changements les plus significatifs est le remplacement des pages d'arrière-plan par des service workers. Les pages d'arrière-plan s'exécutent toujours en arrière-plan, ce qui leur permet de conserver leur état et de gérer les événements en continu. Comme elles sont toujours actives, les pages d'arrière-plan peuvent consommer des ressources système importantes, ce qui a un impact sur les performances du navigateur.

Les service workers, en revanche, ne sont pas toujours en cours d'exécution. Ils sont pilotés par les événements, ce qui signifie qu'ils démarrent lorsque cela est nécessaire et s'arrêtent lorsqu'ils sont inactifs. Le résultat final pour les utilisateurs pourrait être une amélioration des performances du navigateur et une réduction de l'utilisation de la mémoire.