Suisse : les logiciels keyloggers sont désormais légaux

Publié le 05 août 2024 par Zaebos @MetatroneFR

Les keyloggers sont probablement l'un des outils les plus controversés dans le domaine des logiciels de surveillance. Dans de nombreux pays, leur utilisation fait donc régulièrement l'objet de débats. C'est également le cas en Suisse. Les nombreuses questions entourant leur légalité ont désormais été clarifiées par la Cour suprême de notre pays voisin. Elle a jugé que leur utilisation était légale.

Enfin de la clarté - du moins en Suisse

Le point de départ de tout cela a été le travail d'enquête des autorités suisses dans le cadre d'une enquête sur des stupéfiants. Pour progresser, les enquêteurs ont eu recours à un logiciel appelé keylogger. En termes simples, ce logiciel enregistre et enregistre les saisies effectuées sur le clavier d'un PC. Le Tribunal cantonal de Zurich a fait campagne contre cette utilisation, estimant qu'elle n'était pas conforme à la législation suisse. La Cour suprême suisse a maintenant rendu son verdict final et révisé l'évaluation de ses collègues. Les juges de la Cour suprême estiment que l'utilisation de ce logiciel ne pose aucun problème.

Une déclaration de guerre au darknet ?

A y regarder de plus près, la décision du tribunal semble être une déclaration de guerre claire contre les structures nébuleuses du Darknet. Alors qu'autrefois, il était possible de mettre un terme au trafic de stupéfiants simplement en traquant des personnes ou en mettant sur écoute des téléphones, il faut aujourd'hui adopter une approche plus large. En effet, les activités illégales se déplacent de plus en plus vers le Darknet. C'était également le cas dans l'affaire initiale. La drogue y était vendue via " le côté maléfique d'Internet ". Afin de pouvoir découvrir qui se cachait derrière et d'obtenir d'autres informations valables, le parquet a voulu installer un logiciel de surveillance approprié sur le carnet d'un suspect.

Un logiciel keylogger est un " dispositif de surveillance technique "

Le Code de procédure pénale suisse prévoit certes des possibilités de surveillance des suspects. Ainsi, l'article 280 StPO prévoit que l'on peut recueillir des informations plus détaillées à l'aide d'un " appareil de surveillance technique ". C'est là le principal point de discorde dans toute cette affaire. Si la Cour suprême ne considère pas qu'un enregistreur de frappe basé sur un logiciel soit un tel appareil, la Cour suprême suisse a en revanche déclaré :

" Les conditions requises pour l'utilisation d'un dispositif de surveillance technique au sens de l'article 280 du Code de procédure pénale (StPO) sont remplies. Contrairement à l'avis de la Cour suprême, un enregistreur de frappe basé sur un logiciel est également un " dispositif de surveillance technique " au sens de la loi. "

Une décision historique

Si la Cour suprême suisse a clairement indiqué une chose, c'est que les dispositifs de surveillance technique ne doivent pas nécessairement être physiques. Les juges ont immédiatement expliqué pourquoi il en était ainsi avec un argumentaire compréhensible :

" Une distinction entre un keylogger mécanique et un keylogger logiciel n'a aucun sens "

.
Peu importe qu'il s'agisse de matériel ou de logiciel. Le sens et le but de son utilisation sont bien plus importants. Si un keylogger logiciel a le même mode de fonctionnement que son homologue matériel, l'utilisation finale n'a aucune importance.

" Dans la mesure où le mode d'action du keylogger basé sur un logiciel est absolument identique à celui d'un dispositif mécanique correspondant et ne le dépasse pas, il ne peut pas importer qu'il s'agisse d'un objet physique ou d'un logiciel. "