Connaissez-vous Baptiste Beaulieu ? Ce médecin/écrivain aux multiples talents ? Si ce n’est pas le cas, je vous suggère de vous abonner le plus rapidement possible à son compte Instagram (ici) sur lequel vous pourrez retrouver un échantillon de sa plume, mais surtout ses coups de cœur et de gueule, toujours partagés avec beaucoup d’humour (et heureusement, parce qu’il en faut compte tenu des sujets de société abordés).
Baptiste Beaulieu est, en effet, très engagé pour la cause des femmes, des minorités, l’amélioration du système de santé en France et si vous êtes touchés par ces sujets, comme tout un chacun devrait l’être, alors vous devriez le lire pour retrouver un peu d’espoir en l’humain. Alors, certes, les mots sont impactants, parfois déprimants, mais ce sont les petites actions individuelles et les gestes désintéressés comme ceux de Baptiste, et des personnes qu’il met en lumière, qui peuvent apporter beaucoup.
Tout ça pour dire que les livres de Baptiste Beaulieu étaient sur ma wishlist littéraire depuis un moment déjà mais c’est son interview sur le podcast « In power » de Louise Aubery qui m’a convaincue d’acheter « Où vont les larmes quand elles sèchent » (vous pouvez d’ailleurs retrouver cet épisode de podcast ici).
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Crédit photo : L&T
Le livre : « Où vont les larmes quand elles sèchent » (ici)
L’auteur : Baptiste Beaulieu est un médecin et un auteur français. Ancien interne à l’hôpital d’Auch, il exerce la médecine générale dans un cabinet de groupe en périphérie de Toulouse, la ville d’où il est originaire et où il a fait ses études. En 2012, il lance son blog « Alors voilà » (7 à 8 millions de lecteurs), qui décrit avec humour, ironie, humanité, mais aussi avec dépit parfois le quotidien d’un interne ou l’un de ses collègues aux urgences. Baptiste Beaulieu a reçu en janvier 2013 le prix Alexandre-Varney pour son blog. Début 2015, il sort « Alors vous ne serez plus jamais triste » pour lequel il reçoit le Prix Méditerranée des lycéens. « La ballade de l’enfant gris » (2016), son troisième roman, obtient le Grand Prix de l’Académie française de Pharmacie. Depuis septembre 2018, il tient une chronique chaque lundi dans l’émission « Grand bien vous fasse » sur France Inter.
Le résumé : « Jean a trente-six ans. Il fume trop, mâche des chewing-gums à la menthe et fait ses visites de médecin de famille à vélo. Il a supprimé son numéro de portable sur ses ordonnances. Son cabinet médical n’a plus de site Internet. Il a trop de patients : jusqu’au soir, ils débordent de la salle d’attente, dans le couloir, sur le patio. Tous les jours, Jean entend des histoires. Parfois il les lit directement sur le corps des malades. Il lui arrive de se mettre en colère. Mais il ne pleure jamais. Ses larmes sont coincées dans sa gorge. Il ne sait plus comment pleurer depuis cette nuit où il lui a manqué six minutes. »
Mon avis : Dans ce livre, on découvre le quotidien de Jean, un (encore) jeune médecin généraliste confronté à la dure réalité sociale (la pauvreté, la solitude d’une grande ville, les violences et autres injustices) mais également à des moments de pure poésie humaine (les attentions et bons mots des patients, les gestes tout doux de soignants, les belles et émouvantes histoires d’amour). Si on comprend la lassitude de ce médecin qui n’arrive plus à pleurer depuis qu’il a été confronté à la mort dans toute son injustice, on saisit, dans le même temps, son attachement à son métier et ses patients envers et contre tout.
On le suit alors dans une quête à la recherche des larmes qu’il a ravalé et qui, depuis, ne veulent plus couler, malgré (ou plutôt à cause) de toutes les histoires tristes que Jean/Baptiste entend à longueur de journée. Mais si finalement ce n’était pas la tristesse mais la joie qu’il lui fallait chercher ?
« Où vont les larmes quand elles sèchent » est, selon moi, une ode aux petits bonheurs (les balades matinales à vélo, les makrouts couverts de miel, les dessins sur un coin de serviette, la chanson qu’on chante en yaourt, les rires d’un enfant) ; à l’acceptation de notre sort de mortels et à l’empathie.
Les anecdotes présentées dans ce livre s’enchaînent, parfois légèrement décousues, mais elles sont toutes criantes d’une vérité (un peu dure à lire) qui touche en plein cœur. Une lecture douce-amère et riche en poésie dans laquelle je vous conseille de vous plonger, ne serait-ce que pour y voir un rayon de soleil dans la grisaille que peut parfois revêtir la vie.
Je vous glisse, d’ailleurs, une citation que j’ai beaucoup aimé et qui reflète bien mon avis sur « Où vont les larmes quand elles sèchent » :
« Étrange métier. Étranges humains. Étrange soleil. Étrange planète. Étrange étrangeté, bien étouffante… Je ne veux pas que ces histoires soient perdues. Elles sont des munitions contre cette pente naturelle qui nous pousse au désespoir, au cynisme, au «à quoi bon?». Parce qu’on est toujours à deux doigts d’un moment de pure chaleur humaine, une rencontre : deux êtres humains comme deux trajectoires lancées depuis leur naissance dans le vide de l’espace qui, d’un seul coup, se croisent et s’étreignent au milieu d’une obscurité infinie. Parfois, il se passe quelque chose de beau ici-bas. Pas souvent, pas longtemps, mais ce n’est pas une raison pour ne pas en parler ».
Avez-vous envie de (re)découvrir cet auteur ? Quelles sont vos dernières recommandations de lecture ?