LIVE REPORT – Retour sur la semaine du Paléo, qui comme chaque année nous apporte notre lot de surprises, découvertes, déceptions, réjouissances, rencontres, coup de soleil et bien plus encore. Focus sur la soirée du mardi 23 juillet.
Auteurs : Anthony et Diana
Il y a tout juste un an, nous écrivions que le Paléo Festival se voulait éclectique et que le rock avait (malheureusement) de moins en moins sa place dans la programmation proposée. Et ben cette année, c’est encore plus vrai… Le rock est-il définitivement mort à Nyon ? Nous le verrons dans les prochaines années qui seront sans doute décisives. Pour cette 47ème édition, la journée un peu plus rock était proposée le mardi avec en tête d’affiche Patti Smith et Royal Blood. Deux chouettes concerts sur la Grande Scène où il était facilement possible de se faufiler dans la foule sans déranger les spectateurs pour atteindre les premiers rangs. C’est cool, mais mauvais signe pour le rock… Pour vous dire, vers 23h00 on s’est dit « c’est bizarre, il y a peu de monde dans la partie sud vers la Ruche ». En fait, tout le monde était amassé vers Vega pour le concert de Sean Paul. Les 20’000 places de Vega n’ont pas suffi… Donc en résumé la soirée « rock » du mardi n’avait pas un public rock.
Revenons quelques instants sur la poétesse Patti Smith. L’artiste américaine qui aura 78 ans à la fin de l’année a délivrée une prestation touchante en ce début de soirée. Proche des gens, de la nature, Patti Smith semble heureuse de ce moment de communion, de partage. Elle s’émerveille devant les montagnes, le soleil qui descend gentiment et délivre des messages de paix pour les jeunes, pour les enfants qui héritent de ce monde si complexe. Quand elle regarde le ciel du Paléo, le vent se met à souffler. La connexion est là, le public est envouté par la musique, par les paroles élégante et profonde, tendres et revendicatives à la fois. Elle dédie plusieurs morceaux au père de ses enfants, Fred « Sonic » Smith, décédé il y a 30 ans ainsi qu’à Kurt Cobain. C’est d’ailleurs sans surprise la reprise de « Smells like teen spirit » qui rassemble le plus les spectateurs. Les iconiques « Because the night » et « People have the power » ne sont pas en reste et sont toujours de grands moments de rock n’roll. On s’incline devant cette chanteuse qui a réussi à amener de la poésie dans l’univers rock. « Use your voice » sont les derniers mots de l’artiste avant de quitter la scène. Des mots qui laissent son public dans une attitude confiante et d’engagement envers le monde, envers la terre et envers soi-même. Merci Patti, on ne sait pas si on la reverra un jour au Paléo ou en Suisse Romande. On gardera en mémoire cette présence élégante, authentique, habitée par la scène et les éléments.
Les Royal Blood, un duo anglais (basse-batterie) qui envoie du lourd avec un son assez particulier. La basse de Mike Kerr peut sortir de son rôle de simple basse en produisant des sons plus électriques, proches de la guitare, grâce aux amplificateurs et pédales d’effet. De son côté, Ben Thatcher a une place prépondérante derrière ses fûts avec un jeu très musclé et spectaculaire. Il s’est d’ailleurs autorisé un petit bain de foule et a managé les fameux « circle pit » qu’on peut voir aux concerts de métal. L’amalgame des deux musiciens produit quelque chose de groovy, puissant, psyché par moment mais surtout sacrément efficace en live. Belle prestation pour les anglais qui avaient peut-être une scène un peu trop grande malgré tout.
On ne peut jamais tout voir dans ces grands festivals. Le temps d’arriver, croiser du monde, boire un coup, repartir, manger, profiter des bars à l’ombre dans la forêt, il y a toujours un ou deux groupes qu’on loupe à découvrir et qu’on regrette par la suite. C’est le cas de Yalla Miku, un groupe ou plutôt un collectif fondé par le duo de Cyril (Yeterian et Bondi) que l’on connait bien (groupe Cyril Cyril, et oui tout simplement) complété par divers musiciens africains, nord-africains. Un groupe genevois aux influences diverses (psyché, krautrock, world) qui nous envoie planer dans quelques sphères parallèles. Le titre « Asmazate » à lui tout seul sera à coup sûr notre coup de cœur du Paléo.
On citera enfin Panic Shack, peut-être le seul groupe vraiment rock n’roll de cette 47ème édition du Paléo. La soirée de mardi se termine avec ces punk Galloises au Club Tent qui cassent les codes, provoquent et revendiquent un féminisme trash à coup de riffs cinglant et de grosses basses. On espère recroiser leur route une prochaine fois.
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Anthony
Rédacteur en chef, chroniqueur, tyran : Si Lords of Rock était un château, on pourrait dire qu’Anthony est un des artisans ayant posé les premières pierres. Si maintenant l’édifice est terminé, cela ne l’empêche pas de fignoler quelques détails et mettre deux ou trois guirlandes pour égayer. Désormais rédacteur en chef, il motive les troupes et donne des coups de bâton quand ça ne va pas (mais les rédacteurs adorent ça). Féru de grosses guitares mais aussi de grands classiques de la musique francophone comme Céline Dion et Bézu, Anthony possède une des plus belles discographies du canton de Vaud. Mais pour la voir il faut d’abord trouver sa grotte, perdue au beau milieu des montagnes Suisses. Oui, Anthony vit isolé du monde depuis la séparation des Forbans en 1995.