Naturellement, l'étude qui renverse les a priori porte uniquement sur les résidents des États-Unis. Cependant, ce qui fait sa spécificité et, selon toute probabilité, rend ses conclusions valides dans d'autres régions est la méthodologie employée : au lieu de demander aux intéressés leur opinion, évidemment subjective, les analystes ont épluché des données bancaires factuelles – soldes de compte, revenus, habitudes de dépenses, accès au crédit – afin d'établir un panorama aussi impartial que possible.
Le paysage devient alors beaucoup plus rose puisque, d'emblée, il s'avère que plus de 9 américains sur 10 seraient capables d'assumer une charge inattendue de 400 dollars. Certes l'optimisme sera tempéré par quelques réserves : les personnes qui perçoivent les salaires les plus faibles sont plus mal loties, sans surprise, et, pour les plus fragiles, les réserves ne suffisant pas, il leur faudrait ponctionner une partie de leurs revenus disponibles, voire souscrire un prêt (à faible coût) auquel elles peuvent prétendre.
Les enseignements à tirer de ces observations sont de deux ordres distincts, Sur le plan opérationnel d'abord, elles montrent que le besoin de solutions de secours permettant de surmonter les petits accidents de la vie ne sont potentiellement pas aussi critiques qu'on pouvait le supposer. En revanche, une assistance à la mobilisation des moyens disponibles – par exemple les options de crédit gratuit de courte durée – lors de ce genre de circonstances exceptionnelles seraient certainement bienvenues.
Plus important, à mon avis, le volet psychologique mérite une attention particulière. En effet, l'écart béant entre la réalité des chiffres et le ressenti des populations révèle le gigantesque problème du bien-être financier. Car ces individus qui se sentent en insécurité bien qu'ils ne soient pas dans une position aussi dramatique qu'ils le croient sont bien sûr enclins à s'inquiéter de la situation de leur porte-monnaie en permanence, parfois jusqu'à en perdre le sommeil, voire à s'en rendre malade…
Imaginez dans ces conditions une banque qui reprendrait les calculs de J.P. Morgan dans une déclinaison non plus statistique mais élémentaire : chaque client disposerait dans son tableau de bord (dans son application mobile) d'un aperçu de sa capacité à supporter un choc de 400 dollars (ou autre valeur à déterminer) en lui indiquant les différents outils à mettre en œuvre pour y parvenir… Voilà un premier pas qui rendrait un peu de sérénité à tous ceux que l'argent préoccupe. Puis l'étape suivante consisterait logiquement à accompagner l'optimisation de cet « amortisseur » d'incidents…