Presumed Innocent (Saison 1, 8 épisodes) : thriller judiciaire pas si innocent

David E. Kelley n'a peut-être pas perdu la main. Avec cette première saison de Presumed Innocent, il a tout de même su construire une série judiciaire autour d'un meurtre sanglant et violent de façon assez intelligente. Ce qu'il y a de plus intelligent dans cette saison c'est que l'on doute de la culpabilité de Rusty de bout en bout. Enfin, jusqu'à ce que le twist final vienne nous révéler qui est le vrai tueur. On s'attend à ce qu'après avoir été innocenté, Rusty révèle qu'il est responsable de la mort de sa maîtresse mais non, c'est sa fille qui l'a tué. Ce twist fonctionne car il est bien amené, dans une séquence riche en émotions qui permet de reconnecter les trois membres de la famille Sabich. Je pensais réellement que Rusty l'avait tué sans le vouloir mais David E. Kelley nous réservait une toute autre surprise. Le roman de Scott Turow, le film avec Harrison Ford de 1990, je dois avouer que j'avais déjà tout oublié. Mais ce qui est fascinant dans Presumed Innocent c'est la façon dont justement la série mélange son univers judiciaire assez générique à des éléments de thriller qui prennent assez bien le téléspectateur aux tripes.

Il y a suffisamment de suspense tout au long de cette saison pour donner l'envie frénétique de revenir chaque semaine. C'est un exercice qui n'est pas simple mais qui dans Presumed Innocent fonctionne alors que la sauce prend au fil des épisodes. J'avais trouvé les deux premiers épisodes un brin décevant, se reposant un peu trop sur Jake Gyllenhaal. Par chance, la série donne plus de place aux autres au fil des épisodes et permet alors d'étoffer son récit et ses personnages secondaires. L'histoire fonctionne aussi car elle évolue constamment. Pas toujours de façon très rapide mais constamment. Le casting est très réussi, ce qui permet de forcément donner là aussi un peu plus de prestige à certains moments plus fades. Je pense à Bill Camp, excellent dans le rôle du DA Raymond Horgan. Mais d'autre tête qui fonctionne dans cette série c'est Peter Sarsgaard incarnant le rôle de Tommy Molto.

L'acteur est parfait dans le rôle. Il est clairement habité par le personnage et l'ensemble tient assez bien ses promesses de ce point de vue là. Le reste du casting est réussi (et je pense notamment à toute la famille Sabich). L'expérience est assez bonne aussi car le meurtre en lui-même est effrayant. C'est violent, brutal, dans son plus simple appareil. Tout commence avec un tisonnier et fini par un twist bien trouvé. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre après les deux premiers épisodes, surtout que l'aspect juridique de Presumed Innocent est certes très travaillé par tout ce que E. Kelley connaît du système judiciaire américain mais manque de surprise et de saveur. Tout se repose alors sur le casting et la prestation qu'ils donnent de ce qu'il a pu écrire pour eux. J'avais parfois l'impression de retrouver La Défense Lincoln, la série judiciaire qu'il a créé pour Netflix. Ce n'est pas une critique car j'aime bien cette série mais j'attendais E. Kelley sur quelque chose de plus mordant, de plus surprenant.

Presumed Innocent se laisse donc porter au fil des épisodes vers quelque chose de bien plus intéressant. Si au début c'est médiocre, c'est donc au fil des épisodes que la série prend son sens et son intérêt. Je ne suis pas sûr que Presumed Innocent aurait d'ailleurs été aussi palpitante si j'avais binge watché la saison en entier. La diffusion épisode par épisode permet de réellement être dans l'attente de l'épisode suivant. Surtout qu'il y a assez de rebondissements tout au long de l'aventure pour que l'on reste chaque semaine dans l'attente d'un nouvel épisode. Curieux de voir ce que la saison 2 va bien pouvoir donner car celle-ci, sans briller au début, a su réellement accrocher au fil des épisodes son téléspectateur.

Note : 7/10. En bref, c'est au fil des épisodes que Presumed Innocent grandie et devient enfin une série judiciaire qui vaut le détour.

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Apple a renouvelé Presumed Innocent pour une saison 2