Lorsque nous sommes arrivés sur Riaillé, Axel était encore jeune, Agnès travaillait à Carquefou et moi à Châteaubriant. Notre amplitude d'absence de la maison et les horaires de fin d'école d'Axel faisaient que nous ne pouvions pas être présents le soir à son arrivée. Et à l'époque, l'accueil périscolaire n'existait pas encore.
Alors, nous avons pris une personne pour l'accueillir. En même temps qu'elle "surveillerait" Axel, elle ferait un peu du ménage que "nous-aimons-tant-faire". Et logiquement, nous sommes passés par l'ADMR [1] :
ADMR, l'association du service à domicile, un réseau national proche de chez vous qui propose une large gamme de services : ménage, repassage, garde d'enfants, petit bricolage, petit jardinage, repas à domicile, accompagnement transport, téléassistance, accueil de jour.
L'ADMR est une fédération nationale avec le double objectif [2] : aider les uns dans les tâches quotidiennes, créer des emplois de proximité pour retenir les autres. Elle fédère nationalement des associations départementales, qui elles mêmes fédèrent des associations locales. Ces associations locales sont les employeurs des salariés intervenant chez l'habitant. Ce sont donc de vraies associations mêlant rôle social et rôle de développement économique. Nous sommes bien dans l'économie sociale au sens strict du terme : développer une activité économique à but social, avec éthique et pratique.
Maintenant, Axel se garde bien tout seul et ma période de chômage et de travail à domicile m'ont permis d'accueillir les gamins le soir après l'école. Et puis, quelques bénévoles ont courageusement monté un accueil périscolaire, maintenant repris par le SIVOM du canton de Riaillé. Pigeon Vole est une magnifique oeuvre qui nous a bien aidé pendant plusieurs années. Et qui va bien nous aider encore, maintenant que je travaille sur Nantes.
Revenons à l'ADMR... Nous avons continué à utiliser les services de l'association pour des heures régulières de ménage. Nous sommes ce qu'on appelle des "particuliers employeurs" :
C'est un particulier qui emploie à son domicile une ou plusieurs personnes pour :
Accompagner les familles et garder les enfants au domicile, Assister les personnes âgées et/ou dépendantes qui veulent vivre à la maison, Être auprès de toutes les personnes qui ont besoin d'aide dans leur vie quotidienne, Faciliter la vie ménagère. Plus de 3,1 millions de particuliers employeurs emploient aujourd'hui 1,45 million de salariés, ce qui représente un flux financier annuel de 7 milliards d'euros distribués en salaires. Extraits du site de la Fédération des Particuliers Employeurs.
Nous sommes des employeurs d'un salarié, mais l'ADMR nous accompagne dans la démarche administrative, elle est mandataire [3]. Et à ce titre, nous sommes donc adhérents de l'ADMR de Riaillé. Et toujours à ce titre, nous sommes convoqués à l'assemblée générale de l'association. Cette année, comme les précédentes, le rdv n'était pas possible pour nous. Un mercredi après midi, c'est dur ! Mais quelques semaines après, nous recevons une deuxième lettre informant d'une réunion un soir "suite à l'assemblée générale". Il ne faut pas être devin pour comprendre et lire entre les lignes que l'association a un soucis et que la réunion proposée est une alarme forte !
Je décide d'y aller, avec l'intention de m'engager si besoin et si environnement favorable.
La réunion s'est tenue à la Mairie en présence de la directrice adjointe départementale de l'ADMR, la responsable de secteur, quelques adhérents et l'adjointe aux affaires sociales et le Maire de Riaillé. Moi, si souvent acide avec l'actuelle municipalité, je dois sincèrement tirer un coup de chapeau pour leur mobilisation sur ce coup là. Même si on comprend l'intérêt d'une commune d'avoir une association de services à domicile stable pour les plus fragiles d'entre nous, il faut tirer le chapeau.
Pendant une heure et demi, j'ai écouté les propos de chacun. La directrice adjointe a "simplement" expliqué que l'association tenait sur 2 bénévoles et qu'ils ont décidé de "raccrocher les gants" [4]. L'association se retrouvait sans bénévole, ce qui est impossible puisqu'elle est employeur. Branle bas de combat ! 2 personnes se sont avancées pour mettre la main à la patte sur le suivi des dossiers et les visites aux personnes en demande. Je me suis décidé à proposer mon temps à la fin, en précisant que je proposait mon temps pour le suivi des salariés [5] mais aussi et surtout pour devenir administrateur local, car une association peut fonctionner avec des bénévoles, mais pas sans responsables. Donc à un moment, il faut prendre ses responsabilités.
Et donc, depuis, j'apprends. La responsable de secteur m'accompagne dans cette activité que je connaissais de très loin, même si professionnellement, je m'y intéressais depuis quelques temps puisque c'est un axe de développement de Ressources Solidaires via son futur site d'emploi pour les services à la personne.
Mon objectif est double :
L'expérience est stimulante. J'attends avec impatience la prochaine réunion du 18 septembre qui permettra le matin, de rencontrer les autres ADMR du Pays d'Ancenis, et l'après midi de revoir les salariés (Que j'ai vu, sans dire mot, le lendemain de la réunion d'alarme). Je suis sûr qu'on fera de nouveau un super boulot parce que les salariés sont compétentes et très attentionnées. L'équipe bénévole devra accompagnée cette "envie de faire bien" tout en maintenant le cadre légal du droit du travail et l'application des prestations... En gardant l'équilibre économique !
Brrr... ;-)
Au delà de cette anecdote concernant mon nouvel engagement bénévole, un constat sévère est à en tirer : malgré notre bonne connaissance du milieu associatif, et de l'économie sociale en général, nous (Agnès et moi) n'avons pas ressenti le besoin de nous demander "l'ADMR de Riaillé a t elle besoin de nous ?" [7]. Même si l'idée m'avait traversé l'esprit il y a 3 ou 4 ans, nous n'avions pas franchi le pas. Bien entendu, à aucun moment, l'ADMR n'avait lancé d'alerte permettant de nous attirer l'oreille non plus. Le constat est donc dramatiquement sévère : nous avons utilisé l'ADMR de Riaillé comme des "consommateurs de services" et non comme des adhérents d'une association prestataire de services. C'est un axe également qu'il faudra travailler, je pense, dans la prochaine équipe, et qui découle de mon deuxième objectif personnel : faire que le bénéficiaire sache à qui il a à a faire, soit une association proche et reposant sur des bénévoles, employeur de personnel compétent.
Vaste débat qui traverse l'ensemble des associations prestataires de services...
[1] Je connaissais à l'époque le Président, Jean Paul Biguet, qui était également délégué des Mutuelles de Loire Atlantique, mon employeur de l'époque
[2] Mis en place dès sa création après la guerre
[3] L'entreprise est chargée de recruter un travailleur pour le compte du particulier qui a, ici, la qualité d'employeur.
[4] Ils tenaient leurs gants depuis plusieurs décades !
[5] Je dois être celui qui a le plus d'expérience sur un suivi de salariés associatifs.
[6] Employeur légal, rappelons le !
[7] Merci de ne pas se focaliser sur la formulation maladroite et enfantine !
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