Il n’a fallu que d’un événement certes très triste et regrettable pour que le spectre de la question de la police de proximité revienne. En écoutant les Richard Martineau, Paul Arcand et autre Claude Poirier de ce monde, il est difficile de comprendre l’acharnement envers un concept pourtant fort simple. Contrairement à la tendance générale et à la croyance populaire, le rôle d’une telle police n’est pas seulement de jouer au carte avec les truands et d’être plus gentille et moins détentrice du “monopole de la force” comme dans tout état démocratique.
Il faut séparer deux choses. Il y a l’action de la police sur les renégats, malfrats, truands et autres petits malins du quartier. Mais il y a aussi l’autre geste. Et c’est ici qu’il faut comprendre la portée et la dimension sociale du geste. On ne née pas truand. On le devient et les causes sont multiples. Si le fait d’avoir une police de proximité peut éviter à des jeunes qui se posent des questions de finir dans le côté obscur de la force, pourquoi pas ? Si le policier qui joue au carte ou au basket se retrouve un jour dans une opération quelconque avec un jeune devenu malfrat et que le seul fait qu’il se connaisse permette d’éviter un bain de sang, pourquoi pas ? Bref, si cette police dans un rôle un peu plus sociale, contribue à la diminution des esprits obscurs, de la criminalité et à la baisse de la violence, pourquoi pas ?
Bien sur, ce rôle social ne va pas sans le rôle traditionnel et régulier de toute police, celui de protéger la société et dans certains cas d’être seule à user du monopole de la violence.
C’est bizarre parce que le Québec vit finalement un peu à moindre échelle l’expérience française. Lorsqu’il y a quelques années sous la pression de quelques caciques et leaders nationaux, Nicolas Sarkozy alors ministre de l’intérieur enterra définitivement la police de proximité installée quelques années avant par le premier ministre socialiste Lionel Jospin, qui aurait imaginer que moins de 3 ans après, le gouvernement du même Nicolas Sarkozy reviendrait sur cette décision ?
Des sénateurs prônent le retour de la police de proximité
“Dans le débat sur l’insécurité et les violences urbaines, les sénateurs apportent une contribution qui risque de faire froncer les sourcils du ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy. Une « mission commune d’information », présidée par Alex Türk (non inscrit, Nord), et composée de 28 membres de la Haute Assemblée, issus de toute obédience, propose de « réactiver une véritable police de proximité », dans un rapport rendu public, lundi 6 novembre. Mise en oeuvre sous le gouvernement de Lionel Jospin, cette méthode d’intervention des forces de l’ordre avait été vidée de sa substance à partir de 2002 au profit de l’action judiciaire (travail d’investigation, interpellations…).”
http://www.youtube.com/watch?v=8blqK2gZH9w
Extrait du discours de Lionel Jospin sur la police de proximité en 2000
“…
Réussir la police de proximité, c’est d’abord entretenir avec la population une relation de confiance.
La confiance se construit au quotidien. Un accueil de qualité des habitants du quartier -en particulier des victimes- et une information systématique sur les suites réservées aux plaintes contribuent à tisser des liens plus étroits avec la population.
Celle-ci sera d’autant plus en confiance qu’elle se reconnaîtra dans sa police.C’est pourquoi nous voulons une police à l’image de la population. Le profond renouvellement qui se dessine -lié à de nombreux départs en retraite permettra, dans les prochaines années, un grand nombre de nouveaux recrutements dans la police nationale. Ce doit être là l’occasion d’une plus large ouverture sur toutes les composantes de notre société. Je sais que cette question est, pour le ministre de l’Intérieur, une forte préoccupation personnelle. Il a déjà veillé à cette ouverture, en organisant des préparations aux concours de la police nationale, Celle-ci s’est aussi manifestée s’agissant du recrutement des adjoints de sécurité.
Cette ouverture sera également un moyen d’améliorer les relations entre les jeunes et la police.
La confiance doit en effet mieux s’établir avec les jeunes. Certains d’entre eux en ont exprimé fortement le besoin, lors des Assises de la citoyenneté qui se sont tenues le 18 mars à l’Arche de la Défense. La confiance naît d’un respect mutuel. A l’École, l’éducation à la citoyenneté et à la morale civique y contribuera. La formation des policiers doit par ailleurs leur permettre de mieux comprendre des jeunes très différents parfois de ceux qu’ils ont été ou qu’ils Ont connus. Le rapport plus personnel de la police à la population, qui est propre à la police de proximité, est de nature à faciliter une profonde transformation des comportements.
La confiance s’appuie aussi sur le respect de la déontologie. Elle sera d’autant mieux assurée que chacun sera sûr de voir ses droits respectés lors de chaque contact avec la police, Tout manquement doit faire l’objet d’une enquête et, s’il est avéré, d’une sanction. La Commission nationale de déontologie de la sécurité permettra de mieux répondre à cette préoccupation. La déontologie ne doit pas être interprétée par les policiers comme une contrainte. En précisant les valeurs et les références communes de votre profession, en concordance avec celles de la Nation tout entière, la déontologie est pour les policiers un guide dans leur action quotidienne. Son respect est la garantie qu’ils exercent leur difficile métier en plein accord avec les principes fondateurs de la République,
…”
De là, à tomber dans cette police non…
http://www.youtube.com/watch?v=A0b-McYW7Ls