Jeunesse de sortie

La photographie naturaliste est un hobby passionnant. Aller à la rencontre de la faune sauvage est une belle école de patience et de sérénité qui offre parfois l’occasion de réaliser une belle image.

Observer et photographier les habitants de la nature demande une approche méthodique qui prend du temps. Après avoir repéré les lieux, il est bienvenu de s’installer avant la sortie de la faune et de repartir une fois que tous les animaux se sont éloignés. Durant les longues journées estivales, cela implique d’arriver au plus tard en fin d’après-midi et de repartir une fois la nuit tombée.

La réussite d’une sortie photographique dépend aussi de nombreux paramètres non-maitrisables: la météo ou le sens du vent qui peut changer au dernier moment, l’arrivée impromptue d’un chien ou d’un congénère, à pied, en vélo, à cheval ou encore en quad en plein milieu de la place d’affût. Les contraintes professionnelles et les joies de vie de famille influent également beaucoup sur les possibilités de s’échapper et de se rendre sereinement au cœur de la nature.

Depuis quelques années, les occasions de sortir et d’effectuer un suivi méthodique de quelques espèces sont devenues rares. Avec moins de temps pour partir en repérage, les affûts deviennent plus aléatoires, et les chance de rencontres diminuent. Les occasions de partager des moments d’amitié, chers et précieux, sur le terrain se sont également progressivement diluées jusqu’à des concentrations homéopathiques, à regrets.

Ce beau soir de juillet, je décide de revenir à un plaisir simple et tente d’aller affûter un pâturage à quelques pas de la maison. Les vacances scolaires sont une belle occasion d’emmener ma fille en sortie. Nous nous camouflons et nous installons aussi discrètement qu’un rhume, une toux carabinée et le plaisir de discuter un peu le permet. A la tombée de la nuit, notre patience est récompensée avec l’arrivée d’une jeune renarde sur la place. Elle s’est approché à quelques mètres, pour notre plus grand plaisir. Sur le chemin du retour, nous croisons encore une chevrette accompagnée de deux jeunes faons, et observons le vol stationnaire du faucon crécerelle.

A la maison, nous admirons les quelques images réalisées durant la soirée, heureux d’avoir partagé ce moment. Ce soir, la jeunesse qui grandit et prend de l’assurance se trouvait des deux côtés de l’objectif.

Canton de Neuchâtel, juillet 2024

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