Anna Boulic - au Chaland Qui Passe - Binic, le 27 juillet 2024
michel
Seconde journée du off du BFBF au Chaland qui Passe, Anna Boulic erst attendue à 18h.
Arrivés tôt on a la chance d'assister à une bonne partie du concert de Kino Motel depuis la plage de la Banche.
Le groupe de Melbourne, mené par Ed Fraser ( Cash Savage) et Rosa Mercedes, nous a laissé une excellente impression, leur gothic dream pop/shoegaze, porté par les voix opposées ( aérienne pour la fille, grave pour le monsieur) du duo, laisse énormément de place aux atmosphères moody avec quelques percées psychédéliques.
Même de loin leur set nous a donné envie de prêter une oreille à leur album 'Visions'.
Pour arriver au Chaland il suffit de traverser la passerelle piétonne qui enjambe l'Ic, sur place, faut dénicher une table, se prendre une Tuborg au bar et attendre le bon vouloir d' Anna Boulic qui, malgré la finale de son patronyme, ne vient pas du coin, elle a vu le jour du côté de Melbourne.
Sa carte de visite: Anna Boulic is a singer, harpist, actor, vocal coach for theater and writer.
For years she taught at Victoria's top conservatoires for voice - The Victorian College of the Arts (VCA) and the National Theatre School.
En 2015, elle fait ses valises et pose ses petits pieds ( 41 fillette) en France, sa page facebook mentionne Limoges comme lieu de résidence, elle nous a confié avoir un toit près de Concarneau.
18h, une grande rouquine, vêtue d'une longue robe verte, échancrée jusqu'au haut des cuisses ( carré blanc) , s'installe près de l'entrée du bar, face à elle une immense harpe Camac ( 44 cordes), et un jeu de pédales.
On nous l'avait annoncée chanteuse de blues, on s'attendait à la voir s'accompagner à la guitare, au piano, au ukulele ou à l'harmonica, mais pas à l'instrument des anges, censé apporter douceur et apaisement.
Anna n'est pas un ange, son jeu, sa présence physique et sa voix, loin d'anesthésier nos consciences , vont ignifier nos sens.
On ignore s'il existe des enregistrements de son époque Down Under, mais en 2021 elle a gravé l'album " Gin Pidgin: l'Episode de l'Homme Ordinaire et Autres Contes Abracadabrantesques".
Dès le premier titre ' Mama's bored' , Binic a entrevu que ce concert ne va pas s'apparenter à un show prévisible, la voix puissante, ardente, déployée à pleine gorge ( on n'a pas dit profonde, pas de porno ce soir), le jeu de harpe énergique et ses mimiques d'allumeuse, la classe dans le compartiment chanteuse de cabaret, pas du style Broadway à la Liza Minnelli , mais plutôt en mode burlesque comme la regrettée Candye Kane.
Hi, Binic, bienvenue dans mon univers dirty blues, voici 'I want a little sugar in my bowl' qu'elle attribue à Nina Simone mais qui était déjà au répertoire de Bessie Smith.
Tu parles d'un morceau sucré, salé oui, sacchariné, non!
Elle enchaîne sur un titre en français, difficile à déchiffrer, 'Poupée' (tes lèvres de sang) , un blues au féminin dépeignant certains travers masculins, qu'elle accompagne en frappant du pied sur une stomp box, invisible pour nous.
Any Australians in the house?
Un quidam lève le bras.
La suivante est pour toi, un country blues pour kangourous.
Et la cousine de Bonnie Raitt de prévenir... I'm keeping my eyes on you...., t'as pas intérêt à déconner.
Anna peut se montrer punchy grâce à une voix à tomber par terre, elle est également capable d'émouvoir comme dans la ballade qui suit ( dont on n'a pas retrouvé le titre mais qui dit...I've been waiting for the wind to change...).
Elle bricole quelques accords, les met en boucle et après avoir prévenu de nous méfier des creeping crawlies qui prolifèrent en Australie, nous invite à la suivre...come home with me... come and see my place... mais comme madame était assise face à toi, tu as décliné l'invitation de la suivre... under the sheets.
Après ce morceau légèrement libidineux , elle accroche une crécelle à la cheville pour entamer, d'un timbre, tantôt voilé, tantôt pénétrant, le blues alcoolisé ' The Gin Song', une plage à rendre Tom Waits jaloux.
'Little girls down' , la vie dans le bush à des milliers de kilomètres des villes n'est pas simple pour les petites filles.
Ce gospel poignant, qu'elle accompagne de vocalises dramatiques et d'un sifflement cadavérique, a failli t'arracher quelques larmes.
Toujours dans la veine gospel, elle enchaîne sur un titre écrit pour ceux qui aiment le chocolat, une nouvelle fois le fantôme de Tom Waits plane au dessus des bateaux de plaisance amarrés au port.
Let's play a smooth blues, now, un blues sentant le malt, 'Whiskey' .
Après le gin, le whiskey, va-telle passer au Calvados avant la fin du chapelet?
Il manquait quelques effluves vaudou, pour contenter Dr John, voici 'The Gypsy Queen' qui n'est pas une reprise de Van Morrison, mais un titre dans lequel elle insère quelques bribes de 'Sweet Dreams'.
Le français est une langue compliquée, Anna t'explique tout ça, en souriant, dans ' Conjugaison blues'. Etre trompé n'est pas avoir trompé, et être trempé, n'est pas avoir trempé!
Pauvre Bescherel, conclut-elle!
Binic, it's time for a last tune, 'The Circus' traite des femmes invisibles ou invincibles (excuse my French) dotées d'un super power .
Que venait faire Good Golly Miss Molly dans ce cirque?
Comme Binic ne tenait pas la laisser à son penchant pour le vin rouge, il exige un bis, ce sera ' That song' ( dreams of a piano bar) , un club où le pianiste maison, après lui avoir offert un gin, lui interprète la chanson composée pour son Jules, un habitué des lieux.
Le gars au piano ne lui a pas tendu un mouchoir quand elle a versé quelques larmes.
Thank you, Miss Boulic, it was a great gig, see you soon!