Le tutoiement révolutionnaire : un retour vers l’égalité ?

Imaginez-vous dans la France d'aujourd'hui, où le tutoiement deviendrait la norme, comme un écho lointain des idéaux de la Révolution française. Cette idée, à première vue anodine, pourrait en réalité bouleverser profondément nos interactions sociales et notre perception de la hiérarchie. Mais avant de plonger dans cette réflexion, revenons un instant sur les origines de cette pratique.

Mais je n'aborde pas ici les dérives du tutoiement comme cette pseudo-amitié que l'on impose dans les start-ups, entreprises du numérique ou la fausse égalité que l'on retrouve dans certaines organisations de gauche. Le tutoiement, c'est avant tout une révolution des codes, une révolution épistémologique. Le tutoiement accompagne le changement, mais ne change pas le monde.

Après cette précision, en avant pour redécouvrir les avantages du tutoiement !

Le tutoiement lors de la Révolution française

En 1789, la Révolution française a cherché à transformer radicalement la société, non seulement dans ses structures politiques, mais aussi dans ses codes sociaux les plus ancrés. Le tutoiement universel était l'une de ces innovations audacieuses, visant à concrétiser l'idéal d'égalité dans le langage quotidien. Cette réforme linguistique allait de pair avec une révolution vestimentaire : exit les culottes et les bas, symboles de l'aristocratie, place au pantalon et à la carmagnole, les habits du peuple travailleur !
Ce changement radical dans la façon de s'adresser à autrui n'était pas qu'une simple modification grammaticale. Il portait en lui toute une philosophie : celle d'une société où chacun partage les tâches et les responsabilités, où les distinctions sociales s'effacent au profit d'une grande famille républicaine. C'était l'expression langagière d'un idéal de fraternité et d'égalité.

Si on passait au tutoiement ?

Aujourd'hui, que se passerait-il si nous décidions de ressusciter cet esprit de 1789 à travers le tutoiement généralisé ? Imaginons un instant ce scénario...
Vous entrez dans le bureau de votre patron : "Salut, tu as une minute pour discuter du projet ?" Vous consultez votre médecin : "Dis-moi, tu penses que c'est grave ?" Lors d'un contrôle routier : "Bonsoir, tu peux me dire pourquoi tu m'as arrêté ?" Et pourquoi pas, lors d'une allocution présidentielle : "Mes chers concitoyens, je m'adresse à vous ce soir pour te dire..."
Ce changement pourrait sembler déstabilisant au début, mais n'apporterait-il pas une certaine fraîcheur dans nos relations ? Le tutoiement, contrairement au vouvoiement, n'implique pas de soumission implicite. Il pose comme postulat que nous sommes tous égaux, chacun avec notre rôle à jouer dans la société, sans hiérarchie préétablie.
Prenons l'exemple du contrôle routier. Tutoyer le policier, ce n'est pas lui manquer de respect. C'est simplement reconnaître qu'il fait son travail, comme nous faisons le nôtre. Cela pourrait même faciliter l'interaction, en la rendant plus humaine, moins formelle. "Tu peux me montrer tes papiers, s'il te plaît ?" sonne moins comme un ordre et plus comme une demande entre citoyens.
Dans le monde du travail, le tutoiement généralisé pourrait contribuer à aplanir les hiérarchies rigides. Un employé qui tutoie son patron pourrait se sentir plus à l'aise pour exprimer ses idées ou ses préoccupations. Cela ne signifie pas pour autant une perte de respect ou d'autorité. Au contraire, cela pourrait favoriser une collaboration plus ouverte et plus productive.

Le vouvoiement me protège ?

Certains argumenteront que le vouvoiement permet de maintenir une distance nécessaire, notamment dans certaines professions comme la médecine. Mais n'est-ce pas plutôt notre société de classes qui crée cette distance ? Le tutoiement pourrait, au contraire, créer un lien de confiance plus fort entre le médecin et son patient. "Tu as mal où exactement ?" pourrait sonner plus empathique et moins clinique.
Bien sûr, cette transition ne se ferait pas sans heurts. Nos habitudes langagières sont profondément ancrées, et beaucoup pourraient ressentir ce changement comme une perte de repères. Il faudrait du temps pour s'adapter, pour réapprendre à communiquer sans les barrières du vouvoiement.
De plus, il ne faut pas être naïf : le simple fait de se tutoyer ne résoudrait pas magiquement toutes les inégalités de notre société. Les différences de statut social, de richesse, d'éducation ne s'effaceraient pas du jour au lendemain. Cependant, ce changement linguistique pourrait être un premier pas vers une prise de conscience collective de notre égalité fondamentale en tant que citoyens.
En fin de compte, le retour du tutoiement révolutionnaire serait plus qu'un simple changement grammatical. Ce serait un choix de société, une affirmation de nos valeurs d'égalité et de fraternité. Ce serait dire : "Nous sommes tous dans le même bateau, travaillons ensemble pour le bien-être de tous."

Alors, prêt à franchir le pas ? La prochaine fois que vous croiserez votre maire, votre professeur ou votre banquier, oserez-vous un "Salut, comment tu vas ?" Qui sait, cela pourrait être le début d'une nouvelle révolution sociale, pacifique et linguistique !

Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News