La conversion du Hamas du Cheikh Yassine, Challah et Hanya en Hamas de Sénouar et de Dhif, reste un sujet tabou, parmi les acteurs actuels de la résistance palestiniennes après le 6 octobre 2023. L’impératif de préserver l’unité des représentants du peuple palestiniens, toutes tendances confondues, explique la position « conciliatrice » et sage d’un Mustapha Barghouthi qui oublie le coup d’Etat mené par Ismaïl Hanya, Premier ministre du gouvernement éphémère, sous la présidence de Mahmoud Abbas et dont Mustapha Barghouthi lui même était le ministre de l’Information. Coup d’Etat et guerre civile contre le Fatah et donc scission de fait de la bande de Gaza,ouvrant la voie à l’annexion rampante de la Cisjordanie et l’étouffement dans l’oeuf de l’embryon de l’Etat de Palestine dont Abou Mazen serait le représentant attitré, après l’assassinat, à Ramallah de Arafat. La question qui demeure également tabou c’est le rapport de collaboration entre Natanyahou et le Gouvernement de Gaza, avant « l’autonomisation » de la branche armée du Hamas, vis à vis de sa direction politique, dont le chef Ismaïl Hanya avait appris le déclenchement du 6 octobre le jour même, dans sa résidence au Qatar. Ce que l’on ne veut ou l’on ne peut révéler au grand jour, c’est que le six octobre 2023 constitue une véritable rupture dans l’histoire du Hamas et de la résistance palestinienne. Rupture que ne veulent pas reconnaitre les soutiens occidentaux de Natanyahou et les régimes arabes qui se sont engagés dans la voie de la normalisation avec Israël. Pour ces derniers, il faut continuer à identifier la résistance armée menée et réussie sous la conduite de Sénouar à l’action « terroriste d’une organisation intégriste islamiste qui prend en otage les pauvres Ghazaoui et s’en sert comme boucliers humains ». Paradoxalement, c’est l’action armée du Hamas, du Jihâd et des factions de gauche de la résistance palestinienne qui vient de libérer la question palestinienne de l’arabisme déréalisant et de l’islamisme réducteur en la faisant accéder au statut de cause universelle de l’ensemble de l’humanité. Tout en révélant l’identité fasciste et coloniale de l’Etat d’Israël, désormais reconnu raciste et d’apartheid.
L’assassinat à Téhéran de Hanya ne sert, en fait que l’interêt de Natanyahou auquel Hanya, n’ayant plus de pouvoir réel à Gaza ne pouvant plus lui servir de complice contradictoire, dans son action de division de la résistance, est devenu le témoin gênant d’une erreur stratégique dont il sera redevable devant ses juges, le jour d’après. Israël aurait pu assassiner Hanya à Doha, mais elle a préféré faire d’une pierre deux coups: se débarrasser d’un témoin gênant , comptabiliser l’assassinat comme preuve de la réalisation des buts de sa guerre contre le Hamas et provoquer l’Iran, en vue d’un espéré élargissement du conflit qui sauvera l’Israël de Natanyahou de sa défaite inéluctable annoncée.