Nahum Gutman est un des grands artistes israéliens, et le seul, avec Rubin, à avoir son propre musée, dans une belle maison du quartier de Neve Tsedek, mais les oeuvres qui y sont actuellement présentées, simples croquis de voyage, ne lui rendent pas vraiment justice. Par contre, parmi les jeunes artistes invités actuellement dans ce musée, j’ai été impressionné par Tal Shoshan.
Dans sa vidéo Phnom Penh, elle montre d’abord, presque maladroitement et sans grande assurance, des images de la ville, des cyclistes, des carrefours, avec pudeur et discrétion, un peu comme des images que chacun de nous pourrait ramener de ses voyages. Et puis soudain, elle parle du génocide. Mais, là, les images n’ont plus assez de poids, ne sont plus assez fortes pour dire la vérité, la mémoire, l’histoire.
Alors l’artiste apparaît elle-même à l’écran, sobre et tendue, en T-shirt rouge. Et elle nous narre l’histoire des Khmers Rouges en langage des signes. C’est certes sous-titré en Hébreu, mais évidemment je n’y comprends rien et suis confronté à cette impossibilité de représentation de l’horreur absolue, du désastre signifiant, comme, plus près d’ici, en face, au Liban avec Walid Raad.
Parfois, on ne peut exprimer l’inexprimable que par des moyens détournés, et je présume qu’une Israélienne d’aujourd’hui le sait fort bien.